Au moindre emprunt de l’œuvre, la société qui gère les droits d’Hergé attaque. Causer du reporter à la houpette est un sport de combat…
Triste histoire que celle de Bob Garcia. Journaliste, auteur de polars et grand tintinophile, il a été déclaré coupable de « contrefaçon » par la cour d’appel de Versailles à la suite de la plainte déposée par la société Moulinsart, qui gère le patrimoine d’Hergé.
Son crime ? La publication de cinq ouvrages consacrés au célèbre reporter dans lesquels il a reproduit des images de l’oeuvre, au titre, selon lui, du « droit de courte citation graphique garantie par la convention de Berne ». La justice en a décidé autrement et l’a condamné à 48 000 euros d’amende. Pour quelques centaines d’exemplaires tirés, la sanction est lourde.
Un malheur, comme Dupont et Dupond, ne marchant jamais seul, Moulinsart S.A. a déposé, le 9 mars, une prise d’hypothèque sur la maison de Garcia. Son unique patrimoine. Et de passer une fois de plus pour un crabe aux pinces d’or.
Ce n’est pas la première fois que des imprudents sont la cible des scuds de Nick Rodwell, époux de Fanny, la veuve d’Hergé, et grand timonier du destin post-mortem du journaliste à la houpette. Surnommé « Rastapopoulos » par ses détracteurs, Rodwell est à l’origine de nombreuses procédures visant les emprunteurs de l’œuvre, supposés ou avérés. Depuis que Moulinsart en a ordonné la saisie pour contrefaçon, la société BD Story a le plus grand mal à diffuser son making-of des aventures de Tintin. Malgré une décision du tribunal favorable à BD Story, l’éditeur assure que les pressions sur les diffuseurs persistent.
Gordon Zola, tintinophile à qui l’on doit les Aventures de Saint-Tin, a lui été condamné pour « parasitisme » en juillet 2009.
Plus récemment, lors du festival d’Angoulême, l’exposition Cent pour cent, qui offrait aux dessinateurs contemporains l’occasion de s’approprier des auteurs mythiques, n’a pas reçu l’autorisation de Moulinsart d’exposer les planches inspirées par Hergé.
Causer de Tintin est un sport de combat, même quand on l’aime. Selon Benoît Mouchard, le directeur artistique du festival d’Angoulême, Moulinsart ne fait pas preuve d’acharnement juridique. « Tintin fait tellement partie de l’imaginaire collectif que les gens ont tendance à croire qu’il fait partie du domaine public, or c’est faux. En 2002, j’ai publié un ouvrage révélant qu’Hergé avait parfois fait appel à des coauteurs restés dans l’ombre. Je n’ai pas eu de procès et j’ai même reçu un message de félicitations de Rodwell », explique-t-il, assurant par ailleurs qu’il ne « part pas au ski avec lui ».
Pour autant, les intérêts d’Hergé sont bien bétonnés. Il vaut mieux s’appeler Spielberg (dont le Tintin en 3D sortira en 2011), et proposer des millions pour utiliser la marque, que Garcia. Un trésor encore mieux gardé que celui de Rackham le Rouge.
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Lecteur(trice)s scandalisé(e)s par ce message sur l’exploitation de Tintin® , voici un endroit où exprimer votre colère, poliment bien entendu : http://www.tintin.com/#/home/contacts.swf
Internet, ça sert aussi à ça. Quand vous n’êtes pas content de quelque chose, allez le dire à la personne/la société responsable. Poliment et fermement. Et n’oubliez pas le service commercial. ;)