Plus de 500 magistrats demandent des « excuses publiques » à la ministre de la Justice pour l’affaire de Metz. Une mobilisation qui a commencé sur Internet.
Article publié le 23 octobre 2008
« On ne fait plus de différence », explique un magistrat, « entre les modérés de l’USM et les militants de gauche inscrits au Syndicat de la Magistrature (SM), tant la grogne est importante contre Rachida Dati ». Beaucoup de ces juges manifestent aujourd’hui au coude à coude. S’ils sont dans la rue, c’est moins pour dénoncer la politique pénale de Rachida que pour dénoncer sa morgue et son omniprésence médiatique, jusque sur l’intranet du ministère, à usage purement interne.
Réservé aux magistrats, le site est théoriquement » consacré à l’actualité juridique, à « la sûreté des juridictions » ou aux lois les plus récentes. Mais en tête, trônent désormais « les déplacements du ministre en images ». Attention à l’avalanche d’images, sur fond de commentaires sirupeux. Le défilé de mode et de vidéos est insupportable : Rachida, installant un vague comité à Paris ; Rachida en Israël ; Rachida avec sa copine à Brest pour étudier « le dispositif national des pollutions en mer » et sur la « préservation des écosystèmes marins », en compagnie de Nathalie Kosciusko-Morizet. Et aussi, et encore, Rachida, à Douai, à Limoges, à Argenteuil, une Rachida omniprésente, arpentant les maisons d’arrêt ou prenant des poses à l’École de la Magistrature, et toujours dans des tenues les plus bling-bling.
Naturellement, on ne voit pas, sur ces images, les détenus accueillant la ministre dans les prisons en scandant le plus souvent : « Comme tes frères, on veut la libération conditionnelle ».
Autant d’images sur papier glacé, reprises sur son blog personnel, ainsi que, pour cinquante sept d’entre elles, sur Dailymotion. Pour l’instant, ce florilège a été cliqué au total 105 000 fois depuis mai 2007. C’est bien peu pour une telle star. Les chers lecteurs de Bakchich auront le plaisir de découvrir les tenues les plus récentes de notre ministre de la Justice dans dix vidéos que vous pouvez visionner à la fin du papier.
Par un amusant retour des choses, la mobilisation contre Rachida a été favorisée par un autre site interne du ministère, baptisé « Thèmis ». Les extraits de jurisprudence que les magistrats échangeaient sur ce portail ont fait place, ces dernières semaines, à des récriminations contre Rachida.
Mais l’emballement est né lorsque dans la nuit du 6 au 7 octobre, un mineur s’est suicidé dans la prison de Metz qu’elle avait qualifiée de modèle le 29 août. Elle qui a fait voter une législation répressive depuis son arrivée à la Chancellerie réagit au drame en chargeant les magistrats de Metz qui se seraient montrés trop sévères en faisant appliquer une peine de six mois contre ce mineur.
Et on vit la ministre exiger, le mercredi 9 dans l’après midi, un rapport de l’administration pénitentiaire et de l’Inspection générale pour le lendemain matin, date de son déplacement à Metz. On surprit cinq malheureux magistrats, sous l’autorité d’André Ride, le patron de l’inspection générale des services judiciaires, partir dare dare, en début de soirée, sur les lieux. Et on assista à cette scène surréaliste, où une jeune et brillante substitut, Françoise Roseneau, fut sommée de revenir de vacances pour comparaitre, à vingt trois heures, devant l’escouade venue de Paris. Le rapport fut écrit pour le jeudi matin neuf heures, date de l’arrivée de la ministre à Metz. On entend le Président du tribunal, les Procureurs de Metz et de Sarreguemines. In fine, aucun grief n’est relevé dans le rapport.
Depuis, la magistrate s’est mise en congé maladie. Non sans avoir, une première dans le monde feutré de la magistrature, écrit à ses collègues une lettre sur le site « Thèmis ». « J’ai été traitée comme un chien », conclut-elle. Cinq cent magistrats lui apportent leur soutien. Comment réagir ? La ministre va-t-elle assumer ses choix ? Pas du tout. On vit ensuite le malheureux patron de l’Inspection des services judiciaires tenir une conférence de presse et avaler son bonnet. Et de déclarer : « Surpris et ému de la façon dont la presse a relaté son inspection à Metz, je tiens à préciser que s’il est exact que Rachida Dati lui a demandé de procéder à une inspection, pour autant, la Garde des Sceaux ne lui a pas fixé les modalités dans lesquelles cette inspection devait intervenir ». Circulez, le haut magistrat prend tout sur lui et dédouane sa ministre. Chevaleresque ? Peut-être, mais totalement stupide ! Ses déclarations ont fait rire toute la magistrature.
Et la bronca est repartie de plus belle.
Le 22 juillet, au pôle adolescent du Centre Jean Abadie, à Bordeaux.
Le 18 juillet, à Brest avec Nathalie Kosciusko-Morizet.
Le 29 août, visite du Centre de peines aménagées et de la Maison d’arrêt de Metz-Queuleu
Le 1er septembre, à la session plénière du Parlement européen sur l’avenir d’Eurojust (Bruxelles)
Le 8 septembre, à Sofia (en Bulgarie)
Le 9 septembre, à Bruxelles, devant la commission des affaires juridiques du Parlement européen
Le 13 septembre, à Argenteuil avec Nathalie Kosciusko-Morizet
Les 19, 20 et 21 septembre en Israël et dans les Territoires Palestiniens
Le 6 octobre 2008, mise en place du Service d’assistance au recouvrement des victimes d’infractions (SARVI), à la Chancellerie
Le 14 octobre 2008, installation du comité de réflexion sur la rénovation des codes pénal et de procédure pénale
A lire ou relire sur Bakchich.info
"la magistrate s’est mise en congé maladie !!!!"
Celle là, il faut la lire pour y croire. C’est une évidence pour Nicolas Beau et Laurent Macabies que lorsqu’on a un coup de mou, on se met en congé maladie ?
Et le juge Burgaud, il a fait quoi après Outreau ?
Les juges se sont éloignés de la population par leur suffisance, mais surtout par leurs prises de position politique, qui fait que dans l’esprit de tout le monde, il est évident qu’on prend moins de risque à taper sur une vieille pour lui voler son sac à main que d’être un bon franchouille qui sort du Restau à 0.8 grammes.
500 juges qui écrivent d’une seule plume ? J’ai l’honneur de vous faire savoir que les français n’en ont rien à foutre, voire qu’ils apprécient assez de voir la ministre beurette se payer la tête de nos énervés du marteau.
Ce qui m’insupporte le plus ce sont les différents collaborateurs de Dati qui nous expliquent en permanence que ce sont les français qui veulent ces " réformes " (carte judiciaire ,loi sur la récidive etc…….)
Depuis quand les français veulent moins de justice ? avec moins de magistrats ? avec moins de tribunaux ?
Savez vous que vous risquez 4 ans de prison , si on vous chope avec 2 grammes de shit et que c’est la deuxième fois ? et qu’un présumé pédophile , qui s’est fait arrêter chez lui avec des images porno d’enfants , n’a été condamné qu’a du sursis ?
Est-ce que c’est ça que veulent les français ? Que maintenant , quelqu’un qui habite à la campagne devra faire minimum 50km afin de se rendre au tribunal ?
Je ne crois pas que les français voulaient ça..