Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
COUPS DE BOULE

A boire et à manger

TVA / jeudi 30 avril 2009 par Séverin Buzinet
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

La baisse de la TVA est une bonne affaire pour les restaurateurs. Pour le client, faut voir…

Hervé Novelli ? Plus libéral, tu meurs. D’indigestion ? Ce n’est pas sûr. Rien n’indique qu’en annonçant la baisse de la TVA pour la restauration, le sous-ministre ait fait autre chose que carboniser 3 milliards d’euros pour tenir la promesse de Sarko.

DEMANDEZ L’ADDITION !

Une chose est certaine : quand on puise dans les rentrées fiscales comme au restaurant, il faut bien que quelqu’un règle l’addition. Et ce quelqu’un, c’est vous, c’est moi, c’est cet être d’une immense générosité que l’on appelle « le contribuable ». C’est bizarre, quand il s’agit de ne pas remplacer des instituteurs ou des fonctionnaires, le gouvernement ne manque jamais d’évoquer le soin qu’il prend d’alléger la note des contribuables. Là, d’un coup, il vient de l’alourdir de 3 milliards. Autant que l’aide fournie récemment à une banque en détresse, et pour donner un ordre de grandeur, payer le chômage partiel à plein salaire reviendrait, pour un an, environ quinze fois moins cher…

Cela permet en tout cas à Hervé Novelli, figurant de l’équipe gouvernementale, de donner un peu de consistance à sa silhouette politique, assez floue depuis que les « erreurs de jeunesse » qui l’ont amené à l’extrême-extrême-droite ont été pointées (même par ses « amis » politiques !) lors de la campagne interne de l’UMP pour désigner la liste des régionales dans le Centre. Son site perso (herve-novelli.com) se contente d’évoquer un « militantisme actif dans les mouvements anti-communistes », mais chacun aura compris, sous cet euphémisme, où il a rencontré son grand pote Madelin, et sans doute d’autres amis moins convenables. Certes, c’est Sarkozy qui, à force de tanner Merkel, a emporté le morceau. Mais l’occasion était trop belle pour son timide secrétaire d’État de passer à la télé, chose qui n’avait pas vraiment été possible lors de l’installation du statut d’auto-entrepreneur, gadget peut-être un peu trop technique pour fasciner le populo. Et dans les deux cas, l’emploi sert d’alibi : le succès de ce statut d’auto-entreprise n’a pourtant pas créé beaucoup d’emplois, vu qu’il sert essentiellement à des petits retraités pour exercer une activité lucrative et améliorer les fins de mois… Là, dans les restos, on espère 20 à 40 000 emplois, selon les flashes d’information. Chiche !

ENGAGEZ-VOUS !

Avant d’engager qui que ce soit, les restaurateurs se sont, paraît-il engagés eux-mêmes. Le mot d’ « engagement » est curieux : il s’insinue, petit à petit, dans nos pratiques politiques, au même titre que les « codes de bonne conduite » et les « déontologies » dont, apparemment, le gouvernement se satisfait dans ses rapports avec le Medef. En clair, cela signifie que la corporation ne s’est engagée à rien. Car, tous les commentateurs l’ont relevé, ces « engagements » n’ont aucune valeur de contrainte sur qui que ce soit, pas même sur les restaurateurs affiliés aux organisations professionnelles qui, paraît-il, se sont « engagées ». Baisser les prix sur sept articles ? On a cité le menu enfant (hors des vacances, où l’on propose pour le bambin un steak haché - purée - yaourt pour la somme non négligeable de 8 ou 10 €, ce n’est pas là le fond de commerce des restos : le menu enfant est absent de 9 menus sur 10 !), le café (qui « pourrait » baisser de quelques centimes, mais qui ne relève pas vraiment, lui non plus, de la restauration !) et, surtout, la bouteille d’eau minérale ! Là, on comprend clairement qu’on se paie notre fiole. Car même si sa facturation peut atteindre un prix délirant, la bouteille d’eau minérale n’a, pas plus que le café, rien à voir avec le métier de la restauration : c’est le ready made par excellence, du job pour limonadiers, avec pour signe particulier qu’on n’est absolument pas obligé de la consommer. D’abord, parce que, de façon générale, boire de l’eau en bouteille est un acte de gaspillage grotesque (du reste, effet des campagnes des écolos ou de la baisse du pouvoir d’achat, on en boit de moins en moins chez soi, et encore moins au resto) ; ensuite, parce que toujours et partout on peut demander la carafe d’eau du robinet, que le restaurateur est tenu de vous apporter, si possible sans tirer la gueule, mais ne demandons pas l’impossible.

