L’ensemble des finances publiques accusera cette année un déficit de 130 milliards € et l’année prochaine nul ne sait ce qu’il en sera. Eric Woerth enrage !
Dire que la dernière note de conjoncture de l’Insee annonçant que l’économie française est en récession a été un scoop serait abusif. Tout le monde savait que la situation ne cesse de se détériorer depuis l’automne dernier et que rien ne semble en mesure d’enrayer l’inexorable chute de la production. Tous les indicateurs sont au rouge et le seul élément positif qui est le ralentissement de l’inflation, dont la conséquence devrait être une amélioration du pouvoir d’achat, passe totalement inaperçu vu l’ampleur du désastre sur le front de l’emploi.
Christine Lagarde a fait le service minimum en la matière, et Sarkozy a trouvé que pour une fois, elle avait été plutôt bien. Ses actions dans l’estime du chef de l’Etat remontent et de plus en plus de gens dans les couloirs de Bercy tablent sur son maintien après les élections européennes.
Cette perspective achève de démoraliser Eric Woerth. Lui qui se voyait déjà en haut de Bercy sent que d’autres vont réussir avec moins de talent…
Il est d’autant plus amer que la récession rend l’exercice budgétaire très compliqué. Ou à en croire certains très facile dans la mesure où plus personne ne se soucie du déficit budgétaire. L’ensemble des finances publiques accusera cette année un déficit de 130 milliards € et l’année prochaine nul ne sait ce qu’il en sera. Les services de Bercy sont en train de préparer le budget 2010 dans une sorte de sérénité du désespoir. Sur les dépenses, ils ont repris les propositions faites l’année dernière par les ministères dans le cadre de la programmation triennale des finances publiques sur 2009/2011. Ils ont simplement l’intention de corriger les montants en réalisant 10 milliards d’économie au titre de la révision générale des politiques publiques (la RGPP pour les spécialistes) et de la non-reconduction des mesures du plan de relance assumées en ligne directe par l’Etat.
Le vrai enjeu est l’évolution des recettes. Avec la récession, plus rien ne rentre. Les entreprises meurent les unes après les autres et l’impôt sur les sociétés fond comme neige au soleil. On parle d’une perte d’un tiers des recettes de cet impôt. Et pour faire le malheur de Bercy, les consignes venues de l’Elysée sont claires : pas de hausses d’impôts !!
Outre les conséquences de l’état général de l’économie, les recettes vont accuser le coup des promesses présidentielles sur la TVA et la taxe professionnelle. Sur la TVA, les 3 milliards filés aux cafetiers sont incontournables. En revanche, l’affaire de la taxe professionnelle est en train de prendre un tour granguignolesque. Après les espérances du début, le MEDEF est d’ailleurs résigné. Il ne se passera rien. Ce qui se profile maintenant à l’horizon, c’est une nouvelle usine à gaz présidentielle. L’idée de Sarkozy est d’en finir cette année une fois pour toute avec l’ISF, impôt scélérat puisqu’il gâche la vie quotidienne de Neuilly. Au passage, on supprimerait le bouclier fiscal, suivant ainsi les recommandations de certains dans la majorité. Et pour éviter de passer pour le défenseur systématique des riches, Sarkozy envisagerait de revoir le barème de l’impôt sur le revenu. A Bercy, les ordinateurs tournent autour de ces hypothèses avec un objectif : limiter les pertes de recette.
Quant à Woerth, il commente cela avec un mélange de lassitude et de détachement : « personne ne réalise que nous sommes en train de perdre le contrôle des finances publiques » est devenu son discours incantatoire. Pour une fois, il est certainement dans le vrai. Récession, récession, que de crimes … !!
À lire ou relire sur Bakchich :
Pourquoi soudain de nouveau annoncer que la France est en récession ? – 0,4% au 2e trimestre, -0,2% au 3e trimestre 2008, -1,5 au 4e trimestre de 2008. Rebelote au 1er trimestre de 2009 avec -1,2%, cela ne fait pas 2 mais bien 4 trimestres négatifs consécutifs. Pourquoi la France serait-elle plus en récession maintenant qu’en octobre ? Parce que la récession a passé la barre fatidique du 1% ? Ou parce que l’usage du mot « Récession » a finalement été approuvé en haut lieu dans le langage gouvernemental ? « Le gouvernement entérine une récession de 3% », titrait étrangement Le Monde du 16 mai. « Le gouvernement entérine » ? Comme on écrit l’histoire on écrit La Crise…. L’Etat est bel et bien revenu dans l’économie.
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