Plouf, plouf, la campagne s’achève sans grande chevauchée nationale.
C’est la fin d’une non-campagne. Harassés – bien que passionnés – par près de deux ans de campagne présidentielle entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, les Français semblent regarder d’un peu loin ces élections municipales. Sauf chez eux, bien entendu.
Dans plus d’un village de France, dans plus d’un chef-lieu de canton, là où on peut voter pour son voisin sans qu’il soit candidat, que ce soit pour lui rendre service ou lui faire un cadeau empoisonné, là où on peut allègrement rayer des noms sur les listes (ça s’appelle « panacher ») pour pratiquer l’ouverture dans le secret des isoloirs, les micro-climats politiques locaux sont toujours aussi vifs.
Et les campagnes pleines de bruit et de fureur, de hargne, de coups bas et parfois de haine. Les sujets de préoccupation des Français à l’heure d’aller voter ? Le logement, l’environnement, les transports, la propreté, le nombre de places en crèche, l’aide aux personnes âgées et, loin derrière, la sécurité. Rien que de très raisonnable, rien que de très honorable. Quoi qu’il arrive et quelle que soit son étiquette, le maire reste et restera l’homme politique préféré des électeurs, et même le seul qui trouve grâce à leurs yeux : tous pourris, incompétents, corrompus… sauf mon maire à moi.
Mais il n’y a pas eu, pour le cru 2008 des municipales, de véritable engouement national. En 2001, la France avait regardé, un peu ébahie, le match à trois que s’étaient livrés à Paris Jean Tibéri, alors maire sortant, Philippe Séguin et Bertrand Delanoë. Cette fois, il n’y a pas de suspense à Paris, sauf celui de savoir avec qui, entre les deux tours (le Modem ? Ce qu’il restera des Verts ?), Delanoë décidera de diriger la capitale six années de plus. On sait bien que, du côté de la Canebière, la fièvre électorale est en train de monter très fort et que la réélection de Jean-Claude Gaudin comme une simple formalité n’est plus qu’un souvenir. A cause du découpage par secteurs (tripatouillé d’abord par Gaston Defferre, puis par Charles Pasqua, deux spécialistes des ciseaux électoraux) on peut, à Marseille comme à Paris et Lyon, être minoritaire en voix et majoritaire en sièges. Mais la passion n’a guère dépassé le Vieux Port.
Alors, ô surprise, c’est Neuilly-sur-Seine qui est devenue, le temps d’une campagne, d’un coup de poignard dans le dos et de l’éclosion d’un deuxième Sarkozy, la capitale de la France des municipales. La mise à l’écart de David Martinon, que sa mésaventure rendrait presque sympathique, restera comme un des grands moments de violence politique de ces dernières années. Il faut dire que Jean Sarkozy (finalement candidat seulement aux cantonales) a été à bonne école. Qui sortira des urnes, dimanche ou le suivant ?
Jean-Christophe Fromantin, l’UMP officiel ? Ou Arnaud Teullé, le dissident, que soutiennnent… la mère de Nicolas Sarkozy, « Dadu », et (tiens, tiens) Patrick Balkany, le voisin de Levallois. Que les Neuilléens se rassurent, toutefois : même s’il doit y avoir deux tours de scrutin – un séisme à Sarkozy Land – la droite gardera la ville. Ouf, on a failli avoir peur.
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Notamment les règlements de compte à Neuilly-sur-Seine, ici et là. Ainsi que d’autres belles histoires des Hauts-de-seine, sur le blog du 9-2 d’Hélène Constanty
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