Le parti de Jean-Marie Bockel, secrétaire d’État à la Défense et aux anciens combattants, tenait son congrès fondateur ce week-end. Un maître-mot : « l’ouverture » ! Avec quelques absents de marque.
Le congrès fondateur de la Gauche Moderne (GM) n’a pas franchement fait recette. Pas faute pourtant pour Jean-Marie Bockel d’avoir voulu prendre de la hauteur. Un peu trop, apparemment. Le choix de Suresnes, de son Mont Valérien et de la croix de Lorraine à la flamme un tantinet vacillante n’a cependant pas déplacé les foules promises. Des symboles qu’en d’autres temps les gaullistes de gauche auraient sans doute apprécier…
Moins de deux cents sympathisants étaient présents pour entendre la profession de foi du secrétaire d’État à la défense et aux anciens combattants. Dans son discours inaugural, Jean-Marie Bockel - dit « JMB » - a loué les mérites de l’ouverture politique dont il est, avec d’autres ministres du gouvernement Fillon, l’un des principaux protagonistes.
Qu’est-ce que la Gauche Moderne au juste ? Définition de Bockel : « L’aile gauche de la majorité présidentielle qui, autour du président et du premier ministre, conduit avec détermination et courage la modernisation de notre pays par la méthode de la réforme juste. » Mais surtout, le maire de Mulhouse, réélu de justesse lors des dernières municipales (168 voix), justifie a posteriori la création de son parti par « le constat de la faillite de la gauche archaïque française, illustrée par le pathétique, et pourtant si prévisible, congrès du PS ». Voilà pour le coup de pied de l’âne à ses anciens amis.
Pour le reste, on peine à cerner les contours politiques d’un parti dont le leader a toujours été un fervent admirateur de Tony Blair et de sa fameuse troisième voie. Faut dire que, par temps de crise, l’ex enfant chéri de la gauche british est devenu quelque peu encombrant. Pas un mot sur le sujet, à l’heure où le successeur du 10 Downing Street, le ténébreux Gordon Brown, s’échine, tout entier, à liquider l’héritage du New Labour et n’est pas loin de nationaliser la City… Déjà faisandée, la Gauche Moderne ?
Mais, qu’on se le dise, la GM a le vent en poupe. Selon sa direction, le parti compterait d’ores et déjà un bon millier d’adhérents. Impossible cependant d’avoir la moindre confirmation sur ce chiffre. Toujours est-il que l’ancien secrétaire d’État débarqué de la coopération, en mars 2008, pour avoir prématurément annoncé, un matin de surchauffe, « l’acte de décès de la Françafrique », assure avoir des antennes partisanes dans 45 départements, 20 régions et n’écarte pas l’idée de figurer sur les listes de la majorité présidentielle lors des prochaines européennes. Du passé, faisons table rase !
La sacro-sainte ouverture, défendue bec et ongles par Nicolas Sarkozy avait, toutefois, ce week-end, quelque plomb dans l’aile. Il flottait comme un air d’absence de solidarité gouvernementale. Les collègues de l’ouverture tant vantée se sont faits porter pâles. Point d’Éric Besson, de Bernard Kouchner, ou de Fadela Amara à l’horizon. « Une surcharge de calendriers » , explique l’entourage de « JMB », un brin gêné aux entournures. Rama Yade, la secrétaire d’État aux Droits de l’Homme - épouse à la ville d’un ancien conseiller de Bockel du temps de la Coopération - n’a pas non plus fait preuve de miséricorde. Sa chaise est restée désespérément vide…
Qu’importe, les apparences sont sauves et les mots du Premier ministre, suaves. C’est donc François Fillon qui s’y colle. En verve, la mèche impeccable, l’homme de Matignon salue la naissance d’une formation avec laquelle « nous avons ensemble choisi de rompre avec l’immobilisme depuis l’été 2007. En brisant cette barrière, nous avons mis un terme à toutes les caricatures qui ont trop longtemps bridé la pensée française ». Rien que ça.
Et Fillon de fanfaronner : « il y a moins de différences entre nous qu’entre les différents courants du PS ». Les militants sont aux anges, l’atmosphère décontractée. Roger Karoutchi, le secrétaire d’état aux relations avec le parlement a l’œil blagueur et gourmand. Bon signe. Jean Sarkozy, en élève appliqué des préceptes paternels, croit déceler dans la création du parti de Bockel « une façon de faire tomber les murs de Berlin qui sont encore présents dans certaines têtes ». Junior sert des louches, Junior devise, Junior parfait l’apprentissage « sur (s)es terres ».
En somme, tant pis pour les mal polis qui ont boudé « Suresnes, un congrès historique, dont on se souviendra longtemps », a tonné François Fillon. « JMB », colonel de réserve, est au garde-à-vous. Les politiques n’ont jamais la mémoire courte. Et tant pis pour Tony.
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(…..) Les résultats du vote des motions au Parti Socialiste en soulignent la nécessité. En effet, 80 % des voies se sont portées sur trois variantes de l’adaptation au néolibéralisme caractérisées par leur faible opposition à la politique de démontage social de Sarkozy, par leur acceptation des orientations libérales du Traité de Lisbonne, par leur refus d’envisager une rupture avec les logiques qui ont conduit à la crise actuelle du système. Cela signe l’alignement sur les évolutions de la social-démocratie européenne, ses renoncements et ses impasses. Il faut ouvrir une autre voie. (…..)
Claude Debons, le 12 novembre 2008.