Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
Gamberge / CHRONIQUE ÉCO

La réunion du G20 et les oubliés du G172 de la crise mondiale

Crack / vendredi 3 avril 2009 par Philippe Hugon
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Ne mégottons pas. Le G20, cette fois, a servi a quelque chose…sans être le nouveau Bretton Wood. L’analyse de Philippe Hugon, chercheur à l’Iris et professeur émérite à Paris X.

La réunion du G20 du 2 avril à Londres, suite à celle du 15 novembre 2008, a été une avancée même si l’on est loin d’un nouveau Bretton Woods annonçant la fin du modèle financier et la naissance d’un nouvel ordre mondial. Le contexte actuel n’est pas celui de la Conférence de Bretton Woods qui s’était achevée en juillet 1944 alors que la seconde guerre mondiale n’était pas terminée. Les grandes puissances contrôlaient alors l’architecture internationale.

Les enjeux étaient monétaires et de reconstruction et les réunions avaient duré plus de 20 jours entre peu d’acteurs, avec débat entre le plan britannique Keynes et le plan américain White. La réunion de Londres a duré, quant à elle, 6 heures. Elle a concerné 20 Etats représentant 87% du PIB mondial, 2/3 de la population de la planète mais 10% seulement des Etats, même si l’Afrique était représentée à Londres, outre l’Afrique du Sud, par l’Union africaine, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).

Les réunions du G20 sont éloignées d’un nouveau Bretton Woods

Le débat de Londres a porté initialement sur la relance (position américaine) et la régulation du système financier et le contrôle des trous noirs de la finance (position franco-allemande). Trois principales avancées peuvent ainsi être notées :

1/ La transparence et la moralisation du système financier résulte de la liste des paradis fiscaux de la part de l’OCDE et les sanctions envisagées à leur égard, de la supervision et de l’immatriculation des hedge funds (dont 62% sont localisés dans les paradis fiscaux), des règles prudentielles, de l’indépendance des instituts de notation ou des encadrements des pratiques des traders. « Le secret bancaire doit prendre fin » ;

2/ La plus grande stabilisation financière est assurée par le renforcement du FMI dont les réserves sont triplées et portées à 750 milliards $ (émission de Droits de Tirages spéciaux [1], ventes d’or,…) et de la Banque mondiale, et par la transformation du Forum de stabilité en Conseil de stabilité financière intégrant les pays émergents ; 3/ Une relance globale de 5000 milliards $ est prévue d’ici fin 2010 avec possibilité pour les pays d’accroître leur plan si nécessaire. 250 milliards $ sont ainsi prévus pour financer le commerce international. Une nouvelle réunion du G20 devrait se tenir en septembre à New York. Ces avancées et compromis ne sont pas négligeables.

Les réformes préconisées ont porté sur les facteurs immédiats de la crise, notamment la défaillance du système financier. Cette réunion a permis des jeux coopératifs mais n’a pu évidemment régler en profondeur la crise du capitalisme mondial. L’article 5 a mis l’accent sur la nécessité de fonds propres pour les banques mais n’a pas été au-delà, alors que la question de la nationalisation des banques se pose. L’article 16 a abordé la question de la régulation financière mais n’est pas allée au-delà des principes sur la titrisation. Les causes profondes de la crise quant à elles, telles les dérives d’un capitalisme débridé sans règles ni morale, l’impasse d’une économie énergivore, vivant à crédit, la montée des inégalités internationales, l’instabilité des monnaies, ont juste été effleurées. Le G20 ne pouvait régler l’absence de gouvernance financière mondiale, la réforme du système monétaire international conduisant à une monnaie de réserve (proposition demandée par la Chine et la Russie) et d’accords sur les taux de change, ou les sanctions vis-à-vis de tous les paradis fiscaux, trous noirs de la finance (estimés à 10.000 milliards $). Au final, la disjonction demeure entre les régulations demeurant du ressort des grandes puissances et la mondialisation du capitalisme. La dimension environnementale et sociale de la crise n’a pas été abordée sauf dans un article de principe (article 20).

