De Sarko à Bockel en passant par Aznar et Berlusconi, le beau Blair a suscité jadis des rêves humides : c’était le Peter Pan du New Labour, le Mozart de la modernité politique.
Pendant l’été 1998, Tony Blair et Lionel Jospin, attablés à une terrasse de Cintegabelle, se désaltèrent avec la bière mexicaine que Chirac aime tant. Les Blair sont venus en famille, avec les gnards, passer quelques jours de vacances près de leurs potes froggies. Vive l’amitié entre membres de l’Internationale ! Douze ans plus tard, dans ses Mémoires, l’ami Blair cite une fois le nom de l’ex-Premier ministre de la France. Pour dire qu’il avait « la tête d’un professeur de français ». Et, donc, pas celle d’un président. Sympa, le blaireau. On voit clairement qu’il n’aime ni les professeurs, ni les Français, ni ces ringards de socialistes qui se font niquer par Chirac (lequel avait, lui, la tête d’un Président, selon la même source avisée). Je ne tiens pas Jospin pour un cador (j’ai longtemps cru que son bouquin l’Impasse était une autobiographie), mais tout de même…
De Sarko à Bockel en passant par Aznar et Berlusconi, le beau Blair a suscité jadis des rêves humides : c’était le Peter Pan du New Labour, le Mozart de la modernité politique, l’archange de la réforme, juvénile et bondissant, souffle d’air frais après la vioque Thatcher et ses petites culottes d’acier trempé (c’est l’acier qui l’est). Dix ans après, on se dit que ce fan club n’avait pas le nez creux : Blair serait un menteur, un ingrat qui cramerait ses amis dans un grille-pain pour tartiner une page de ses Mémoires (demandez à Gordon Brown, son marche-pied, puis son paillasson), un admirateur de l’intelligence (sic) de Bush, un cul-bénit recyclé catho dont finalement l’histoire retiendra qu’il fit, un jour d’inspiration, interdire la chasse à courre (selon lui, sa seule erreur politique !). Hélas, il a aussi balancé son pays dans le bourbier irakien : il a du sang sur les mains, rouge comme les tomates qu’on lui jette aujourd’hui dans ses séances de signature.
Bref, il fera le fantôme dans quelques missions internationales pour rentiers de la politique, puis il fera des ménages (de gauche) comme conseiller en pudding de LVMH, puis il vendra ses anecdotes d’imposteur au dessert, dans les dîners du Rotary, à Béziers ou à Klagenfurt, un soir de novembre, bien calé sur son déambulateur. On se croit un grand homme, on n’est qu’un petit nain connu… Labour, toujours labour ! Les peuples ont souvent des coeurs d’artichaut. Blair a séduit l’Angleterre par son sourire, son style, son énergie de jeune coq : comme tous les gigolos, il a quitté le lit de la vieille dame en laissant les draps en désordre, avec des taches dans toute la maison et sans même rincer le lavabo. Nicolas, tiens-toi bien !