10 ans après la fin de la guerre civile, le pays est toujours enlisé dans la violence des gangs. A travers une galerie de personnages, Anita Blumer dresse un tableau de cette criminalité urbaine endémique.
Focus sur un petit pays d’Amérique du sud au festival des droits de l’Homme avec « Buenos Dias, nous continuons la guerre ». Film qui a reçu le prix spécial du jury en 2010.
Le combat d’une mère pour juger les bourreaux de sa petite fille constitue le fil rouge du film. Des témoignages éprouvants, notamment celle de cette mère qui, interrogée, revit le drame : après avoir été kidnappée, sa fillette a été violée et tuée. Décidée à se battre, elle cherche les coupables et porte plainte. Une entreprise incertaine, on apprend que seulement 3% des assassinats débouchent sur une condamnation dans un pays rongé par la pauvreté et la corruption.
Quand on n’a pas le sou dans ce pays, profondément inégalitaire, difficile de se faire entendre. Mais aidée par la Fondation Sobrevivientes, deux femmes seront condamnées à 50 ans de prison pour kidnapping et meurtre. Au préalable, un procureur sera assassiné. Mais la justice, pour une fois, tient bon, et condamne. Depuis l’affaire est en appel et malheureusement l’enquête piétine. Car d’autres suspects ont depuis pris la fuite ou n’ont même pas été approchés. Et notamment un « gringo », un Américain, qui aurait commandité le rapt et aurait abusé de l’enfant.
La mère et les responsables de la fondation sont régulièrement menacées par les gangs. Elles ont font part à la télévision, médiatisant leur combat. Leurs mots d’ordre : « Se soulever contre ceux qui tuent et abusent des enfants. Dépasser la peur, si présente dans la société guatémaltèque. »
On dénombre 100 homicides par semaine au Guatemala. Les ados et les jeunes paient le plus lourd tribut, on les appelle « les jetables ». La violence de tous les jours, celle des journaux, de la télé, celle des pauvres qui s’entretuent, c’est l’objet du film. La vie ne vaut pas grand chose et pas grand monde ne s’en soucie. Changement difficile ou impossible. Reste à comprendre, filmer, témoigner et peut-être espérer une prise de conscience, un jour. Pour l’heure, la mort est banalisée.
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