A l’issue du sommet du G20 et de la réunion de l’Otan, Super Sarko a donc décidé d’assurer lui même le service après-vente de son action au cours des derniers jours.
Les Français, et plus encore les étrangers, ne l’ont peut-être pas encore compris : ces deux événements ont été des succès considérables grâce à notre virevoltant président et non pas à cet usurpateur de Barack Obama qui a attiré à lui toute la lumière médiatique durant son séjour en Europe. Super Sarko a donc pu déclarer dimanche sur TF1 : « C’est un véritable nouveau monde qui est en train de se mettre en place ». Et puis cette phrase à encadrer et à afficher sous sa photo officielle dans tous les édifices publics : « De la même façon que la crise financière a créé du chômage, la régulation financière recréera les conditions de la croissance ».
C’est bien vrai ça. Chacun sait qu’il n’y avait pas de chômage en France il y a deux ans : à peine deux millions de personnes privées d’emploi. Chacun sait aussi que Super Sarko a été de tout temps partisan d’une régulation forte. Pendant la campagne présidentielle de 2007, il voulait assouplir les règles sur le marché du travail en expliquant que les rigidités empêchaient l’embauche. « Notre seul objectif est de le ramener sous la barre des 5%, vers le plein emploi. C’est possible si l’on rompt avec la politique de partage du travail. Au lieu de payer les Français à moins travailler (préretraites, dispense de recherche d’emploi, 35 heures), il faut les inciter à travailler plus. L’activité des uns crée le travail des autres », disait-il en mars 2007.
Quant à la mondialisation, il était là aussi favorable à une régulation, comme en témoigne ce passage d’un discours à Saint-Etienne en novembre 2006 : « La mondialisation est un fait. Il serait aussi vain de la nier ou de s’y opposer que de prétendre remettre en cause la loi de la gravité ou arrêter la course des nuages. La question n’est donc pas de savoir si la mondialisation est bonne ou mauvaise. Elle est de savoir si nous y sommes préparés. Le choix existe, car si la mondialisation est un fait, la subir n’est pas une fatalité ».
Et n’oublions pas la régulation financière. Là, Super Sarko avait fait très fort. « Il faut mettre en œuvre rapidement la réforme du crédit hypothécaire. Ce n’est quand même pas excessivement audacieux de proposer que les crédits immobiliers soient simplement et uniquement garantis sur la valeur des biens achetés », déclarait-il en 2005. Le mécanisme qu’il vantait ainsi était le même que celui des subprimes, ces prêts à risque qui sont à l’origine de la crise financière.
Tout ça est bel et bon mais les Américains et les Anglais ne veulent pas entendre parler de régulation financière. S’ils ont accepté que le G20 mentionne le sujet des paradis fiscaux, on a vu avec quel sérieux la liste de l’OCDE a été mitonnée. Pour mémoire, cette fameuse (fumeuse ?) liste comprend quatre pays : Philippines, Costa Rica, Malaisie et Uruguay. La place manquait sans doute pour ajouter Monaco, Andorre, le Liechtenstein, la Suisse, le Luxembourg, les îles Caïman sans oublier l’île anglo-normande de Jersey et Hong Kong.
Certains prétendent que notre président bien-aimé maltraite la langue française. En tout cas, il maîtrise suffisamment la rhétorique pour essayer de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
La théorie du sauveur cher à l’espèce humaine anime les espoirs calculateurs des patriotes de chaque côté des frontières. En cas de réussite, la béatitude règnera en maître chez les cyniques, mais aux vues de l’histoire, on peut sereinement présumer un retour de cette animalité chère au meurtre de masse légitime. Qui est vraiment à blâmer entre la minorité des hyperactifs défenseurs de tout et n’importe quoi et le gros de la chaire à canon trop occupé au jeu de vie à crédit ? Les grandes phrases pour éditorialistes en manque de magie ponctueront des soliloques face caméra, on ne distinguera plus les chaises vides des chaises musicales, les bouches n’auront plus de mots pour leurs boniments et les mains les plus amicales préfèreront le silence à la chaleur diplomatique. En devenant à la fois juge et victime, nous sommes tous devenus invisibles, en passant de la société du spectacle au spectacle des sociétés La suite ici : http://souklaye.wordpress.com/2009/04/01/bloc-note-le-bal-des-seconds-couteaux/
L’opération de communication élaborée pour corroborer un diagnostic commun face à la crise et, plus encore, les effets d’annonce coincés entre le miracle de la guerre et le mensonges tacite précédés laborieusement par un appel d’offre à la bonne volonté des peuples et le cœur de chacun, me rappellent le processus de récolte de fond de ces soirées de lutte contre les maladies immunodéficientes. Mais ce que je trouve le plus malhonnête dans la contestation de ceux qui en ont les moyens, c’est peut-être leur perpétuel étonnement de cocu et leurs revendications de mijaurées qui réclament un orgasme à un eunuque. La suite : http://souklaye.wordpress.com/2009/03/28/best-of-anticipation-le-g20-du-chacun-pour-soi/