Le livre coup de poing de l’avocat Karim Achoui, « L’avocat à abattre », ne sera finalement pas interdit. Sulfureux avocat connu pour avoir défendu la pègre parisienne, Achoui a été victime d’une tentative d’assassinat en plein Paris en juin 2007. Le 11 septembre, trois semaines avant de passer aux assises pour complicité dans l’évasion d’un malfaiteur, cet avocat publiait son livre, dans lequel il accuse l’un des patrons de l’anti-gang d’avoir inspiré l’agresseur présumé. Le maître de l’anti-gang accusé avait porté plainte pour faire mettre l’ouvrage au pilon. Mardi 23 septembre, la décision de justice est tombée, le livre peut continuer d’exister.
C’est curieux chez les avocats ce besoin de faire des phrases. Et ce n’est pas banal cette façon dont maître Karim Achoui, illustre pour avoir défendu avec succès des membres du Milieu parisien – dont Marc Hornec ou Antonio Ferrara – vient de dégainer avec son bouquin, L’avocat à abattre, aux Editions du Cherche Midi.
Les balles sifflent, puisque l’avocat accuse nommément un commissaire de police d’avoir joué un rôle dans la tentative d’assassinat dont il a été victime. Du lourd en perspective, et en tout cas un règlement de comptes judiciaire, lundi 22 septembre au tribunal de Paris, où le commissaire mis en cause a demandé l’interdiction du livre.
Dans une ordonnance rendue ce matin, mardi 23 septembre, le juge des référés a rejeté la demande du commissaire. Le dossier n’a pas été examiné sur le fond, pour cause de deux vices de forme. De son côté, sans attendre la décision de justice, Michèle Alliot-Marie avait également déposé une plainte contre l’avocat pour « diffamation envers la police nationale ».
Le 22 juin 2007, boulevard Raspail à Paris, un homme casqué tire sur maître Achoui avec un 11,43, le calibre des truands. Deux balles atteignent l’avocat. L’une dans le dos qui lui perfore le poumon, l’autre à la fesse. Il échappe de peu la mort, comme il le raconte à Bakchich dans l’entretien ci-dessous.
Depuis, « le baveux se rebiffe », comme l’a titré jeudi Libération. Selon lui, Rudy Terranova, aujourd’hui écroué, soupçonné par la justice d’être celui qui a blessé par balles Karim Achoui, aurait agi avec la complicité des flics, avec qui il travaillait très régulièrement. De lourdes accusations qui ne sont pas démontrées dans son livre.
Ce que montre l’ouvrage, et ce n’est pas rien, c’est que l’agresseur présumé était en relation étroite avec les services chargés à Versailles de la lutte contre le grand banditisme, notamment par la révélation de nombreux échanges téléphoniques entre l’indic soupçonné et la hiérarchie policière. A ce titre, le document est fort instructif sur les relations qu’entretiennent les flics avec des informateurs véreux. La loi du genre, dira-t-on… Mais de là à ce qu’un patron de l’antigang visite en prison un de ses indics, il y a un pas qui aurait pu ne pas être franchi.
En revanche, l’avocat n’apporte aucun élément sur la motivation d’éventuels commanditaires au sein de la police. Et encore moins de preuves formelles démontrant une quelconque responsabilité de la police dans ce dossier. Et le portrait que Karim Achoui dresse de Rudy Terranova, un petit voyou aux multiples facettes, naviguant du grand banditisme aux services de police, laisse envisager d’innombrables scénarios dans la scandaleuse agression dont il a été victime.
Maitre Achoui n’a-t-il pas dégainé trop tôt ? N’aurait-il pas dû attendre la fin de l’instruction sur son affaire pour tirer sa salve ? Bakchich a rencontré l’avocat chez son éditeur, le Cherche Midi. Parfois allusif dans ses réponses, sans éléments précis sur la motivation des commanditaires de son agression, il s’explique, indigné, sur les très graves accusations qu’il porte dans son livre.
Le livre parait juste au bon moment. Peut etre faudrait il preciser que maitre Karim Achoui va bientot passer aux assises. Et pas en tant qu’avocat.
Apres, savoir s’il dit la verite ou si c’est une diversion…
En qui peut on avoir confiance dans cette affaire ? Un avocat pas tres net, des flics ripoux ou des indics ?
Il faut demander l’avis du nain grassouillet, apres tout il etait avocat lui aussi.
J’adore lire les commentaires de peignes cul transcendant l’humanisme…
Si un homme passe aux assises, il n’a plus le droit d’être considéré comme un être humain ! Il n’a plus de crédibilité, de droits, il est suspect
Vous faites partie des "humanistes "classant le droit au droit, selon des critères bien établis, en vous permettant de juger celui qui ne rentre pas dans un cadre !
Je m’en doutais…. Me Artaoui a sûrement pesé les risques juridiques en faisant ses interviews et écrit son livre
Bon courage
Le ministère de l’Intérieur dépose plainte contre l’avocat parisien Karim Achoui AP | 22.09.2008
Le ministère de l’Intérieur indique lundi que la ministre, Michèle Alliot-Marie, a déposé plainte contre l’avocat parisien Me Karim Achoui pour "diffamation envers la police nationale", tandis qu’un commissaire de police a demandé l’interdiction du livre à paraître de Me Achoui intitulé "Un avocat à abattre".
La plainte déposée par le ministère vise une interview parue le 10 septembre 2008 dans France-Soir où l’avocat met en cause un commissaire de police dans la tentative d’assassinat dont il a été victime en juin 2007 à Paris. Lundi soir, le parquet de Paris n’était toujours pas destinataire de cette plainte, a-t-on précisé de source.
Ce même commissaire de police a demandé lundi au juge des référés du tribunal de grande instance d’interdire le livre à paraître de Me Achoui, ou à tout le moins le chapitre 12. Il considère en effet diffamatoire et attentatoire à son honneur certains passages de l’ouvrage le présentant comme le commanditaire de la tentative d’assassinat contre l’avocat. La décision sera rendue mardi. Karim Achoui écrit notamment que l’auteur présumé de la tentative d’attentat, Ruddy Terranova, avait dans les heures précédant et celles qui ont suivies son acte, passé de nombreux appels téléphoniques au commissaire de police. Le suspect, qui nie avoir tiré sur l’avocat, était l’un des indicateurs du service dans lequel travaillait ce commissaire.
L’avocat doit comparaître à partir du 2 octobre avec 21 autres accusés devant la cour d’assises de Paris pour l’évasion d’un braqueur, Antonio Ferrara, de la prison de Fresnes en mars 2003. AP
La parution du livre de Karim Achoui est autorisée NOUVELOBS.COM | 23.09.2008
La justice a retoqué pour vice de forme la demande d’interdiction de l’ouvrage de l’avocat parisien, poursuivi par un policier qu’il met en cause dans la tentative de meurtre dont il a été victime il y a un an.