La Bourse paneuropéenne réduit ses effectifs. Une centaine de salariés est concernée sur les 376 qui travaillent à Paris. Euronext a pourtant enregistré des revenus nets en hausse de 23% en 2008 !
S’agit-il de licenciements abusifs lorsqu’une société profite de la crise pour faire le ménage ? La question se pose en tout cas pour la bourse paneuropéenne. Euronext, qui regroupe les Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne et le marché à terme londonien Liffe a été rachetée par le New York Stock Exchange (groupe Nyse), il y a un an. Le nouveau groupe, baptisé Nyse Euronext, est coté depuis le 4 avril 2007 à Paris et New York.
Et manifestement, la direction américaine compte bien réorganiser le groupe. Avec l’idée à terme de limiter le rôle de Paris. Sur les 376 emplois qui existent actuellement à Paris, une centaine serait visée par un plan social économique. Soit 30% des effectifs et 20% de la masse salariale du groupe dans la capitale… Difficile à comprendre au regard des bénéfices enregistrés cette année par le groupe, a fortiori à Paris.
La direction se justifie en pointant une situation hautement concurrentielle mondiale sur le marché boursier. Une situation d’autant plus tendue que la crise impacterait la situation du groupe. Sauf qu’à y regarder de plus près, la réduction des effectifs ne concerne pas l’ensemble de la pyramide des salariés. Mais uniquement les plus bas salaires pour des employés âgés généralement de 45 ans et plus. Un peu tôt pour la retraite anticipée… Et gros hasard : sur la centaine de salariés, ne figure aucun responsable ni cadre supérieur.
En clair, la direction de Nyse Euronext vise avant tout une réduction des effectifs plutôt qu’une réduction des coûts. Surtout que dans le même temps, elle externalise ses activités (à l’exemple des moyens généraux type courrier ou entretien) en faisant appel à des cabinets de consultants, aux tarifs bien plus élevés…
Et à y regarder de plus près encore, la bourse, qui avait enregistré de mauvais résultats en 2001, après les attentats du 11 septembre et l’explosion d’une bulle financière, n’avait pas entrepris de plan de licenciement… Au motif qu’il fallait être opérationnel lors de la reprise de l’activité ! Huit ans plus tard, Euronext licencie quand le groupe enregistre une croissance à 2 chiffres pour 2008 (voir les communiqués d’Euronext pour les premier, deuxième et troisième trimestre 2008).
Selon, Duncan L. Niederauer, directeur général de NYSE Euronext, dans un communiqué du 1er août, les « résultats reflètent la force et le potentiel de résultat de notre modèle économique diversifié et notre capacité à générer des profits y compris durant des périodes de forte compétition ». Au 31 octobre, le même directeur déclare : « Malgré les turbulences de marché et la crise financière mondiale, NYSE Euronext a généré durant le troisième trimestre un chiffre d’affaires stable et a continué d’abaisser ses charges d’exploitation ». Comme quoi tout ne va pas si mal… Les salariés qui auraient pu s’attendre à être confortés dans leur travail sont pourtant invités à se serrer la ceinture. Avec comme raison avancée par la direction que les temps pourraient être potentiellement plus difficiles dans le futur…
Sur la centaine d’emplois concernée par le plan, 13 (courrier, entretien) vont être repris par un prestataire extérieur et 85 vont être supprimés. Des suppressions d’emplois qui posent, à terme, la question du maintien de Paris comme place boursière. Et le transfert de ses activités vers Londres ou Amsterdam. Pourtant, si la place de Paris disparaît, c’est 200 000 emplois qui seraient à terme impactés. De quoi créer chômage et RMIstes en barres !
Quant aux 11 derniers emplois concernés, il s’agit de salariés de l’informatique qui seront transférés vers NYSE Euronext Technology. En clair, toute la gestion informatique des transactions vue comme le cœur du métier, est délocalisée aux États-Unis, pour des soucis de rentabilité et d’économie… A priori, rien d’exceptionnel pour un groupe boursier. Sauf qu’Euronext, par la voix du numéro 2 de la place boursière, Jean-François Théodore, avait promis il y a un an que le système informatique resterait aux mains des Français. De quoi donner l’impression que la France s’est fait avoir dans l’histoire et qu’aujourd’hui 109 salariés en paient les frais.
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Comme l’a si bien dit l’auteur de l’article, le coeur du metier est l’informatique et les plans sociaux ne vont pas tarder a tomber dans la branche informatique de nyse euronext : notamment à Paris ou après une grève en 2008(presque ratée), deux syndicats sur trois ont signé un accord avec impossibilité de plan social avant le 1er aout 2009.
De plus, la direction informatique anglo-saxonne a bien précisé que les datacenters (la ou se trouve les ordinateurs de la bourse) futurs seront à Londres et à New-york (rien pour le reste de l’europe).
Un troisième soupcon existe quant au futur du devellopement de l’outil informatique (les logiciels), ceux-ci seraient bientot realisés en Irlande (cout 1/3 moindre) au lieu de Paris.