L’insubmersible parti radical valoisien n’est pas mort. On n’enterre pas d’un coup de pelle le plus vieux parti de France. Dernière émergence de cet iceberg politique, le rapport Rossinot sur la laïcité dans les services publics, rendu le 20 septembre au ministre de l’Intérieur. Passé un peu inaperçu, coincé entre déclarations de campagne, envolées contre les magistrats et querelles migratoires, ce texte de 50 pages (annexes et introduction comprises) a provoqué quelques remous… au sein du placide parti radical.
« Le texte est à la limite du racisme, on stigmatise une population, les quartiers sensibles et la religion musulmane », crache un ponte valoisien. Le mot islam ne figure certes qu’une fois dans le texte, mais les références à « l’intégration », « à l’immigration » sont un peu suspectes. Surtout quand la laïcité se veut « une chance et une garantie contre les discriminations », et non la mise à l’index d’un groupe.
Au cœur du groupe de travail chargé de la rédaction du texte, la version finale présentée à Nicolas Sarkozy a fait grincer des dents. Membre de la commission Stasi, membre du bureau national du parti radical, Hanifa Chérifi avoue ses réticences face « ce qui est écrit dans le rapport ». « Il y est un peu trop question de population en mal d’intégration ». L’inspectrice de l’Éducation nationale s’en est même ouverte à son président André Rossinot, en vain. « Mon point de vue était minoritaire et n’a pas été pris en compte ». Ni sa volonté de ne pas figurer au « générique de fin » du texte d’ailleurs. Qu’importe après tout. « Ce rapport n’a aucun impact ni aucune portée ».
Un avis partagé par le Parti radical lui-même. Si le-dit texte figure en une de son site Internet, personne au siège de la formation politique, n’a été capable d’expliquer à Bakchich, l’intérêt du rapport Rossinot.