L’OM leader du championnat de France, un souci en moins pour son président Pape Diouf, coincé entre deux feuilletons. La prolongation du coach, Eric Gerets, et l’affaire Ribéry, qui, encore, rebondit.
En ce lundi matin, un doux soleil baigne tout le cœur des supporters du plus grand club de foot du monde, [1]. Encore victorieux à Lorient dimanche 19 avril, l’OM s’est solidement accroché à la première place du championnat de France de Ligue 1. Et fait les yeux doux à un trophée qu’elle drague – sans succès – depuis 16 ans : le championnat de France. Des années de vestes en passe d’être lavées, cela vous ensoleille la vie. Si, si promis.
Sauf qu’au-delà de la glorieuse incertitude du sport, et des défaites qui – ô malheur, ô damnation – pourraient priver le club du titre de champion de France, son président, Pape Diouf, a d’autres soucis à gérer. En coulisses.
D’abord arriver à faire résigner, sans trop casquer, l’entraîneur du club, Eric Gerets. Pas simple. Adulé par le public, fort de résultats plus que probant, le Belge jouit d’une aura considérable du Vieux Port au boulevard Michelet en passant par la Canebière et la Corniche. Face au scepticisme général, il s’est battu pour recruter un Brésilien qui évoluait en Ukraine depuis 8 ans, au nom propice aux railleries… Brandao. « Il change le visage de l’équipe ce mec », glisse un dirigeant du club. Et a encore offert la victoire, dimanche soir à l’OM.
Aucun supporter, ni observateur ne comprendrait que le Flamand s’envole. Une position plutôt agréable pour négocier, et d’autant plus inconfortable pour Diouf.
Rappelé à l’ordre par l’actionnaire majoritaire Robert Louis-Dreyfus cet hiver, le président de l’OM doit serrer son budget. Tout en ayant mandat de la part de RLD pour refaire signer Gerets. Une équation complexe. Augmenter le coach belge (déjà le coach le mieux payé de Ligue 1) pour qu’il resigne, oblige à se séparer de joueurs dans un effectif pléthorique (38 joueurs sous contrat). Un joli casse-tête qui provoque de belles migraines, et une nervosité inhabituelle chez l’ancien journaliste de La Marseillaise.
Pour ne rien gâcher, un vieux serpent de mer a ressorti la tête de l’eau ce week-end pour gâcher l’impassibilité Papale. Le maelstrom Ribéry dont Bakchich a tenté de suivre tous les épisodes… et que Libé a mis à sa une, dans son édition du week-end.
Et ce n’est plus « un petit site Internet en mal de publicité » [2], ni Entrevue qui se penche sur le dossier, mais un beau et bel écrit de gauche. Le tout sous la plume d’un journalisme confirmé et spécialisé dans les enquêtes, Renaud Lecadre.
Arrivé de façon rocambolesque à Marseille, parti de manière à peine plus lisse, Franck Ribéry a, deux saisons durant, enchanté le public du Vél’. Mais pourrit le quotidien administratif du club… et fait encore peser une petite épée de Damoclès au-dessus de Pape Diouf.
Deux documents notamment obscurcissent l’avenir de Diouf à la tête du club marseillais. Deux lettres signées de Ribéry, daté du 7 juin 2005 et du 2 novembre 2005 et reproduites ci-après.
En résumé, Ti’Franck reconnaît avoir été démarché par le président de l’OM quand il était encore sous contrat avec le club d’Istanbul, et être allé au clash en échange de 500 000 euros.
Une manœuvre qu’au moins dans leurs textes, la Fifa et la fédération française de football ne goûtent guère.
« Tout dirigeant, administratif, joueur, éducateur ou arbitre, convaincu d’avoir, de manière occulte, directement ou indirectement, proposé ou sollicité, remis ou accepté des avantages financiers, fait l’objet d’une sanction allant d’une année de suspension à la radiation à vie », précise l’article 205 du règlement général de la Fédération française. Quant à la Fifa, elle annonce que « Seront sanctionnées toutes les personnes soumises aux Statuts de la FIFA et aux règlements de la FIFA (officiels de clubs, agents de joueurs, joueurs etc.) qui agissent de façon à provoquer une rupture de contrat entre un professionnel et un club, en vue de faciliter le transfert du joueur. »
Encore un peu plus gênant, ces réservations de billets et cette fiche de renseignement. Officiellement, Ribéry n’avait le droit de signer à l’OM que le 15 juin 2005, sauf à ce que le club paie un gros transfert au Galatasaray d’Istanbul. Date qui a bien été apposée à son contrat, et défendue devant le Tribunal arbitral du sport. Or, la fiche de renseignement est datée du 14. Et les billets qui laissent penser que Ribéry n’était pas à Marseille le 15, jour de la signature du contrat.
Bref, si ces documents sont authentifiés, le contrat de Ribéry aurait été anti-daté. Un faux. Méthode qu’apprécient également peu les fédés nationales et internationales.
Mais, comme dirait l’autre, les règlements n’engagent que ceux qui y croient… Sauf que cet ensemble de documents se retrouve désormais dans divers dossiers et procédures. Auprès de la FIFA et de l’UEFA, dans les mains de la FFF, et dans le sac de la justice marseillaise, qui a ouvert une enquête sur le sujet en fin d’année 2008.
Pape Diouf n’en a pas fini avec ses migraines.
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[1] l’OM, n’en déplaise à certains
[2] comme Pape Diouf désigne Bakchich dans son livre d’entretien avec Pascal Boniface, Droit au but
Les sups marseillais ne sont pas bêtes, mais ils sont bien coincés en ce momment, obligés vus les résultats actuels de "suivre" Pape Diouf contre B.Heiderscheid, alors qu’il est évident pour tout le reste du monde que ce dernier a fait faire à l’OM la meilleure affaire de la décennie en L1.
Pourtant ce dernier bien s’est fait dérober au dernier moment les fruits de son opération par le tandem Bernès/Migliacio dans ce qui s’apparente à un hold-up de première catégorie, avec la bénédiction de Pape. Il n’a touché qu’un pourcentage sur les salaires de Ribery, qui aujourd’hui lui envoie des huissers pour en obtenir le remboursement.. de quoi motiver une certaine rancoeur non ?
BH n’est pas un ange certes, c’est un agent, mais tous les autres agents de FR ont touché des commissions sur les différents transferts, y compris John Bico. BH est le vrai dindon de la farce.
Que l’OM remporte son titre, mais que justice soit faite sur cette lamentable affaire.