Omar Khadr, capturé en Afghanistan à l’âge de 15 ans et détenu depuis à Guantanamo, comparaît devant les commissions militaires créées par Bush et légitimées par Obama. Une farce sinistre.
Il y a deux semaines, le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a lancé une attaque venimeuse contre ce qu’il a appelé "la gauche professionnelle" en affirmant que ceux qui osent comparer l’administration de George W. Bush à celle de Barack Obama devraient passer un "test de dépistage de drogue".
Considérons quand même la question des commissions militaires utilisées pour les procès des supposés "terroristes" détenus à Guantanamo, l’immonde prison qu’Obama a promis de fermer mais qui reste en fonction. Ces commissions, composées d’officiers en uniforme, ont été créées par Bush, dénoncées par Obama quand il était candidat a la Maison Blanche, puis légitimées par le Président Obama.
Le 14 août s’est ouvert le procès d’Omar Khadr. C’est la première fois sous la présidence d’Obama que siège une de ces commissions militaires. Omar, détenu à Guantanamo, n’avait que 15 ans quand il a été capturé en Afghanistan. Citoyen canadien, né à Toronto, le jeune Omar a été amené en Afghanistan par ses parents à l’âge de 10 ans. Une fois là-bas, il n’a pas été scolarisé mais éduqué par ses seuls parents, des nationalistes fervents.
Quand des soldats américains ont tenté d’envahir une maison afghane qui aurait abrité la confection de bombes artisanales par un vieillard en fauteuil roulant, ils ont ouvert le feu et balancé des grenades. L’adolescent Omar, grièvement blessé, a été capturé. Il a depuis passé la moitié de sa vie en prison.
Aujourd’hui, il est accusé d’être un "combattant ennemi illégal" et de "meurtre, tentative de meurtre, conspiration, soutien de terrorisme et espionnage" contre les forces américaines en Afghanistan. Tous ces crimes supposés ayant été commis quand le gosse n’avait que 15 ans.
Les États-Unis sont signataires du Protocole facultatif à la Convention internationale des droits de l’enfant, qui exige la réhabilitation de tout enfant-soldat de moins de 18 ans, à qui doit être apporté "toute assistance pour leur rétablissement physique et psychologique et leur réintégration sociale". Omar n’a pas reçu cette assistance derrière les barbelés de Guantanamo.
Le premier jour du procès, le juge militaire a décidé que les déclarations incriminantes de l’adolescent Omar après sa capture n’avaient pas été obtenues par la coercition ou la torture.
C’est une décision hallucinante, quand on sait que Omar avait été amené à la sinistre prison de la base américaine de Bagram, aveuglé par des éclats d’obus, presque mourant avec deux balles dans le dos, après avoir été enseveli dans l’explosion de la maison. Quelques heures plus tard, tandis qu’il était sous sédatifs et menotté à un brancard, le gosse était menacé de viol collectif et de mort s’il ne coopérait pas avec son interrogateur. Il a été encapuchonné et enchaîné, puis suspendu par les bras au plafond d’une cellule, et son premier interrogateur a été ultérieurement reconnu coupable par une cour martiale d’abus d’un prisonnier ayant entraîné la mort. A Guantanamo, Omar était privé de sommeil et a été traité comme un balai-éponge humain après qu’on l’a forcé à se pisser dessus.
Pas besoin d’être drogué pour penser que, si Obama a une conscience, il doit amnistier le jeune Omar, qui aujourd’hui risque la prison à vie.
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