 - JPG - 29.4 ko
(DR)

Les changements des règles de décision au sein des institutions de Bretton Woods (quote-part au FMI, capital à la Banque mondiale, changement du conseil d’administration) sont en attente. On peut seulement parler d’un infléchissement vers le multilatéralisme et les jeux coopératifs. Le FMI sort renforcé du fait de l’augmentation de son financement et de ses réserves et l’abondance des prêts, mais rien n’apparaît pour que les mêmes règles soient appliquées à tous, qu’il dispose, à côté de fonds monétaires régionaux, d’un pouvoir lui permettant de cogérer les crises bancaires et financières systémiques en liaison avec les banques centrales et les gouvernements. La question demeure de savoir si les conditionnalités posées par le FMI vis-à-vis des pays pauvres resteront d’inspiration orthodoxe.

Les pays pauvres oubliés de la crise mondiale

Certaines mesures dégagent, à l’inverse, de nombreuses craintes vis-à-vis des pays pauvres. Ils devraient bénéficier du triplement des fonds du FMI et de son rôle de régulateur. L’article 9 de la réunion du G20 de Londres énonçait l’objectif des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et d’un % de O,7% du PIB consacrée à l’Aide Publique au Développement (APD) permettant de renégocier la dette des Pays pauvres. Or ceci a beau jeu, et il est nécessaire de rappeler que les 20 milliards de $ manquant aux engagements de Gleneagles [2] sont à mettre au regard des 5000 milliards de $ des plans de relance, ou que les programmes du FMI vis-à-vis des pays européens n’ont pas été accompagnés des mêmes conditionnalités que pour les pays pauvres.

Il faut rappeler aussi que la crise mondiale infléchit les trajectoires des pays en développement et accroit la vulnérabilité des populations par le biais de trois principaux canaux de transmission :

(1) Le canal commercial et productif. La baisse des prix et de la demande des produits exportés (sauf or et cacao) se répercute sur les capacités d’investissement et les recettes budgétaires.

(2) Le canal financier. Les transferts des migrants (les premiers touchés dans les pays industriels et émergents), la chute de l’APD sous sa forme dons, la baisse des Investissement Directs à l’Etranger (IDE), la diminution des lignes de crédit des banques vis-à-vis de leurs filiales limitent les capacités de financement et d’accès au crédit pour le service de la dette.

(3) L’instabilité et la baisse des prix surtout pour les produits pétroliers et miniers. La volatilité des recettes primaires se répercute par une volatilité des capacités d’importation et des recettes budgétaires. Les Pays en développement devraient voir leur croissance en 2009 se situer à 3-3,5% contre 5,7% en 2007. Bien entendu, ces facteurs extérieurs ne jouent qu’en relation avec les dynamiques internes (fragilité des Etats, régulation de tensions sociales, sécurité).

Les Pays les Moins Avancés (PMA) ont besoin d’ une affectation des capitaux à des fins contra-cycliques, d’une stabilisation de l’environnement des marchés internationaux de la poursuite du cycle de l’OMC à Doha prenant en considération les handicaps structurels des pays pauvres, d’une voix au chapitre dans une nouvelle architecture internationale, de la régulation d’un monde sans loi par contrôle des circuits d’économie criminelle et levée du secret bancaire face aux fuites de capitaux, d’un rôle accru d’une gouvernance régionale (au niveau commercial, monétaire et financier). La question des biens publics mondiaux avec recours à de nouveaux financements, notamment par la taxation Tobin [3] sur les mouvements de capitaux, à commencer par ceux venant des paradis fiscaux, ou sur les émissions de gaz à effet de serre, se pose avec acuité. Elle a été largement absente de la réunion de Londres.

Trois piliers seraient nécessaires pour fonder un nouveau Bretton Woods en phase avec la mondialisation du capitalisme : l’avancée de l’OMC pour réguler le commerce, une gouvernance monétaire et financière et une organisation mondiale du développement soutenable, permettant la mise en place d’un modèle prenant en compte l’efficience économique, l’équité sociale et la soutenabilité écologique.

A lire ou relire sur Bakchich.info

La petite sauterie des grands de ce monde autour de la crise économique, ou G20, n’a accouché de rien ce week-end à Washington. On se rappelle et on en reparle ?
Prédation économique, pillage de ressources naturelles, communautés locales modernisées contre leur gré… Le Maroc n’échappe pas aux aléas de cette mondialisation qui use du développement durable comme d’un (…)
Le G20 a juré la perte du secret bancaire européen. Mais, multinationales, Milieu ou agents de foot ont depuis longtemps anticipé…et fait prendre un bain caribéen à leurs comptes.

