C’est le temps de rappeler les copains et de remémorer ses services. Marchiani joue à sauve-qui-peut et demande en même temps sa grâce, histoire de…
L’opération « Il faut sauver le soldat Marchiani », lancée au détour d’une question du journaliste Vincent Hervouët lors de la dernière intervention télévisée du bon président Sarkozy, s’accélère. Le parquet général de la cour d’appel de Paris a même transmis, en fin de semaine dernière à la Chancellerie, son dossier de recours en grâce, a-t-on appris hier au détour des dépêches d’agence. Une étape de plus de franchie pour éviter au préfet Jean-Charles Marchiani, alias le « préfet Boum-Boum », de passer par la case prison après sa condamnation à trois ans de prison ferme pour « trafic d’influence » dans le cadre d’un marché d’armement.
Et s’il en est un qui mérite la grâce c’est bien l’ami Jean-Charles, tant ce dernier a œuvré pour la France. Tout le monde le dit. Surtout les anciens otages français au Liban, « libérés » par Marchiani, qui était devenu, comme l’a déjà raconté Bakchich, un spécialiste du marché des otages…Les ex-captifs ont même pris le temps de commettre une tribune libre dans le Monde (10/5) et imploré sa seigneurerie Sarkozy de voler au secours de leur sauveur.
Un concert de bon sentiments auquel pourraient se joindre deux hommes à la longévité exceptionnelle et dont Sarko écoute bien souvent les conseils : le président gabonais Omar Bongo, et son fidèle derviche, l’avocat-intermédiaire Robert Bourgi, missi dominici ès Françafrique, tous deux en poste depuis des décennies. Et qui comme l’indique le courrier publié par Bakchich ont tous deux eu affaire avec le préfet Marchiani. Ou plutôt « à l’ami M. », ainsi qu’il est désigné dans la douce missive, datée du 20 octobre 1997, et faxée par Robert Bourgi à son « Papa Bongo ».
Et qu’apprend-on sous la leste plume de « Bob » ? Que « l’ami M. vous est acquis entièrement et comme vous le savez appartient aux Batékés d’Occident qui marchent main dans la main avec vous ». Comprendre que Marchiani est un fort proche de Charles Pasqua. Grand ami d’Omar Bongo, Môssieur Charles avait l’habitude de se surnommer « le Batéké des Hauts-de-Seine » - les Batékés étant l’ethnie du président gabonais- tant leurs visions politiques étaient proches…
Et l’ami M est si acquis à la cause d’Omar Bongo qu’il a dégotté pour « Papa » « 40 ouvriers spécialisés dans le tissage ». Sympa. « L’enveloppe globale des frais divers et des dépenses occasionnées par ces contrats » s’élève à « 194 000 dollars », soit environ « 1 160 000 francs français ou bien cent seize millions CFA », décrit un Bourgi jamais avare d’affabilité avec le président gabonais.
Ce qui fait quand même cher le tisseur… « Dans le jargon les tisseurs sont au choix des mercenaires, des agents d’influence, ou des personnes capables de faire des écoutes. Bref des barbouzes », a gentiment traduit à Bakchich, une veille concierge des palais africains. A ce prix-là évidemment, c’est presque bradé. Presque un cadeau à la famille. Les 40 mercenaires n’ont en effet que transité par le Gabon et Libreville, ont confirmé à Bakchich deux joyeux drilles de l’équipée. Leur destination finale n’était autre que le Congo-Brazzaville, fief du beau-père d’Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso, alors en pleine guerre civile.
Si Bongo se rappelle de ce geste commercial et familial, peut-être appuiera-t-il lui aussi l’opération « il faut sauver le soldat Marchiani ». La famille c’est sacré…
A lire ou relire sur Bakchich
Sur le préfet Marchiani
- Sur Robert Bourgi