Posséder sa maison est une composante importante du Rêve Américain, un symbole de réussite et de sécurité financière. Hélas, pour de plus en plus de familles, ce rêve a été brisé par la crise des « subprimes » ou des crédits hypothécaires.
Depuis le début de la crise des « subprimes », c’est-à-dire à l’été 2007, plus de trois millions d’Américains ont déjà perdu leur maison ou sont en train de la perdre. Quant à la crise économique en général, des experts prédisent que d’ici peu, plusieurs autres millions d’Américains rejoindront ceux qui pleurent leur logement envolé.
La crise des subprimes est le parfait exemple d’une autre faille de la ploutocratie : la corruption généralisée. On dit souvent à Washington que le vrai scandale n’est pas la corruption illégale mais la corruption légale. Cette crise trouve son origine dans l’abrogation de la loi dites Glass-Steagal que le Président Bill Clinton (encore lui) a signé en 1999.
Elle interdisait aux banques commerciales de posséder d’autres institutions financières, a fortiori celles qui s’adonnent à la spéculation. Cette loi avait initialement été votée sur initiative du Président Franklin D. Roosevelt, en réaction à la spéculation des banques qui avait déclenchée la Grande Dépression.
Pendant deux décennies, les banques et les grandes sociétés de l’immobilier comme de l’assurance ont dépensé des sommes faramineuses pour tuer la loi Glass-Steagal. Pour la seule année de 1998 — un an avant son abrogation — elles ont dépensé 300 millions de dollars en lobbying ! Sans compter leurs contributions colossales au Parti Républicain et au Parti Démocrate et à leurs candidats. Le tout en parfait légalité. Il faut d’ailleurs noter que le chef de la collecte des fonds pour la campagne de Barack Obama, le milliardaire de Chicago Penny Pritzker, possédait lui-même une caisse d’épargne qui a été l’une des pionnières dans les hypothèques « sub-prime » (cette institution bancaire est aujourd’hui accusée d’abus).
Effacer la loi Glass-Steagal a tout simplement permis aux banques d’investir dans les « hedge funds », ces fonds spéculatifs amateurs à rendements élevés mais avec des prises de risques maximales. Et ce sont justement ces « hedge funds » qui ont alimenté la spéculation sur les subprimes.
Les gérants de ces fonds figuraient parmi les nababs les mieux rémunérés de la ploutocratie. En 2007, le top 5 des managers de « hedge funds » a enregistré des revenus supérieurs à 1,5 milliard de dollars par tête de pipe tandis que le top 25 a gagné en moyenne 897 millions de dollars en 2007. Une hausse incroyable par rapport à l’année précédente au cours de laquelle ils n’ont gagné « que » 532 millions de dollars chacun. Cela signifie donc qu’alors que la crise économique se faisait déjà sentir, ces managers n’ont eu aucune difficulté à quasiment doubler leurs revenus déjà obscènes. Il faut ajouter que ces derniers et leurs laquais continuaient à vanter les mérites des hypothèques « subprimes » alors même qu’ils savaient que ce système était au bord de la faillite. C’est pourquoi le FBI, dans une enquête baptisé « Opération Hypothèques Malicieuses » a déjà arrêté 406 de ces spéculateurs pour fraude (dont soixante le 25 juin). 1 400 autres de ces escrocs sont également dans la ligne de mire du FBI et risquent d’être inculpés à leur tour.
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