Le polar "Indices" est une plongée en apnée dans le joli monde de la télé. Celui qui ronge les hommes de gloires factices en déchéances assurées, allant même jusqu’à tuer les plus jolies présentatrices…
Marc Welinski est un observateur qui aime scruter son objet sans être vu de celui-ci. Son roman, Indices, examine le microcosme d’une chaîne de télé au périscope. A grande focale. Pas vraiment du genre à attraper les mouches avec du vinaigre. Plutôt adepte à les regarder évoluer dans leur milieu naturel.
Vous l’aurez compris, l’auteur qui à travaillé à France Télévisions de 1996 à 2000 s’est escrimé à décrypter les battements d’ailes de la ruche médiatique. Au moyen de l’intrigue policière.
Tout démarre par la découverte du corps gisant d’Odile Saint-Léger, jeune et prometteuse animatrice télé. La trame scénaristique rembobine le parcours de cette Martiniquaise, dont le destin au sein de la chaîne TVF est greffé à celui de Julien Weber, vieux de la vieille, producteur aux abois de « Contrechamps », dont l’émission s’effondre. Par un concours de circonstances, l’homme usé par 20 ans de métier confie son bébé agonisant à la « pute mulâtresse », telle qu’elle se définit, en dernier espoir. De là commence sa fulgurante ascension tout comme les signes annonciateurs de sa mort prochaine.
Le style sobre et rythmé permet au lecteur de rentrer de plein pied dans cet univers impitoyable. Les évolutions du tandem Julien Weber-Odile Saint-Léger servent de pont à une observation du milieu télévisuel. Ainsi, on découvre la « salle de torture » qui guillotine les animateurs au moindre mauvais résultat, le PDG Byron logé au dernier étage sous une coupole de verre et « le Cardinal » Salvatorelli, directeur de la programmation de TVF, qui se croit le premier moutardier du Pape. A cela s’ajoutent les collusions avec le milieu politique, dont la révérence envers le Président Norbert Sylvert constitue la prière quotidienne de survie des journalistes de la chaîne privée.
Tout sonne vrai comme du vécu qui avait besoin d’être exorcisé. Où coule le plâtre tiède des petites bassesses humaines. « Ce quelque chose qui pue à TVF » se confond au nauséabond de certaines de nos chaînes télés. Preuve que le meilleur moyen de parler de réalité, c’est encore de l’inventer.
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