En septembre 2008, Bakchich rencontrait Karim Achoui, "l’avocat des voyous", pour la sortie de son livre. Retour sur une interview détonante.
Septembre 2008. Rendez-vous devant les locaux du Cherche midi, à Paris. Karim Achoui, connu pour avoir défendu la pègre parisienne, vient de sortir L’Avocat à abattre, un livre dans lequel il accuse un commissaire de police d’avoir commandité son assassinat. Le 22 juin 2007, l’avocat avait réchappé par miracle à son agresseur qui lui laissait comme souvenir quelques balles dans le buffet.
« Le baveux se rebiffe », comme titre Libération le matin de notre rencontre. Un portrait qui l’amuse. Quoique le mot « baveux » ne lui plaise guère. À l’époque, il est soupçonné d’avoir aidé Antonio Ferrara à s’évader de prison, sur la base d’écoutes où est mentionné justement un « baveux ».
« J’espère que Smalto te file des pompes gratos », lâche un de ses amis éditeur faisant allusion aux multiples articles parus sur Achoui qui mentionnent à chaque fois la marque de ses chaussures. C’est que le monsieur porte haut. Ses deux portables à la main, le costard noir cintré, et le cheveu bien plaqué, Me Achoui est prêt pour sa plaidoirie. « Je vous connais bien Bakchich. Vous vous étiez moqué de moi quand j’avais acheté la robe d’avocat de Mitterrand aux enchères en rajoutant que le Président ne l’avait jamais portée. Mais bon, je ne suis pas rancunier », lâche-t-il en préambule à l’entretien.
« Je me suis pris une balle dans la fesse qui m’a transpercé la verge ! Et ça, personne ne le sait ! », gesticule- t-il. La presse raffole de ces histoires où se mêlent règlements de compte, corruption et gros caïds du Milieu. Il le sait et il en joue. Poussant jusqu’à la caricature l’image de beau parleur, un peu flambeur, un peu menteur, qu’on lui donne.
Son portable vibre. Un proche l’informe que Michèle Alliot-Marie vient de lui faire un coup de pub en demandant l’interdiction de son livre. Il jubile. Mais, dans quelques mois, il est convoqué aux assises dans l’affaire Ferrara. « Comment vous sentez-vous à l’approche de ce procès ? » « Je prépare ma défense sereinement. » Il sera condamné à sept ans de prison. Avant de partir, on lui demande s’il peut sortir de l’immeuble avant nous, histoire d’éviter les balles perdues. Il sourit…
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