Et beaucoup, beaucoup, beaucoup d’autres analyses sur le site de l’Iris, ou sur affaires stratégiques.

 - JPG - 29.4 ko
(DR)
 - JPG - 4.4 ko

[1] Les Droits de tirage spéciaux (DTS, SDR en anglais pour Special Drawing Rights) sont un instrument monétaire international, créé par le FMI en 1969 pour compléter les réserves officielles existantes des pays membres.

[2] Sommet du G8 de Gleneagles qui s’est déroulé du 6 au 8 juillet 2005. Ont été abordées lors de ce sommet des questions de politique étrangère (la situation au Proche Orient, en Irak et au Soudan), de lutte contre le terrorisme, d’environnement (changement climatique, énergie propre et développement durable) et d’économie mondiale (volonté de baisser les subventions aux exportations agricoles pour ne pas défavoriser les pays émergents, assurer une transparence pour le marché du pétrole).

[3] La Taxe Tobin fut proposée en 1972 par le prix Nobel d’économie James Tobin. Elle consiste en une taxation des transactions monétaires internationales afin de ne pas inciter à la spéculation.


AFFICHER LES
4 MESSAGES

Forum

  • La réunion du G20 et les oubliés du G172 de la crise mondiale
    le samedi 4 avril 2009 à 20:05, Vajra a dit :
    On ne peut que saluer cette analyse si seulement elle reflétait la réalité, mais elle est totalement immergée dans la virtualité qui nous entoure, ce refus de reconnaître l’Humanité en ses Identités. Car enfin pour qui nous prends t’on, des ignares, des imbéciles ? La moralisation du capitalisme par la lutte contre les paradis fiscaux ? Est ce que cela changera quelque chose, à partir du moment où les flux de capitaux ont déjà changé de lieux ! Et à partir du moment où chaque pays intéressé dans ce G20 dispose de ces dits paradis fiscaux ! Le renforcement du FMI, bravo ! Pour mieux asservir les 172 dont vous parlez si justement de manière à ce qu’il fasse génuflexion devant ce "nouvel ordre mondial" si bien énoncé par le représentant britannique au service de sa couronne ! Et pour terminer attendre qu’une instance supranationale décide de combler le vide officiant, trop c’est trop. La mondialisation est un échec, dixit, conclusions du forum de Davos, il serait peut être temps d’en prendre conscience, alors surajouter des institutions pour la plupart inutiles où totalement inféodées à une idéologie marxisante inversée, il serait peut être temps de cesser ! Arrêtez, Messieurs les analystes de vous conforter dans le virtuel et regardez la réalité qui est autrement plus importante que ce verbe que vous manipulez à outrance pour faire passer aux yeux de ceux qui vous lisent des déserts pour des forets luxuriantes. La réalité est toute autre, elle n’a pas le confort du bling bling, de la poudre aux yeux, elle s’appelle chômage, elle s’appelle récession, elle s’appelle précarité, elle s’appelle paupérisme ! Le rêve d’un monde uni autour de cette réalité, non merci ! Nous n’avons strictement pas évolué avec ce G20, puisqu’aucune des valeurs de ce mondialisme sous tendant l’esclavagisme n’ont évoluées, bien au contraire elles ont été renforcées, par une non réglementation qui frise l’impertinence devant les milliards d’êtres Humains que nous sommes et qui se demandent vraiment à quoi servent ces analyses dithyrambiques qui encensent la gangrène et ne lèvent en aucun cas le voile qui recouvre pudiquement ( hypocritement) le réel. Mais il est vrai qu’emporté par la tempête, à l’image de ces instituts qui découvraient des valeurs économiques à des sociétés qui n’en avaient plus, on peut penser que certains organismes d’analyse fassent de même, l’aveuglement général les portant vers ces frontières du vide où l’économie se trouve actuellement… Le mondialisme triomphant, cela n’existe plus, on a touché les rives de sa difformité et de ses abstractions et le gouffre qui nous attend passera inévitablement non par un G20 mais par un G20 plus ce G172 qui, à moins d’être totalement inhumain, est parti de l’Humanité, et non un vivier d’esclaves pour les précédents.
    • La réunion du G20 et les oubliés du G172 de la crise mondiale
      le dimanche 12 avril 2009 à 22:41
      http://www.futurquantique.org/leconomie/647-ique-se-vayan-todos-voila-ce-qui-dit-le-mecontentement-mondial
  • G20… Otan… Immangeable… indigeste… Obama !
    le samedi 4 avril 2009 à 09:09, PauLo a dit :

