Antonio Ferrara, l’évadé le plus célèbre de France, a entamé un nouveau bras de fer avec la justice en décidant de ne plus assister à son procès.
Un procès-spectacle qui se tient sans l’accusé principal et en l’absence même de ses avocats : non, non, vous ne rêvez pas ! Nous ne sommes pas à Moscou dans les années 30 mais bel et bien à la Cour d’assises de Paris en ce début novembre.
Depuis vendredi dernier, après un mois de débats déjà très houleux, Antonio Ferrara, une star dans le secteur du braquage de fourgons blindés et de centres-fort, a décidé de ne plus assister à son procès pour l’évasion spectaculaire de la prison de Fresnes. Et, pour que le bras d’honneur à la justice soit tout a fait complet, « Nino » dit encore « la pioche » pour tête de pioche a récusé ses trois avocats.
Deux de ses co-accusés, les plus gros profils du box en verre blindé, ont fait de même. Avec Nino, Doumé Battini, un corse de la Brise de Mer et Hamid Hakkar, un caïd du trafic de stups préfèrent passer leur journée dans la souricière du Palais de Justice, plutôt que de répondre aux questions de la Cour, en compagnie de leur dix-huit autres co- accusés. Publiquement, le « roi de la belle » justifie son retrait par un incident qui s’est déroulé la semaine dernière en plein audience. Ferrara avait pété les plombs quand un gendarme de sa garde très rapprochée lui avait enlevé des mains, un mot qu’il voulait passer à son avocat.
Il s’en était suivi une sorte de bagarre générale entre les détenus et leur escorte, donnant aux jurés populaire une image disons très dégradée des accusés. « Depuis cet incident, l’intime conviction des jurées est profondément altérée », protestent les avocats qui craignent de lourdes condamnations. Et dans une tentative de faire renvoyer le procès à une date ultérieure, les conseils de Ferrara refusent d’assister aux débats. Récusés par Nino, ils refusent aussi d’être commis d’office, s’exposant ainsi à des sanctions du barreau de Paris.
Mais il en faut plus à la machine judiciaire pour se gripper définitivement. Le procès est éminemment sensible : jusqu’en mars 2003, personne n’avait osé mener (et réussir) une attaque en règle d’un établissement pénitentiaire, faisant sauter deux murs d’enceinte et la fenêtre d’une cellule pour en extraire Ferrara. Autant dire que le commando avait attaqué l’Etat. Aujourd’hui l’Etat se venge donc assez logiquement dans un maxi-procès où des gros voyous côtoient pèle-mêle des petites mains du banditisme de banlieue et un avocat sulfureux, Me Karim Achoui. Et de la Place Vendôme à l’Elysée, pas question de se faire dicter la loi par de vulgaires malfaiteurs. Même s’il faut s’affranchir de quelques principes généraux du droit, Ferrara et sa bande seront jugés.
« Ce procès ira a son terme » tonne le procureur général, Laurent Le Mesle. Alors même que la décision de renvoyer ou pas incombe non pas au ministère public mais à la présidente de Cour d’assises, Janine Drai. Le petit doigt sur la couture du pantalon, la fille de Pierre, l’ancien premier président de la Cour de Cassation, le plus haut magistrat de France poursuit donc son office. « Avec l’objectif non-avoué de prononcer une série de condamnations retentissantes », s’alarment les ténors du barreau encore présents pour défendre les membres présumés du commando de Fresnes. « Vous avez trois casquettes : celle de président de la Cour, celle d’avocate générale et celle de maîtresse d’école », lui a sèchement signifié Nino Ferrara, avant de quitter le box.
Depuis le début du procès, le 2 octobre, les beaux mecs dans le box n’avaient pas caché leur irritation d’être jugé par la maitresse Drai, dont la réputation de sévérité est connue dans tout le ressort de la Cour d’appel de Paris. C’est même pour cela que la Chancellerie l’avait imposé à la présidence. La stratégie des avocats étaient donc de la pousser à la faute. Après moults incidents, Nino Ferrara a finalement dû s’en charger lui-même en tentant le bras de fer avec la Justice. Son calcul est au fond purement médiatique : que vaudrait, aux yeux de l’opinion publique une lourde condamnation imposée sans qu’il n’ait pu se défendre ?
Avant le début de son procès pour évasion, le braqueur n’était déjà libérable qu’en 2022. Il risque encore d’écoper de lourdes peines pour d’autres de ces faits d’armes pas encore jugés définitivement. Il ne lui restait donc que d’essayer de sauver à défaut de sa liberté, la dernière chose qu’il maîtrise à la perfection : son image de martyr judiciaire.
Lire ou relire dans Bakchich :
"Aujourd’hui l’Etat se venge donc assez logiquement dans un maxi-procès où des gros voyous côtoient pèle-mêle des petites mains du banditisme de banlieue"
qu’est-ce qui vous permet de dire qu’il s’agisse de petites mains ? on sait très bien que tous les types qui ont participé à l’évasion sont des amis de Ferrara et ont participé avec lui ou avec d’autres à des casses de très grosse envergure. C’est pas parce qu’ils ont des noms à consonance arabe qu’il s’agit de "petites mains du banditisme de banlieue", dans cet affaire il n’y a que des gros poissons (Hakkar, Traore, les frères Bouabas, Illouli… rien que des types avec un CV long comme le bras dans le Milieu, et en aucun cas des "petites mains"). En revanche Doumé Battini est très loin de l’envergure que vous lui prêté (l’un des deux "plus gros profils"… j’en ris encore).
Mais bon, ne vous jetons pas la pierre, c’est le travers de tous les journalistes : dès qu’ils parlent d’un voyou avec un nom corse, c’est tout de suite un gros poisson. Par contre si son patronyme est à consonance arabe, là il ne peut s’agir dans 95% des cas que d’un petit sauvageon de banlieue sans envergure et sans moral.
son image de martyr judiciaire ????
Ah,bon !!!? A la lecture du texte, ce n’est pas le sentiment qui en ressort. Vous le décrivez comme un type qui "résiste" au système pour finalement conclure de cette façon. Ca colle pas trop !
Peut etre ce titre aurait ete plus interessant et plus objectif.
Petit rappel la France a signé un papier en 1951 qu’elle a oublié dans un tiroir le temps de finir les evenements d’Algérie et autres broutilles pour le ratifier en 1974. Ce papier c’est la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Article 6 – Droit à un procès équitable 1 Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, qui décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
Le deroulement de ce proces est une violation de cet article avec la rupture de l’egalité des armes et les manifestations d’impartialité de la présidente.
Les conditions de detentions (12h dans un WC de 3m2 dans les sous sols du palais) sont une violation de l’article 3 de la Convention pour traitements degradants et inhumains.
Alors ne pas assister à un proces qui viole le droit international est un devoir et une obligation.
Ce n’est que le proces Ferrara 1, il y aura l’appel, le renvoi sur cassation et le renvoi apres la condamnation de la France à la C.E.D.H, donc au minimum 3 à 4 autre proces..
Dans un pays democratique, ou les procureurs et les juges sont élus, un procureur qui renvoit 21 personnes sans preuve devant un tribunal serait poursuivi pour "poursuite malveillante" et se couvrirait de honte et de ridicule…Le bras d’honneur n’est pas celui de Ferrara a la justice comme vous ecrivez, mais des procueurs et de la juge ("Présidente") à la Cour europeene des droits de l’homme, disent des mauvaises langues.