En 2007, la banque Lehman Brothers acquiert la moitié de la rue de la République à Marseille. Le géant promet des rénovations à la mairie, qui commence des travaux pour satisfaire son généreux acheteur. Depuis, rien.
Outre-Atlantique, les grands financiers ont toujours eu un petit faible pour Marseille. Voire une franche addiction. Une dépendance bien antérieure au rachat par la banque américaine Lehman Brothers de près de la moitié de la rue de la République, artère haussmanienne qui relie le Vieux Port aux docks.
Au sortir de la guerre et jusque dans les années 80, les yuppies yankee s’éclatent les veines et la tête avec l’héroïne marseillaise, de la French Connection. A croire que le sevrage fut trop rude. Les lointains héritiers des rois de la finance revinrent vers Phocée au tournant du XXIe siècle. Avec leur nouvelle came, la spéculation immobilière.
Si addictive qu’elle a failli faire éclater tout le système bancaire mondiale, dans le sillage du crash de son symbole, la banque d’affaires Lehman Brothers (LB).
A force de jouer à la roulette russe sur les marchés, le 5e établissement d’investissement américain -tout de même- s’est retrouvé en faillite, le 15 septembre 2008. Depuis sa chute, une litanie de procès décryptent petit à petit l’étendue des turpitudes de ses dirigeants.
A l’instar de la Class Action (action collective) lancée devant le tribunal du district de New York le 30 octobre 2009 par 67 actionnaires chafouins (voir encadré en fin d’article). Une procédure qui dévoile que Lehmann prend depuis bientôt trois ans les dirigeants marseillais pour des jambons !
Tout à leur rêves de refondation du centre ville, les cadors du Vieux Port croient possible de transformer la vieille et populeuse artère haussmanienne en avenue chic. Et au passage à modifier population et électorat. Secteur clé de la ville, le quartier qui s’étend du Panier au Vieux Port la porte d’Aix a une fâcheuse tendance à voter à gauche. À l’investisseur Eurazeo échoit la charge d’amender la partie basse de la rue, tâche que l’émanation de la banque Lazard a menée à bien. À Lehmann Brothers ; l’accès vers les docks.
En 2007, selon les documents consultés par Bakchich, Lehmann délie sa bourse afin d’acquérir un petit pied-à-terre à Marseille : 135 millions de dollars contre 600 logements, 50 000 m2 de bureau. La moitié de la rue de la République passe sous étendard américain sous les hourras de la mairie de Marseille.
"Ce ne sont pas des opérations de spéculation pure et dure mais des gens qui ont la volonté de valoriser leur patrimoine, clame alors Jean-Claude Gondard, secrétaire général de la ville. De telles signatures financières redorent encore plus l’image de Marseille. " Évidemment.
Pour faire bonne accueil aux invités yankees et à sa filiale française Atemi, la mairie collabore avec entrain. Et ripoline joyeusement la Rue de la République. Élargissement de trottoirs, passage du nouveau tramway, réfection de la chaussée… expulsion de locataires gênants. Au moins 300 familles délogées. Le pouvoir public fait le boulot. Y compris le sale. Après tout, Lehmann a promis de casquer 100 millions pour refleurir son coin de République.
Las, aucun échafaudage ne vient décorer les murs de la rue. Ni rafraîchir les noirâtres façades des immeubles qui ponctuent la vue des passants, du rond-point Sadi Carnot à la Joliette. Seuls quelques filets verts apparaissent ici ou là. Pour empêcher que des volets ou des pierres ne chutent… A l’intérieur même des bâtiments, nul gros œuvre n’a été initié, malgré la crainte des associations, notamment en centre ville, de voir le patrimoine vendu à la découpe. La grande curée n’arrive pas.
En mai 2008, Lehman Brother se contente d’une opération qui ressemble fort à une opération "de spéculation pure et dure". La banque cède ses biens à son propre fonds d’investissement immobilier Lehman Brothers Real Estate Partners (LBREP pour les intimes). Pour 150 millions de dollars, soit une plus-value de 19%… qui engendrera la Class Action américaine.
Quatre mois plus tard, le géant américain est liquidé. Mais pas son fonds LBREP, ni sa filiale Atemi. Lesquels, sur Marseille, restent discrets. Et continuent à gentiment louvoyer. Sans que la mairie pipe mot… Jusqu’en mai dernier.
Tout colère de constater que son pharaonique projet de rénovation n’avance pas, le maire Jean-Claude Gaudin convoque le 6 mai le boss d’Atemi, Guy de Boisgrollier et le patron du fonds immobilier, Mark Newman. Le grand bandit poursuivi par ses actionnaires aux Etats-Unis est reçu à la mairie. Et les élus de se faire menaçants. Si aucune rénovation n’est entreprise, ils pourraient se fâcher. Tout rouge. Voire songer à des mesures de rétorsion, "de la préemption d’appartement à l’expropriation des biens" décrit alors la Tribune.
