Le ministre de la Défense a fait des pieds et des mains pour participer au concert de soutien aux journalistes de France 3 pris en otage… Mais il n’est pas le seul responsable politique à avoir téléphoné à la direction de France Télés.
Hier soir au Zénith de Paris, se tenait le grand concert de soutien à Stéphane Taponnier et Hervé Ghesquière, les deux journalistes de France 3 pris en otage en Afghanistan depuis 300 jours, retransmis en direct. Les téléspectateurs ont pu profiter du défilé des artistes, des animateurs de France Télévisions, et d’autres personnalités comme Ingrid Betancourt apportant tous leur soutien aux grands reporters détenus à des kilomètres…
Mais d’autres auraient voulu participer à ce grand show à la sauce charity business, en affichant ainsi leur trombine dans le poste : les responsables politiques. Ils sont en effet nombreux à avoir harcelé au téléphone la présidence de France Télévisions durant plus d’une semaine. « C’était un bon test pour savoir comment allait réagir notre nouveau PDG, Rémy Pflimlin », remarque un cadre de France Télé. Jusqu’au bout, le pressing téléphonique des uns et des autres fut intense. Mais celui qui détient la palme, c’est Hervé Morin, le ministre de la Défense. Alors que la rumeur le dit partant au prochain remaniement ministériel, une petite communion télévisuelle ne peut pas faire de mal !
Au final, Pflimlin a accepté la présence de tous au Zénith, mais aucun responsable politique n’a eu la possibilité de pouvoir s’exprimer en direct. Étaient présents le socialiste Jean-Paul Huchon, président de la Région Ile-de-France, ou le secrétaire général du Parti Communiste, Pierre Laurent. Le premier a tout de même réussi à déclarer à l’AFP : « Avec une telle foule, ce qu’on espère, c’est que les choses vont se dénouer un peu et qu’ils auront un peu d’écho de la musique de ce soir ». Quelle inspiration… Mais c’est le ministre qui eut le droit à un accueil digne de son rang : avant le début du concert, Hervé Morin a rencontré les familles des deux journalistes. Puis, à 20 h 53 exactement, il fut le seul responsable politique à apparaître à l’antenne. Enfin… Ce fut furtif. À peine quelques secondes, un plan de coupe durant le discours de la journaliste Florence Aubenas, ancienne otage en Irak.
Un peu comme un sparadrap qu’on a du mal à enlever, le ministre était assis dans le public juste aux côtés de Rémy Pflimlin. Mais lors du plan de coupe, les deux hommes étaient dans l’ombre… Ironie, quelques quelques minutes après, ce sont les anciens responsables de la télé publique, Patrick de Carolis, et son fidèle second, Patrice Duhamel, qui eurent les honneurs du réalisateur durant quelques secondes, bien mieux placés dans le public, car eux étaient bien sous la lumière des spots. Sans doute un réflexe de professionnels de la télé…
D’ailleurs, durant toute la soirée, les journalistes de France Télévisions n’ont cessé de rappeler que les otages étaient de grands professionnels qui n’avaient pas pris de risques inutiles – « Ils ont 25 ans d’expérience derrière eux, je tiens à le souligner », rappelait ainsi la présentatrice Elise Lucet – contrairement à ce qu’estimait en début d’année, le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, qui avait alors fustigé leur « imprudence coupable ». Pas sûr que la présence d’Hervé Morin dans ce show teinté (un peu) d’anti-sarkozysme plaise au grand vizir de l’Élysée.
Lire ou relire dans Bakchich :
Quelquechose cloche dans toute cette histoire …
Le sort de Taponnier et Ghesquière est tout à fait malheureux et il est normal d’en parler … comme il serait normal de parler autant de tout otage français …
Pourtant, comment expliquer une telle mobilisation des artistes ?
Vous allez dire que je suis mauvaise langue mais j’ai peur que cet engagement ne soit pas sans arrière-pensées…
Un artiste sollicité peut-il raisonnablement refuser sans risquer de voir son prochain album / film / bouquin se faire démonter par les médias ?