Sécurité maximum à la Française des jeux : aucun gagnant n’échappe à une petite enquête. C’est comme ça que les deux buralistes qui ont cherché à détourner le jackpot des 35 millions d’euros ont été démasqués. Les gros bonnets, eux risquent nettement moins. Et au gouvernement, on peut tranquillement changer d’avis sur la gestion de la poule aux oeufs d’or.
L’actualité de la semaine a incontestablement été dominée par l’escroquerie à l’Euro Millions. Soit ce couple de buralistes indélicats qui est parvenu à détourner 35 millions d’euros en distrayant les deux tickets gagnants d’un joueur qui l’était tout autant : distrait. Une affaire qui a mis « en émoi tout un quartier du XVe arrondissement » assure l’envoyé spécial du Figaro. Et certainement bien au-delà. Qui n’a jamais tendu son ticket à un bistrotier au regard faussement bovin pour s’entendre répondre : « ah rien cette semaine ! Pas grave ! Malheureux au jeu etc… » Combien sommes-nous à nous être faits ainsi rouler de la sorte et être passés à côté du jackpot ? Des millions sans aucun doute…
Mais c’est aussi l’occasion de vérifier que les jeux dit de hasard sont minutieusement encadrés. On lira avec intérêt le récit que fait notre ami Pontaud dans l’Express. Dès que le vrai / faux gagnant s’est présenté au loto pour toucher son chèque, il a été interrogé « discrètement » par un policier de la brigade des jeux. L’informatique aurait repéré que le « gagnant »jouait ces numéros depuis des années. Le fonctionnaire - qui, on s’en doute, ne se présente pas comme tel – « lui demande alors pourquoi il a joué ces numéros et s’il les jouait souvent ». Selon l’Express, la Brigade de jeux se livre « toujours à une petite enquête sur les gagnants surtout lorsqu’il s’agit de sommes phénoménales » . Si l’anonymat est garanti par la FDJ, les RG, eux, suivent quand même de près les heureux gagnants.
La version délivrée par Christophe Blanchard-Dignac, président de la Française des Jeux diffère quelque peu : « Très vite, on a eu des éléments d’information confidentiels, d’autres qui sont liés à ce que nous observions dans notre informatique, c’est-à-dire que la combinaison gagnante était rejouée. Ce qui est un peu curieux quand vous venez de gagner 35 millions d’euros ». Et de conclure : « nous sommes au service de la protection des joueurs ». Pour accomplir cette noble mission la FDJ peut compter d’ailleurs sur les conseils très avisés de Maître Thierry Herzog. C’est donc l’avocat personnel du Président de la République qui est chargé de faire rendre gorge (et l’oseille) aux Thénardiers du XVe.
C’est d’ailleurs dans la bonne ville de Neuilly-sur-Seine que la Française des Jeux a son siège. Et ce qui explique sans doute sa forte contribution publicitaire et colorée à Neuilly indépendant, la feuille de chou municipale. Pour plus de sécurité encore, la FDJ fait aussi imprimer ses grilles et jeux divers à Puy–Guillaume dans les profondeurs de l’Auvergne. La commune de « Michou les bretelles » dit Michel Charasse. Sarkophile pragmatique s’il en est puisque l’ancien ministre du Budget recommande, à l’occasion, de toujours payer en liquide afin de ne « pas laisser de traces ». Autant dire qu’en matière de jeux, les vaches sont bien gardées et que le magot ne risque guère de se tromper de poche. Seule faille du système, les scandales relatifs à la gestion de la Française des Jeux elle-même. Du financement des voiturettes de l’ami Guy Ligier aux frasques de Gérard Collé, le contrôle interne n’est jamais parvenu à se hisser à la hauteur de celui mis en place pour surveiller les clients. Nul n’est prophète en son pays.
Voilà tout ce à quoi a échappé le vainqueur blousé de l’Euromillions
Ce ne serait pas étonnant ! Je me rappelle que le lendemain de l’élection triomphale de Sarko à la présidentielle en 2007, cinq joueurs ayant validé leur bulletin dans le même tabac du 5ème arrondissement (celui de Tibéri…) avaient gagné le Gros lot, soit 1 chance sur plusieurs milliards…
Maintenant que je sais que la FDJ a son siège à Neuilly, je comprends mieux.
Tout devient possible… pour les tricheurs !