Le krach a été curieusement provoqué par l’annonce d’un programme de relance économique aux Etats-Unis. Paradoxe ? Pas vraiment. Les milieux boursiers espéraient plutôt un plan de sauvetage financier, pour les sauver de leurs propres errements.
S’il est encore trop tôt pour tirer les leçons de la récente tempête qui vient d’ébranler les Bourses mondiales, on peut d’ores et déjà se pencher sur l’un de ses aspects et en tirer une conclusion qui devrait faire réfléchir tous ceux qui ne jurent que par le marché et sa prétendue science infaillible.
Que s’est-il passé pour que la panique s’empare des opérateurs et les pousse à vendre à tout va ? On le sait, à l’origine de cette pagaille, il y a la fameuse crise des « subprime » aux Etats-Unis, ces prêts immobiliers risqués, qui plombent désormais le bilan de nombreuses banques et qui n’ont pas fini de faire parler d’eux. On remarquera pourtant, que cette crise dure depuis juin dernier et que personne n’ignorait que les établissements financiers sont les plus exposés.
En fait, comme pour toute explosion, il a fallu une étincelle, et c’est George W. Bush qui l’a provoquée. Il ne s’agit pas d’accabler une nouvelle fois le président américain, mais de noter que c’est après qu’il eut annoncé un plan de relance fiscal de 150 milliards de dollars que les Bourses américaines ont commencé à dévisser, entraînant dans leur chute les autres places de la planète. Pourtant, l’intention de Bush était louable, puisqu’il s’agissait de redonner confiance aux Américains en leur proposant des rabais fiscaux destinés à les encourager à consommer et, donc, à empêcher que l’économie de leur pays, qui dépend aux deux tiers de la consommation, n’entre en récession.
La question est donc de savoir pourquoi Wall Street n’a pas apprécié le plan Bush au point de déclencher un mini-krach mondial. La réponse est simple : les opérateurs n’attendaient pas un plan de relance fiscal destiné à sauver l’économie réelle. Ils espéraient plutôt, pour ne pas dire qu’ils exigeaient, des mesures de sauvetage pour la sphère financière. En un mot, le marché attendait de la présidence américaine qu’elle épongeât ses errements. Si Bush avait annoncé le déblocage de 150 milliards de dollars pour renflouer les établissements mis à mal par la crise des « subprime », il y a fort à parier que tous les indices boursiers auraient battu des records à la hausse.
Dès lors, deux conclusions s’imposent. La première est d’ordre général et c’est plutôt un rappel. Qu’on le veuille ou non, c’est bel et bien l’appât du gain qui guide le marché et cela quel qu’en soit le prix final. Comme pour les scandales précédents (Enron, Worldcom, LTCM, Barings,…), les langues vont bien finir par se délier et on réalisera alors, à quel point l’âpreté l’a disputé à l’imprudence dans cette affaire où des centaines de banques et des milliers de fonds ont bâti des châteaux de carte à partir de produits financiers risqués, puisque adossés à des créances quasiment insolvables. « Greed »est d’ailleurs le mot qui revient le plus souvent dans les commentaires d’experts. Il signifie avidité et il résume bien ce qui a caractérisé les marchés dans cette affaire des « subprime ».
La deuxième conclusion découle de ce qui précède. Disons-le et répétons-le, la fameuse « Main invisible » qui agirait pour donner au marché toute sa rationalité n’est qu’une fumisterie à laquelle, de toutes les façons, seuls quelques ultra-libéraux continuent de croire, cela sans oublier une kyrielle d’experts du Sud qui pensent être crédibles en ânonnant que le marché peut tout et qu’il a toujours raison.
D’abord, le marché s’est trompé en se fourvoyant à propos de crédits vérolés et, de plus, il a été incapable de détecter à temps leur dangerosité. Mieux, ou pire, il a espéré jusqu’au bout l’intervention directe de l’Etat américain pour qu’il efface son ardoise. En un mot, quand les choses vont mal, il n’y a pas de « Main invisible » qui tienne et les opérateurs des marchés s’en remettent toujours à l’intervention publique. C’est une leçon à méditer alors que l’on continue, ici et là, à promouvoir le dogme du moins d’Etat.
J’ai un dicton :
Le marché : une main invisible, mais pas de cervelle.
J’ai même la version anglaise :
The market : invisible hand, but no brain.
A utiliser sans modération ! ;) Bonsoir chez vous.
J’aime cet article.
Curieux comme les gens se passionnent pour l’économie, lorsque celle-ci s’étouffe.
Les commentaires sont aussi très intéressants, parce qu’il nous révèlent à nous-mêmes, à quel point l’esprit des humains est peu préparé à appréhender la complexité des phénomènes.
Du coup, on dirait que les avis ne sont contradictoires qu’en apparence. En réalité ils expriment presque tous une part de vérité, et au fond le désir de comprendre. C’est à dire la part du doute et celle de l’esprit critique. La peur semble en être le fondement.
Le degré extrême d’abstraction atteint par la machinerie économique, a pour effet de la déconnecter de la réalité qu’il doit représenter : celle des échanges pratiqués en son sein par notre espèce.
Il y a là matière à réflexions, et il est plutôt salutaire que celle-ci se produise enfin, partout au monde, dans tous les milieux.
Ces réflexions, éminemment subversives, conduiront sans doute les foules, là où les maîtres du jeu n’auraient surtout pas voulu qu’elles aillent. La curiosité, l’observation des interactions systémiques, voire, qui sait ? des perceptions radicalement neuves du monde.
Il semble que queque chose affleure déjà dans ce sens. Peut-être que la démence fera ressurgir le simple "bon sens", que l’opacité mettra quelque chose enfin, en évidence. Qu’on aura une lecture des choses plus ouvertes, moins conditionnée.
En attendant, il parâit probable que nous devons réinjecter certaines réalités dans nos mode de vie, nos pensées, nos plaisirs, nos consommations, et tout ce qui peut nous définir envers nous-mêmes, comme des êtres humains.
Voila une bonne leçon pour nos soi-disant libéraux : le marché s’équilibre toujours, lorsqu’il y abus il y a forcément un retour de baton. Nos as de la finance perdent pied avec la réalité avec leurs pseudo-modèles mathématiques (on m’a toujours dit qu’un modèle est "valable" seulement si celui ci est confronté aux problèmes réels, ainsi on peut en déduire ses limites). Un peu de bons sens !! Pour créer de la richesse, il faut produire quelque chose. Alors comment peut on prêter des sommes colossales à des personnes qui ne sont pas solvables ? Réponse : les revenus importe peu, on fixe des intérets élevés et si le client ne paie pas on saisi le bien acheté pour le revendre à un autre de nos pigeons. C’est tout simplement des escrocs, des usuriers !! Le système marchait bien parce que les prix de l’immobilier le permettaient mais tous les pigeon se sont retrouvé à sec au même moment ducoup c’est la m.. . Et ces mêmes escrocs vont venir nous dire que l’économie mondiale est en danger et qu’il faut sauver leurs sociétés et éponger leurs dettes. W.Bush ne la pas fait et tant mieux ca va assainir le marché de ces marchands de poussière et les banques seront plus prudentes. Après pour contracter un prêt ca sera peut être plus dur mais au moins je m’endetterais pas sur 50 ans pour acheter une maison (moins de prêt=moins d’achat=prix plus raisonnable sauf si penurie de logement).
Cordialement.
Lorsqu’il y a abus le marché se réequilibre (douloureusement dans notre cas), je n’ai pas accusé le "libéralisme" (trop facile comme pour ce trader) mais ces "soi-disant libéraux" qui osent demander l’aide de l’Etat pour couvrir leurs erreurs (W Bush n’a pas répondu à leur attente et tant mieux). Preter à des gens qui ne pourront JAMAIS rembourser (des taux qui remontent avec des mensualités inimaginable en France : 900 euros de mensualités pour un smicard seul !!), sauver sa mise en récupérant les biens hypothèqués (en générale la maison achetée avec le prêt) pour les revendre avec plus-value, moi j’appelle cela une escroquerie et les banques ont leurs responsabilités sur cet affaires (au moins d’un point de vue éthique). La crise vient du fait que les banquiers ont fermé les yeux sur des pratiques douteuses qui se sont multipliées. Et dire qu’en France on nous parlait de ce modèle pour l’accession à la propriété (comme en G-B, s’endetter sur 50 ans à taux variable…autant épargner pour ses enfants et faire une croix sur le rêve du "propriétaire").
Cordialement.
En économie jai toujours appris que les américains vivaient à crédit sur l’Europe, et le jour où ils s’écroulaient tout le monde suivait
Sauf la France selon Lagarde, ça ferait mauvais genre de dire la vérité avant les municipales…
Et maintenant Sarkozy aura un alibi pour l’absence de croissance…