Le préfet Boum-Boum a l’habitude de passer entre les gouttes des procédures aussi diverses qu’amusantes.
Homme de l’ombre s’il en est, même si parfois ses tenues sont un peu trop clinquantes, l’ami Jean-Charles n’ a pas attendu l’arrivée de Nicolas Sarkozy aux affaires pour solliciter des indulgences diverses. Quoique très marqué à droite, le soldat Marchiani n’hésitait pas à faire jouer de ses relations au sein de la fameuse cellule de l’Élysée – la garde rapprochée de François Mitterrand – pour faire sauter un simple PV de la route. Ainsi, en 1987, (nous sommes, en principe, au cœur de l’affrontement entre le chef de l’État et son Premier ministre Jacques Chirac), Marchiani se fait pincer sur une route de la Somme pour un « franchissement de bande blanche ». (Voir notre document ci-dessous).
D’aucuns, même sans bénéficier des fonds secrets, se seraient acquittés de l’amende, sans faire plus d’histoire. Mais, chez Jean-Charles, ça ne se passe pas comme cela. L’ami préfère saisir le Lieutenant de gendarmerie Guezou affecté à l’Élysée (aux écoutes téléphoniques comme aux « interventions »). Mis en cause, d’ailleurs fort injustement, dans le scandale des écoutes quelques années plus tard, ce gendarme trop intègre pour les fonctions qu’on lui avait confiées, s’est retrouvé pendu à un arbre dans son jardin. Jean-Charles, quoi qu’il en dise, lui ne va pas si mal…
En 2003, c’est le fisc qui a le toupet de s’intéresser aux ressources de cet ancien Préfet reconverti, élu du peuple au Parlement européen. Un siège qui assure à son bénéficiaire une immunité pénale en béton, mais, hélas, ne protège pas des foudres de l’inquisition fiscale. Cible de plusieurs procédures judiciaires au début des années 2000, et notamment celle conduite par le juge Courroye dans le dossier des ventes d’armes à l’Angola, Jean-Charles fait trop parler de lui dans les journaux où sont régulièrement évoquées des commissions faramineuses, des comptes en Suisse, e.t.c… Par l’odeur alléchée, la direction générale des impôts (DGI) se croit fondée à examiner d’un peu plus près le train de vie de l’eurodéputé-homme d’affaires. Une initiative qui ne passera pas l’été ! Ouverte en juillet en 2002, la vérification fiscale s’interrompt brutalement le 22 octobre suivant. Selon Le Monde (3 décembre 2003), suite à un oukase tombé de Bercy. Et le quotidien de préciser : « L’arrêt du contrôle fiscal qui le visait semble avoir été obtenu par M. Marchiani au prix d’un intense lobbying mené, depuis le début de l’année, auprès du ministère des finances. Il y aurait notamment – selon des sources internes à Bercy – rencontré, au mois de février, un membre du cabinet du ministre délégué au budget, Alain Lambert, qui exerce la tutelle sur la DGI. Interrogé par Le Monde mardi 2 décembre, M. Marchiani a contesté être “intervenu auprès de qui que ce soit”. “Je n’ai rencontré personne au cabinet de M. Lambert” , a-t-il assuré. “Je me suis contenté d’ouvrir mes comptes aux inspecteurs du fisc.” Commentant l’interruption de l’enquête fiscale sur ses avoirs – dont il dit n’être pas informé –, le député européen a ajouté : “De toute façon, je ne vois pas ce que l’administration pouvait faire d’autre : comme je l’ai toujours dit, mes comptes sont clairs”.
Si Jean-Charles l’a toujours dit et que tout est « clair » pourquoi, en effet, perdre du temps à vérifier ?
Pour compléter le portrait du préfet boum-boum, lire ou relire :