    IMMANGEABLE OBAMA… INDIGESTE…

    Obama est vraiment un produit (industriel) « de synthèse »… ‘conçu et produit’ par les grands lobbies de la nomenklatura étatsuniène… ‘promu’ par le tamtam médiatique des grandes chaînes américaines… ‘acheté’… dévalisé… comme un « produit-miracle »… par le consommateur américain conditionné par les bonimenteurs de toutes obédiences…

    Obama réalise la ‘synthèse’ des républicains et des démocrates… Un républicain ici, un démocrate là… Sucré-salé garanti… avec une bonne pincée de « conservateurs » bien ‘chimiques’ : ces « religieux » de ses amis…

    Immangeable… indigeste… un peu comme ici « le socialogaullisme » que nous endurons depuis 50 ans !

    Toutefois il a pris une seule décision vraiment courageuse : Obama a baissé le traitement de ses fonctionnaires...

    Ses supporteurs d’ici taisent cette décision salutaire… Veulent pas de ça chez nous… Le socialogaullisme, ici… c’est le… Royaume des Fonctionnaires !

  • La réunion du G20 et les oubliés du G172 de la crise mondiale
    le vendredi 3 avril 2009 à 18:02, zenbreko a dit :
    On conforte la theorie trotskiste,les bourgoisies et les classes dominantes se sont ententues pour ne pas se faire la guerre financiere.le G20 a ausi consolider les interets compradores des dirigeants politiques et financiers de ces pays.les pseudos experts et specialistes voient des avancées ??? Oui il y a prise de conscience de classe des politiques et des classes dirigeantes dans chaq’un de ces pays.La preuve, c’est que l’on ne s’attaque pas au systeme et aux causes de la crise,la mascarade,c’est fait pour tromper le peuple,qui lui ausi a pris conscience de la situation desastreuse et dramatique dans laquelle il est embourbé,mais ausi connait les responsables qui ne sont d’ailleurs que ceux là meme qui discutent actuellement du sort de l’humanité,qui veulent ausi que les sacrifices soient supportés par le peuple.On a la preuve,les augmentations des prix de produits et des services de large consommation indispensable ne penalise que le couches moyennes et pauvres de la société et ne touche les classes qui dirigent et qui possedent tous les pouvoir.Alors,laissez moi rire des analystes ""chercheurs""des pseudos institutions scientifiques qui carressent dans le sens du poil.Une simple remarque et en meme temp une question ;pourquoi a t on renfloué le FMI avec 1 200 milliards de dollars ?? Par le passé c’est en partie la dette et le pillage des matieres premieres qui a permis des accumulations a l’occident lui permettant developper et maintenir son equilibre financier.Apres le coup fourée en argentine,l’annulation de la dette de ce pays et de celle du bresil,et apres que les criminels US aient passés l’eponge sur la dette de plusieurs pays qui les ont soutenues pour les destabilisations et les guerres,et meme apres que d’autres pays se soient acquiter de leur dettes, le FMI ne touchait plus rien,il ne s’agit pas bien sur de son argent,mais de l’argent des principaux etats industrialisés, USA,France,Canada,Australie,Japon,Grande Bretagne,Allemagne et dans une moindre mesure l’Espagne et l’Italie.Ces pays d’ou est venu la crise,ne mettaient plus de’argent a la disposition du FMI,par contre ils continuaient d’en recevoir jusqu’à epuisement.Et pour tout rappel,la question essentielle qui devait etre discuter c’est bien celle de la monnaie et de sa valeur, ceci n’a pas fait l’objet de discussion,je ne vois pas a quoi a servit ce G20,si ce n’est que de la poudre aux yeux.mais enfin c’est toujours selon,si on a un salaire de plus de 3000 euros ou un salaire de 1500 Euros qu’on vient de perdre alors ????????,
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte