Un brin échaudés par le mouvementé passé du club, les nouveaux dirigeants de l’OM ont pris quelques précautions juridiques. Et bénéficient de hautes protections au sein de l’appareil d’Etat.
Du haut de sa colline, la Bonne mère n’est pas la seule à veiller sur le plus grand club du monde, l’Olympique de Marseille. En contre-bas, au Palais de justice, juges, magistrats et autres avocats ont touché un oeil rivé sur le cœur de la ville, souvent soumis aux soubresauts judiciaires.
« Les magouilles à l’OM, c’est un peu comme le port d’armes en Corse, décrit un haut magistrat, quasi culturel. Après, il existe un seuil de tolérance à ne pas dépasser ». Bref, tant que la bouillabaisse ne bout pas, ne surtout pas lever le couvercle.
La période qui s’est ouverte à Marseille, au début de l’été, s’avère pourtant propice au grand déballage. Changement de dirigeant, mort de l’actionnaire, recrutement de joueurs pour quelques 50 millions d’euros.
« Non rien de nouveau en cours », glisse un indiscret du Parquet. « Mais peut-être dans quelques temps, aura-t-on des plaintes concernant la présidence Diouf ».
Ejecté de son trône de président de l’OM à la mi-juin, après le plus long bail depuis Bernard Tapie, le volubile Pape Diouf s’est fait fort discret. Aussi affairé à sa reconversion comme consultant télé (à Orange Sport et sur M6) qu’à négocier ses indemnités de départ, le Sénégalais a mis sa langue dans sa poche. Tout en espérant la remplir, de 5 millions d’euros d’après les infos glanées par Bakchich.
Les nouveaux dirigeants, eux, semble agir avec une prudence de sioux. Tout juste arrive, Jean-Claude Dassier le nouveau président n’a pas mis la main dans le cambouis des transferts. Vincent Labrune, le président du conseil de surveillance, s’abrite derrière une structure qu’il a lui-même mis en place.
Dès 2008, en fait, le conseil de surveillance a commencé à se parer face aux méandres du foot business et de ses transferts aux montages audacieux. Un comité d’engagement sportif s’est mis en place, pour radiographier toutes les « mutations » de joueurs qui touchent le club…et leur place dans les clous de la loi. A posteriori certes, mais nul système n’est parfait. Au moins le trio composé des avocats Régis Rebuffat, Andrea Pinna et du bras droit de Serge Dassault Jean-Pierre Bechter n’a pas tiré la sonnette d’alarme.
Le capitaine de l’équipe Lorik Cana, voyait son transfert en 2005 passé au crible de la chambre correctionnel début juin. Le garçon a été transféré au rabais pendant le mercato. La qualité d’agent de joueurs de Karim Aklil, conseil notamment du défenseur sénégalais Souleymane Diawara, fait l’objet d’une plainte au tribunal Marseillais. Sa commission se trouve « suspendue ».
Et les fiers garçons disposent d’un petit appui à Paris : Bernard Squarcini. L’ex préfet de police de la ville et patron de la direction centrale du renseignement intérieur a rencontré durant l’été à la fois Labrune et Dassier. Avec un message, « vous avez raison de vous inquiéter, mais nous veillons ».
Un patronage presqu’aussi rassurant que celui de Notre Dame.
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