Malgré la victoire de l’OM en finale de la coupe de la Ligue, les affaires continuent d’empoisonner le petit monde politique. Et le Muselier de se prendre les pieds dans le Guérini.
Raté. La Provence n’a pu consacré toute sa une de dimanche 28 mars à l’évènement que tout Marseille a attendu 17 ans durant, une victoire de l’OM dans une compétition officielle. La victoire 3-1 du plus grand club du monde contre Bordeaux en finale de la Coupe de la Ligue a évidemment trusté les plus gros titres.
Mais l’annonce d’un papier sur la couverte a aussi créé beaucoup de remous. « Méchante embrouille aux Catalans », nom d’un célèbre quartier de la ville et un renvoi en page 18. Faits divers ? Bagarre de rue ? Du tout…crise politique !
Quand samedi midi, un beau soleil arrosait la terrasse du Cercle de Nageurs Marseillais, haut lieu de la bourgeoisie et de la franc-maçonnerie du coin, une violente engueulade a éclaté entre deux sommités de la ville. Renaud Muselier, dit Lou ravi, éternel dauphin de la politique marseillaise, député (et non maire) du 4e/5e arrondissement et Alexandre Guérini, frère de Jean-Noël, président socialiste du conseil général, homme fort influent de la fédération et croque-mitaine tant des médias du Vieux Port que des politiques locaux… Noms d’oiseaux, intimidations physiques, torses bombées, une « engatse » dans la plus pure tradition des cakous marseillais… Avant que les deux hommes s’en aillent à leurs occupations. L’accueuil du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, pour « Muso ». Quelques longueurs de bassin, propices à la détente, pour Alexandre.
Un peu sur les nerfs après l’ouverture d’une information judiciaire quant à son rôle dans l’attribution des marchés publics, perquisitionné à trois reprises, deux à son domicile, une dans sa société, "Alex" se révèle un peu chatouilleux ces derniers temps. Tout comme son frère Jean-Noël (voir encadré). Ne comprenant pas pourquoi le juge Charles Duchaîne (voir encadré) ne l’a pas encore convoqué, ni pourquoi autant d’infos sortent sur lui dans les médias, l’homme tourne comme un glaçon sans mauresque. Et rumine contre « le complot politique » dont il se pense victime, la malveillance des journalistes, des gendarmes, du proc’…et de Muselier qu’il soupçonne d’avoir rédigé avec le patron d’une grande entreprise de propreté implanté de le sud, les lettres anonymes qui ont déclenché les enquêtes.
Quand Lou Ravi Muselier a toujours en travers de la gorge l’élection à la présidence de la Communauté urbaine de la ville fin 2008. Pourtant assis sur une large majorité, Renaud avait raté la marche et le socialiste Eugène Casseli avait été élu. Bien soutenu par les frères Guérini et le maire Jean-Claude Gaudin.
« Je n’aurais pas du m’énerver, mais le voir ricaner à mon passage ça m’a fait dégoupiller, plaide Alexandre Guérini, joint par Bakchich. Je lui ai dit ce que je pensais de ce qu’il racontait sur moi. J’aurais du aller directement nager. En revanche, je ne l’ai jamais menacé. »
Pas franchement fiérot, l’entourage du garçon s’attendait à une telle réaction. "« Les réseaux de Muselier, l’accusent d’avoir mis en place un système mafieux. Et dès qu’on touche à la famille, Alex s’énerve… »"
Voilà Muselier quitte pour une peur bleue - « C’est la première fois que je suis menacé en direct », a-t-il déploré dans la Provence- et une série de coups de fils. A Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, au procureur de la République de la ville Jacques Dallest et au préfet de Police Philippe Klayman.
Pas sûr que la fin de 17 ans de disette de l’OM suffise à calmer les rancunes accumulées aux pieds de la Bonne mère.
« Rude », « chasse aux sorcières », « désignation des espions ». L’ambiance a apparemment été sympathique au conseil fédéral des socialistes de Bouches-du-Rhône, lundi 15 mars. Malgré le ballottage très favorable de la liste PS dans la région Jean-Noël Guérini était sur les dents contre son rival rose Patrick Mennucci. A cause des enquêtes judiciaires qui visent toutes les institutions tenues par les socialistes et dont la reprise est annoncée comme imminente ? Ou du refus de Michel Vauzelle, président de région sortant de nature docile, de placer ses fidèles sur les listes fusionnées pour le second tour ? Dans le deux cas, Nono soupçonne son rival socialiste Patrick Mennucci d’être à la manoeuvre. Epineux
Le juge marseillais Charles Duchaine croule sous les dossiers sensibles politiquement, tant pour la droite (corruption d’élu sur la côté d’azur) que pour la gauche (marchés publics des ordures phocéennes). Et bien du monde lui souhaite des vacances, si possible loin des procédures. Au point que la bienveillante rumeur du Vieux Port a même fait état de son déssaisissement. Raté. Mais le salut pourrait venir de Paris. Et la création d’un poste sur mesure pour le médiatique et kamikaze magistrat. Patron de la future agence des gestion et recouvrement des biens saisis. En somme la gestion du grisbi confisqué aux gros bonnets pendant les procédures. "C’est vrai qu’il a le profil", confesse-t-on à la chancellerie. "Mais cela lui suffira-t-il à lâcher ses dossiers", s’interroge un flic marseillais. Las, le texte qui doit mettre sur pied ce pôle ne sera pas adopté avant le printemps. Le temps de faire le ménage…
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