Bakchich a retrouvé le marché public de sécurité entre le conseil général des Bouches-du-Rhône et la compagne du parrain Bernard Barresi, tous deux mis en examen pour extorsion de fonds.
La justice marseillaise bouillonne. Et la Juridiction interégionale spécialisée a apparemment décidé de faire sauter le couvercle. En parallèle des investigations sur les marchés publics d’ordure, dans lesquels Bakchich se prélasse depuis longtemps, le milieu du grand Banditisme a connu un gros écrèmage depuis ce week end. 21 personnes arrêtées, et des pontes du Mitan déféres mercredi 9 juin devant le juge d’instruction Philippe Dorcet.
Voisine de Roland Cassone, seul rescapé des guerres du milieu qui ont ensanglanté Marseille dans les années 80, la fratrie Barresi (Bernard, Franck et Jean-Luc) est connue bien au delà de la colline de Simiane Collongue et de la maison familiale.
Du côté de l’OM, où l’agent Jean-Luc a longtemps fait parler de lui. Sur les bords du Vieux-Port politique aussi, où Renaud Muselier n’a jamais démenti connaître la fratrie…Et jusqu’au Conseil Général tenu par le socialiste Jean-Noël Guérini.
Des liens longtemps susurrés mais que Bakchich a pu remonter. En retrouvant (après les juges), la femme. Une certain Carole-Evelyne Serrano, compagne de Bernard Barresi côté privé, mise en examen pour extorsion et placé en garde-à-vue côté justice, gérante de la boîte de sécurité Alba Sécurité côté business.
Et la dame Serrano n’est pas un jambon. 143 employés, plus de 4 millions de chiffres d’affaires en 2008, fournisseur de stadiers pour les matchs de l’OM au Stade Vélodrome…et détenteur joli marché public remportés avec le conseil général des Bouches-du-Rhône le 26 novembre 2008.
Alba assure le « Gardiennage sureté sécurité des sites déconcentrés du Conseil Général (circonscription de Marseille) » et hors circonscription de Marseille, comme en atteste le document retrouvé par Bakchich. Des jobs juteux. 1 million et 1,1 millions d’euros pour les deux lots attribués sous la haute égide de Jean-Noël Guérini.
Déjà un brin visé par l’enquête sur les attributions des marchés publics d’ordures, le patron des socialistes marseillais se retrouve avec un marché bien encombrant. Mais au moins a-t-il des pros du recyclage dans son entourage…
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Vingt-et-une interpellations, dont un homme en cavale depuis près de vingt ans, des yachts, des faux papiers, des armes de poing et des machines à sous saisis… La police judicaire a réussi, le week-end dernier, un vaste coup de filet dans le grand banditisme marseillais.
La scène est digne d’un grand film de banditisme. Samedi 5 juin, sous le soleil du Midi, une vingtaine de fonctionnaires de police prennent d’assaut, dans le port de Golfe-Juan, un yacht qui s’apprêtait à prendre la mer.
A son bord, trois hommes réunis avec femmes, enfants et amis : Bernard Barresi, en cavale depuis 18 ans. En 1994, il avait été condamné par contumace à 20 ans de réclusion criminelle pour "vol à main armée et association de malfaiteurs" après le braquage d’un fourgon blindé à Mulhouse. Egalement, Michel et Gérald Campanella, fichés au grand banditisme et soupçonnés de diriger des réseaux de machines à sous dans le Vaucluse, le Var et les Alpes-Maritimes.
Avec eux, dix-huit autres personnes ont été interpellées par les équipes de la police judiciaire de Marseille. Quatre yachts, 200 000 euros en liquide, des faux papiers, des armes de poing, des véhicules et un lot important de montres de luxe ont été saisis au cours de l’opération qui a mobilisé 170 agents. Une quarantaine de machines à sous ont également été placées sous scellés dans les bars de la région marseillaise.
Avec ce vaste coup de filet, la police judicaire vient-elle de porter un coup dur
Bouches-du-Rhône : premières mises en examen dans l’enquête sur les marchés publics
MARSEILLE — L’enquête au long cours sur les marchés publics des Bouches-du-Rhône a débouché jeudi sur de premières mises en examen, dont celle d’un proche d’Alexandre Guérini, patron de décharges et frère du président socialiste du département Jean-Noël Guérini.
Eric Pascal, PDG de la société de collecte des déchets Queyras Environnement, a été écroué pour des faits présumés de corruption active, escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, abus de biens sociaux.
"C’est une décision lourde qui risque d’anéantir le travail accompli par ce jeune chef d’entreprise et fait désormais courir des risques sur l’emploi à plus d’une trentaine de salariés", a regretté son avocate, Me Sophie Bottai.
Deux fonctionnaires des déchetteries de Cassis et La Ciotat, cette dernière étant gérée par Alexandre Guérini, ont également été mis en examen pour corruption passive et complicité d’escroquerie. Quatre autres personnes parmi lesquelles deux salariés de Queyras, dont le fils de M. Pascal, étaient aussi présentées jeudi au juge Charles Duchaine.
Les sept avaient été placés en garde à vue mardi à la section de recherches de la gendarmerie de Marseille, après une première vague d’auditions en avril.
La justice reproche à la société Queyras, fondée en 2004 à Aubagne, des surfacturations liées à des bons en blanc qu’auraient délivrés des déchetteries de la région marseillaise pour la pesée des bennes de collecte.
L’enquête sur Queyras avait été ouverte en septembre sur dénonciation anonyme, avant d’être rattachée à un dossier plus vaste portant sur des soupçons de trafic d’influence et prise illégale d’intérêts dans l’attribution de certains marchés publics des Bouches-du-Rhône.
Cette information judiciaire, ouverte contre X depuis avril 2009 à la suite de précédents courriers anonymes, avait débouché en novembre sur des perquisitions chez Alexandre Guérini, frère du président PS du département Jean-Noël Guérini, et dans sa société de traitement des déchets, ainsi qu’au conseil général et dans les locaux de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM). Mais aucune mise en examen n’était encore intervenue.
"Il s’agit d’une procédure construite par des lettres anonymes et l’accusation n’a pas apporté la preuve du préjudice allégué. C’est à se demander s’il ne s’agit pas d’une étape dans une affaire qui vise d’autres personnes", a souligné Me Sophie Bottai.
Eric Pascal, 46 ans, est un proche d’Alexandre Guérini. Il est aussi un ancien de la société de collecte de déchets Bronzo, filiale de la Société des eaux de Marseille qui appartient au groupe Veolia.
Toute cette affaire intervient alors que la filière des déchets dans la région marseillaise a connu des grèves à répétition sur fond de guerre commerciale et de rivalités politiques.
En novembre, juste avant la révélation des enquêtes en cours, une grève des éboueurs de Bronzo, liée à un appel d’offres de MPM, avait mis le feu aux poudres sur le Vieux-Port, le député UMP Renaud Muselier accusant la gestion socialiste de la communauté urbaine d’arrangements mafieux en brandissant le livre "Gomorra" sur la mafia napolitaine.
En décembre, un procès avait opposé Queyras Environnement à la société Sita Sud, filiale de Suez, pour le marché du tri sélectif de MPM, alors partiellement interrompu.