Des extrémités très vite repoussées. Toujours selon la Tribune, un protocole d’accord pour une reprise de travaux serait même signé le 6 mai. Le chouchou de Gaudin, son premier adjoint Roland Blum annonce alors que "Tout devrait être terminé pour la fin de 2013". Six mois plus tard en novembre, aucun travaux n’a été lancé. Un arrêté d’insalubrité a même été imposé sur l’îlot 21, qui menace de s’effondrer.
Contacté par Bakchich, Roland Blum, qui affiche fièrement dans son site l’annonce de la signature d’un protocole d’accord, renvoie gentiment à la presse parue. Et à son cabinet, bien incapable de détailler ledit protocole d’accord ou d’assurer qu’un accord a bien été trouvé ! Directeur général d’Atemi Méditerranée, Jean-Claude Aznavour n’a pas répondu à nos sollicitations.
"Franchement ça devient n’importe quoi. Pour terminer la rénovation la rue de la République, l’urgence est de se débarrasser de Lehmann Brothers, pointe un opérateur marseillais. Mais la mairie ne bouge pas. Soit elle ne comprend rien au film, soit elle négocie quelque chose. Mais quoi ?"
En attendant, les expulsions ont repris. Début octobre, une famille chinoise a été délogée par les forces de l’ordre. "La promesse de l’ancien préfet Frémont de ne pas expulser tant que des travaux de rénovation n’était pas acté a été rompu par le préfet Sappin, peste Patrick Lacoste de l’association un centre ville pour tous. Mais pourquoi expulser quand aucune réfection n’est annoncé ?" Parce qu’une habitation se détériore plus vite quand elle est inhabitée.
Malgré leurs procès aux États-Unis, Mark Newman et ses associés cherchent à réaliser une nouvelle bascule. Racheter, à prix cassé, la dette d’acquisition des immeubles de la rue de la République, créance détenue par… la filiale allemande de Lehman Brothers. Négociations en cours, a confirmé à Bakchich l’avocat des plaignants américains, Ted Parker. Et que la dégradation du patrimoine ne peut que faciliter.
Lehman n’a pas fini de faire banquer la République…
District sud de la cour de New York. Depuis le 30 octobre 2009, 67 actionnaires de Limited Partners de Lehman Brother Real Estate Partners (LBREP pour les intimes), fond immobilier créé et contrôlé par la Banque Lehman, décident d’attaquer leurs dirigeants devant la justice.
Les "Partenaires limités" se trouvent un peu chafouins d’avoir injecté 54 millions de dollars en pure perte et avec une information tronquée dans la boîte. Une fort audacieuse manœuvre des dirigeants de LBREP, Mark Walsh, Brett Bossung et Mark Newman, les rend particulièrement aigres.
Toisant de très haut la crise de l’immobilier, les trois lascars font débourser au fonds 1,005 milliard de dollars pour racheter 26 portefeuilles d’actifs à Lehman Brothers. Dont les immeubles marseillais de la rue de la République. Une aubaine pour la banque, ravie à trois jours de la clôture des comptes semestriels, de voir rentrer un peu de fraîche, d’autant que lesdits produits n’avaient était achetés que 848 millions. Bonus garanti après un tel succès pour les boss du département immobilier de Lehmam : MM. Walsh, Bossung et Newman ! Conflits d’intérêt se traduit aussi en anglais.
Et se chiffre : 65 millions de dollars réclamés par les plaignants, selon l’un de leur avocat, Ted Parker."Les épargnants ont hérité des pertes de Lehmann sur le marché immobilier". Un battement d’aile judiciaire aux Amériques qui ne provoque pour l’instant aucune tempête en Méditerranée.
Rappelez moi qui est le maire de cette pétaudière ?
Ah oui c’est cette gourdasse de Gaudin.
Il faut être crédule comme un marseillais pour voter pour une caricature pareille !
Vous en avez rêvé, l’UMP vous l’a fait, alors finies les pleurnicheries, casquez maintenant et taisez vous !
A Marseille on utilise l’expression : "Tu me prends pour un américain ?" quand par exemple, assis à la terrasse d’un Café, l’addition est un peu trop élevée et qu’on soupçonne le commerçant de faire son beurre sur le dos des touristes un peu trop crédules…
Et bien cette fois, les américains, ce sont Gaudin et sa bande, qui nous claironnaient à tout bout de champ que l’avenue de la république devait être "nettoyée", ils allaient presque nous ressortir le Karcher à Sarko…
Et bien c’est eux qui se sont fait nettoyer dans l’opération, et surtout les marseillais dont les impôts locaux ont servi à payer les "couillonnades" immobilières de la mairie…
Pour le coup, les américains de Lehman Brother ont trouvé les pigeons idéaux…
Ce serait risible, si cela ne se passait pas au dépends des habitants.
Ce qui sera intéressant c’est de voir quelle pirouette verbale l’UMP va nous pondre pour justifier ce Fiasco et couvrir leur incompétence ?
La faute aux "ptit vieux" qui ont refusé de se faire expulser en temps et en heure ? La faute aux roms qui demandent l’aumône au feux-rouges ? La faute aux 35 heures ? La faute à la gauche ?
Bref, on attends de voir qui sera le bouc-émissaire cette fois-ci…