L’avocat, le corbeau et les barbouzes

Ces dernières semaines, l’actualité de la barbouzerie a fait une large place aux intrusions informatiques dont ont été victimes Yannick Jeannot, ex-directeur des programmes de Greenpeace et le Laboratoire National de Dépistage du Dopage (LNDD) de Châtenay-Malabry.

Dans le premier cas, les spécialistes de l’Office Central Contre la Criminalité Liée aux Techniques de l’Information et de la Communication semblent garder le regard fixé sur EDF dont deux responsables de la « sécurité » ont été suspendus. Dans le second, ils ne savent pas trop par où commencer : c’est vrai qu’on ne compte plus le les forçats de la « petite reine » répertoriés dans la base de données du LNDD dont les urines avaient des couleurs non prévues dans le manuel..

En revanche, les médias se sont montrés beaucoup plus discrets sur l’infortune de Maître Frédérik Karel Canoy, lui aussi « visité » par le ou les sous-traitants de l’officine Kargus Consultants.

Notre « Colombo du Petit Porteur » a en effet appris très récemment par la presse, que l’ordinateur qu’il utilisait à son domicile privé, a été visité et piraté pendant 3 mois entre Mai et Juillet 2006.

Il a été entendu mardi 14 avril par les policiers de Nanterre qui , comme pour les victimes précédentes, lui ont finement suggéré que Kargus ou l’un de ses sous-traitants l’avait un peu ciblé. Puis les enquêteurs se sont surtout employés à lui poser des questions, laissant au juge Cassuto, le soin de répondre à celles qui brûlent les lèvres de l’avocat. A commencer par celles portant sur d’éventuels soupçons quant au commanditaire de l’expédition pirate.

L’oscar de l’intrusion informatique

Bien qu’il n’écarte aucune hypothèse, Maître Canoy possède un moyen simple de dresser la « short list » de ses favoris à l’Oscar de l’intrusion informatique : la date d’ouverture des dossiers de « class actions » à la française dont il s’est fait une spécialité et au titre desquelles il commence à se faire une petite réputation parmi certains caïds du CAC 40 un brin exaspérés. Par exemple, aucun des actionnaires de la Société Générale qu’il représente aujourd’hui ne lui avait encore confié de mandat puisque la « veste » à 5 milliards d’euros enfilée par Dany Bouton Le Mal Aimé, ne date –officiellement – que de février 2008, Au terme de vérifications chronologiques toutes simples, sa liste des possibles donneurs d’ordres de l’opération « Peep Show » s’est donc considérablement réduite.

Et quoiqu’il s’en défende, « Colombo » ne cesse de se demander si le maelstrom Vivendi ne pourraient avoir un rapport quelconque avec l’affaire. (cf. « Affaire Kanoy : dernier thriller produit par Vivendi Universal » – Bakchich 06/01/2009) D’autant que les tracts anonymes que reçoivent toujours les actionnaires de Vivendi qu’il représente, prennent une tout autre dimension depuis qu’il a connaissance d’avoir été espionné et piraté.

Un autre fait plus troublant dont il a peut être fait part aux policiers le 14 avril, renforce encore ses soupçons : les actionnaires de Vivendi qui lui confient la défense de leurs intérêts, reçoivent avec une précision quasi chirurgicale les nouveaux tracts du « corbeau » au fur et à mesure que leurs noms apparaissent dans les écritures qu’il communique à la partie adverse, les derniers venus ne recevant que les derniers tracts.

© Oliv’

C’est donc la liste des actionnaires figurant en préambule des conclusions de Colombo, qui sert de fichier de base aux élucubrations du « corbeau » qui roule, de toute évidence, pour Vivendi. Cette certitude est née de l’insistance avec laquelle le « corbeau » somme les actionnaires de Vivendi de se désister de leurs actions « périlleuses » selon lui, à l’encontre de cette dernière. Le nom de toutes les victimes des menaces du « Corbeau » figurait donc à un moment ou un autre dans les écritures de « Colombo ».

A une exception près et de taille, qui ne rassure pas particulièrement l’homme de loi. Il y a quelques semaines déjà, un nouvel actionnaire de Vivendi s’estimant lésé a voulu se joindre à la fête et a adressé un courrier assez confus en ce sens à « Colombo ». Pour diverses raisons, l’affaire ne s’est pas faite et le courrier de cet ultime petit porteur est resté au Cabinet de l’avocat, soigneusement rangée dans un classeur.

Un corbeau si discret

Son nom et ses coordonnées ne sont donc jamais apparus dans les conclusions expédiées par Canoy à la partie adverse. Quelle n’a pas été sa surprise de recevoir récemment de la part de ce client potentiel, le dernier tract du « corbeau » annexé à une demande d’explications. Bref, il semble bien que non contents de visiter au cours de l’été 2006 l’ordinateur où Colombo classait ses photos de famille, les baltringues de Kargus Consultants se soient également offert quelques visites nocturnes tout à fait récentes à son cabinet pour consulter ses dossiers à la lumière effilée d’une MagLite et relever les noms des futurs emmerdeurs de Vivendi…Fatal excès de zèle des visiteurs d’un soir… La maladresse du « corbeau » ouvre donc des horizons aux enquêteurs : D’une part il se tient très au fait de la liste des actionnaires de Vivendi regroupés sous la bannière de « Colombo », liste qu’il consulte à chaque échange de conclusions entre les avocats. De l’autre, il a même connaissance de correspondances stockées au cabinet de Maître Canoy, que ce dernier n’a pas encore rendues publiques.

Depuis cette découverte, « Colombo » aurait équipé son cabinet d’armes de détection massive. « Souriez vous êtes filmé » a-t-il ajouté avec humour comme message d’accueil de l’un de ses téléphones portables…  ?

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