Résumons : sur les sept « articles » visés par la baisse, en voici déjà trois dont le caractère marginal montre bien que les restaurateurs n’entendent pas vraiment faire profiter les clients de l’aubaine. Quand la télé les interrogent, ils sont soit évasifs (« mouais, faut voir … »), soit catégoriques (« pas question de baisser quoi que ce soit, mes prix sont déjà très serrés »), soit cyniques (« moi ? je vais faire des investissements, alors, baisser les prix ou embaucher un gars, ce n’est pas à l’ordre du jour … »).

POUJADISME NEW LOOK ?

C’est tout de même terrible, cette profession où des artistes et de bons professionnels côtoient tant de margoulins et de réchauffeurs de surgelés, car il faut rappeler qu’il n’est besoin d’aucun diplôme, d’aucune formation professionnelle pour pratiquer la restauration – et on s’en rend bien compte, par exemple, l’été, lorsque fleurissent d’infâmes gargotes sur le moindre quai de l’Atlantique et de la Méditerranée. Le vacancier s’y fait flinguer, et parfois empoisonner. Est-ce pour bénir cette tradition qu’on n’a pris, au ministère, aucune mesure contraignante pour garantir une quelconque contrepartie au gros cadeau que fait l’État, et qui justement s’appliquera à partir du 1er juillet ? Sans doute cela va-t-il bien avec une idéologie commune à la corporation et au ministre, et dont les thèmes essentiels ont toujours été la lamentation contre les charges, la haine du service public et des fonctionnaires, la célébration de la libre concurrence, et le clouage au pilori de toute réglementation, forcément tatillonne et bureaucratique, pour parler le jargon consacré. On aura reconnu la version new look du poujadisme de sinistre mémoire, qui, après tout, s’est recyclé dans l’aile droite de l’UMP en empruntant des chemins « anticommunistes », pour parler comme monsieur Novelli. Réclamée sur l’air des lampions depuis des années par le moribond Front National, promise puis réalisée par une droite soucieuse de puiser là une frange décisive de son électorat, la baisse de la TVA sur les produits de la restauration ne restaurera sûrement ni le déficit budgétaire, ni le pouvoir d’achat des clients, ni les chiffres de l’emploi. Au mieux, des patrons scrupuleux – il y en a, bien sûr – augmenteront légèrement les salaires de leurs employés, ou en profiteront pour les déclarer… On verra, ici ou là, le plat du jour baisser d’un euro. Les embauches ? personne n’y croit. Compte tenu des licenciements qu’entraîne la baisse de fréquentation liée à la crise, le solde sera certainement négatif.

Dans un secteur qui, avec le bâtiment, est réputé pour abriter le plus de clandestins et de travail « au noir », on attendait un « donnant-donnant » garanti par des textes, des décrets, un contrat véritable avec des conditions rigoureuses. Là, on n’a qu’un gros chèque en blanc, alors que ce secteur d’activité aurait mérité, comme tant d’autres, un soutien véritable face à la crise. Par exemple, augmenter le chèque-restaurant, ou, tiens, les salaires des clients potentiels : là, même s’ils ne vont jamais au resto, ils paieront la note.

À lire ou à relire sur Bakchich.info :

Dans la presse cette semaine, entre autres perles, « Le Figaro » cache des infos importantes.
Tiens, comme dirait l’autre, j’ai fait un rêve : sur les murs des stations de métro, dans les abribus, en pleine page des quotidiens, en bandeau sur les sites d’infos et les blogs, en spot à la télé, en annonce à la radio, un message puissant. Avec des (…)
Je te tiens, tu me tiens… Après avoir utilisé pendant des années des sans-papiers, des petits patrons sont aujourd’hui « solidaires » et veulent la régularisation de leurs salariés sans-papiers. Les autres employeurs se taisent pour l’instant ou, comme (…)

Ces derniers temps si vous allez au cinéma, vous verrez peut-être une publicité de Quick. C’est vrai que les fast-food n’ont pas la cote ces dernier temps.

Parmi les multiples attaques auxquelles doit faire face la restauration rapide, le rapport de (…)


AFFICHER LES
1 MESSAGES

Forum

  • A boire et à manger
    le jeudi 30 avril 2009 à 17:37, Phil2922 a dit :
    Le problème est bien là : Le gouvernement a donné un chèque en blanc aux restaurateurs qui ne vont pas embaucher pour autant, régulariser tous les Sans-Papiers qui triment aux cuisines, réduire de façon conséquente nos additions… !
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte