Le film sur le dessinateur Siné "Mourir ? Plutôt crever !" sort en salles le 13 octobre. Bakchich a rencontré la réalisatrice Stéphane Mercurio et l’acteur principal… Bob Sinet.
Sexe, pinard et jazz… Suivre les turpitudes du sulfureux Maurice Sinet alias Bob alias Siné pendant deux ans (septembre 2007 à décembre 2009) n’est pas une sinécure. Pour s’y coller, Stéphane Mercurio, réalisatrice de documentaire engagé (« Hôpital au bord de la crise de nerfs », « Cherche avenir avec toit », « À côté »…), et fille de Siné.
Sans jamais verser dans la caricature, « Mourir ? Plutôt crever ! » dessine le portrait d’un dessinateur octogénaire qui a passé sa vie à brandir un bras d’honneur à tout compromis. De son éviction de Charlie par Philippe Val, à la fin de Siné Hebdo, en passant par ses rencontres avec Prévert ou Malcom X et son engagement contre la guerre d’Algérie, Mercurio suit les "chat-pitre-ries" en jonglant malicieusement entre le passé et le présent pour mettre en évidence les perpétuelles luttes (et turluttes) de son mécréant de père.
Le résultat : 94 minutes parfois un peu bordéliques -ce qui colle parfaitement à son sujet- et destiné surtout aux "Siné-philes" désireux d’en apprendre plus sur la vie chargée et l’œuvre hilarante du bonhomme. Le film se termine comme il a commencé : Benoît Délépine (éminent Grolandais) et Siné vont au cimetière de Montmartre pour organiser une joyeuse incinération entre copains. La future tombe envisagée par les galopins ? Un splendide doigt d’honneur brandi de sous la terre. Ainsi soit-il !
Siné,comme beaucoup d’icônes vieillissantes,a fini par sombrer dans l’autocélébration,continuelle dans ce film.
Et il se contredit quand il dit qu’il a toujours laissé passé tous les dessins(on sait qu’il a avoué en avoir refusé au moins un en début de parution de Siné Hebdo,sans parler du départ de Rémi qui a qualifié l’hebdo de journal de petits bourgeois chiants,préférant se consacrer entre autres à sa contribution à CQFD,l’organe provisoire de l’internationale erroriste). Catherine Sinet,dans diverses interviews,avouait que le but était d’éviter les procès(pari tenu,pas un seul procès n’a été intenté contre Siné Hebdo durant sa brève existence),on est loin de ce que raconte Sinet quand il affirme avoir poussé les dessinateurs à faire preuve de la plus grande virulence possible et à se lâcher.
Bref,comme à chaque fois qu’un type se prend pour une légende,il y a beaucoup de mythe pour venir suppléer la réalité. Dommage,l’oeuvre de Siné était en soi suffisamment intéressante pour qu’il n’ait pas besoin de tomber dans ce genre de facilités.