Dédé Santini, par Issy les amis fayots

Issy-les-Moulineaux, ville de la petite couronne parisienne, vit sous l’autorité fidèle de son maire, André Santini (UMP), depuis près de 25 ans. Un bon maire. Car Dédé Santini accorde de bons traitements à des associations de loisirs et de voyages, qu’il est parvenu à transformer, à force de financement et d’entremise via le placement, à leur direction, de conseillers municipaux chouchous, en associations satellites de la mairie. Seul souci pour lui, les bichons gaspillent l’argent public versé par la mairie d’Issy.

Dédé la déconne

© Nardo

Parmi ses adjoints chouchoutés, figure une certaine Claire Guichard, la déléguée à l’Office de tourisme, une association qui a pour but la valorisation du patrimoine de la ville et l’organisation de voyages ; et à l’Imcal (Issy-les-Moulineaux, Culture, Animations, Loisirs), une autre association de loisirs et de voyages. Bizarrement, Madame Guichard est non seulement adjointe déléguée, mais aussi présidente ( !) de ces deux associations. Pourtant, l’Office comme l’Imcal sont censés être indépendants, puisque régis par la loi 1901.

Cumulards

Une indépendance mal assurée. D’autant moins que les deux associations bénéficient de subventions municipales conséquentes. A savoir, 243 000 euros chacune en 2008. Ce qui représente, pour l’Imcal, 95 % de son budget – le reste, autour de 12 000 euros, provenant des cotisations des adhérents. Et d’autant plus encore que comme adjointe, Mme Claire Guichard peut voter les subventions allouées aux associations, dont, pourquoi pas, celles qu’elle préside. Si, interrogée sur ce point, l’intéressée assure ne « pas prendre part au vote des délibérations », on peut par contre la soupçonner d’influencer les votants.

Toujours est-il qu’on imagine bien l’utilité, à la fois pour le maire et pour son adjointe, de cette fonction double. De là à soupçonner Mme Claire Guichard d’avoir été nommée directement par son Dédé Santini, il n’y a qu’un pas, à moitié franchi par Laurent Pieuchot, conseiller municipal socialiste, qui explique : « les représentants d’association, autrefois choisis par la Maison des associations, sont désormais désignés par le maire ». La nomination de Marie-Claude Bellon, la directrice de l’Imcal (qui cumule sa fonction avec celle de directrice de l’Office de tourisme) par la mairie ne fait, elle, aucun doute, puisque c’est le Règlement intérieur de l’Imcal lui-même qui l’indique : « Le directeur, nommé par la ville, a la charge administrative et de gestion de toutes les décisions émises par le Conseil d’administration ».

Claire Guichard n’est pas la seule à cumuler les fonctions associative et municipale. Un certain nombre de proches du maire, parmi lesquels des conseillers municipaux de la majorité, sont également présents à l’Imcal ou à l’Office de tourisme, comme salariés, bénévoles ou membres du conseil d’administration (CA) (voir encadré).

A l’image de Marie-Claude Bellon, directrice de l’Imcal et de l’Office de tourisme, qui a, plusieurs années durant, conseillé André Santini. Ce qui lui confère apparemment quelques droits, dont celui de demander expressément au maire un boulot pour le fils de son « ami » Jean-François Massiat (voir la lettre ci-dessous, datée du 9 février 2007).

Lettre à Santini

Un système pyramidal, invisible et malgré tout légal – les règles sur les associations étant très larges – et qui rappelle à Joseph Dion, conseiller municipal socialiste, « le fonctionnement général de la mairie d’Issy-les-Moulineaux ». Avec une faille toutefois, les heureux « élus » gaspillent l’argent des subventions municipales.

Gaspi

Les salariés et bénévoles de l’Imcal ne sont, en effet, pas toujours les mieux formés pour assumer leur poste. Comme l’explique une ancienne employée de l’association : « Il est arrivé qu’on retrouve une ancienne hôtesse d’accueil de la mairie d’Issy à un poste clef de l’Imcal ». C’est sur la gestion de son argent que l’Imcal semble manquer particulièrement de compétences.

Malgré les 243 000 euros perçus en 2008 par la municipalité, l’ancienne présidente de l’Imcal, Mme Thérèse Becchia, a en effet demandé à Dédé cette année-là de lui donner un peu plus de sous, soit 33 000 euros supplémentaires.

Une demande a priori aberrante, mais que l’on saisit mieux quand on sait le mode de vie que Marie-Claude Bellon impute à son association : que ce soit pour les fournitures, les travaux et les spectacles, dame la directrice préfère s’adresser à des entreprises privées plutôt qu’aux services municipaux – alors même que l’association est largement financée par la mairie. Or, son prestataire favori, Business Club, n’est pas vraiment une entreprise à coûts bas.

L’affiche de la « sortie de printemps » – une sortie annuelle réservée aux plus de 60 ans –, réalisée par Business Club, a coûté à l’Imcal 2.565,42 euros.

Pour la brochure de présentation de l’Imcal, qui aurait pu coûter entre 1.500 et 3.000 euros, vus les tarifs couramment pratiqués, Business Plan Institute en a demandé 7.176 euros en 2008. En 2009, la maquette brochure Imcal voyages, quasi identique à celle de 2008, et réalisée par la même boîte, a coûté 4.975,36 euros à l’association. Plus l’achat de sifflets, 7.000 euros au total, pour une association qui compte 800 adhérents…

Facture de Business Club à l’Imcal pour sa brochure (2009)

Pourtant, c’est presque systématiquement que notre directrice fait appel à Business Club (pour la maquette du site internet de l’Imcal, celle de l’Office de tourisme, les deux maquettes de présentation des associations, les fournitures diverses comme les tracts et les affiches…). Il faut dire que le directeur de l’entreprise, M. Jean-François Massiat – « l’ami » pour lequel elle avait demandé un menu service au maire –, n’est pas vraiment un inconnu pour la directrice ; comme le montre un échange de mails, que Bakchich a dégoté, dans lequel Mme Bellon informe M. Massiat que le site internet de l’Imcal est sélectionné aux Trophées 2007. Et où elle en profite pour lui demander de l’accompagner à Montpellier.

Les rares fois où Marie-Claude Bellon ne fait pas appel à son « ami », elle ne choisit pas pour autant le prestataire le moins coûteux.

Aussi, pour animer l’assemblée générale annuelle de l’Imcal, la direction de l’association a fait venir le grand orchestre professionnel Tony Brams, venu spécialement du Lot. Un luxe rare ! D’autant plus que Tony Brams étant « aujourd’hui le chef d’orchestre le plus titré de sa génération », le groupe peut se permettre de pratiquer le prix fort. Soit 9.000 euros pour l’heure et demie de musique. [1]

Contrat d’engagement d’orchestre de variétés

Sans compter le prix du voyage de 30 musiciens, que l’association a dû rembourser. Pourtant, il existe un Conservatoire à Issy, où s’entraînent de jeunes musiciens certainement pas dépourvus de talent.

Appel à des prestataires extérieurs, ultra professionnels ou faisant quasi partie de la maison… L’Imcal coûte cher aux Isséens – qui ne profitent pas tous des concerts luxueux proposés par l’association, et de ses autres services, réservés aux adhérents. Une cherté qui garantie cependant à Dédé Santini un contrôle contestable mais légal de sa ville. Malin ce Dédé…

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