Les salariés des 6 raffineries de Total sont en grève illimitée. Pile poil, un livre éclairant sur le groupe vient de paraître.
Le pétrolier Total fait régulièrement parler de lui en deux circonstances : lors de la publication de ses faramineux résultats (on veut parler de ses profits : 7,8 milliards d’euros en 2009), une annonce coïncidant habituellement avec la notification de suppressions d’emplois.
La médiatisation des diverses atrocités perpétrées par la dictature birmane contre sa population rappelle épisodiquement que le pétrolier français est la perfusion financière de ce régime.
Pour l’image déplorable de Total, en ce début 2010, aux menaces de démantèlement des raffineries françaises de l’entreprise (cette activité mérite désormais la délocalisation) accompagnant les 8 milliards d’euros de bénéfices, vient s’ajouter la sortie du livre « TOTAL(e) Impunité ».
Il s’agit d’un catalogue des abus et dommages causés par le pétrolier entre autres aux populations birmanes, nigérianes, toulousaines (l’explosion d’AZF) , du littoral atlantique français (le naufrage de l’Erika).
L’auteur, Jean-Philippe Demont-Pierot ne mâche pas ses mots. Il démontre que les citoyens français (gros actionnaires de Total) sont lésés par le fait que cette société privée au poids démesuré soit considérée comme française et donc choyée par l’élite dirigeante du pays. En effet, Total, malgré son colossal bénéfice (14 milliards d’euros en 2008), ne paie quasiment aucun impôt sur les sociétés en France. Il est même d’emblée dispensé de l’éventuelle future taxe carbone, et comme toutes les entreprises, n’a plus de taxe locale à régler.
Demont-Pierot a aussi le mérite de mettre en lumière l’étroitesse des liens unissant notre actuel président, Nicolas Sarkozy, aux deux principaux actionnaires individuels de Total : le baron belge Albert Frère et le magnat canadien Paul Desmarais. Ces deux papys flingueurs octogénaires du capitalisme mondialisé étaient parmi les invités de marque de l’historique soirée du Fouquet’s, le 6 mai 2007.
Alors que la presse française est abreuvée de pleines pages publicitaires vantant la haute qualité environnementale des activités de Total, Demont-Pierot souligne que le pétrolier perpétue sans vergogne le torchage, une pratique particulièrement polluante et toxique qui consiste, par souci d’économie, à brûler imparfaitement le gaz associé à l’extraction des hydrocarbures liquides. Total serait le pétrolier qui, contrairement à ses engagements, fait le moins d’investissements pour récupérer ce gaz.
Jusqu’à présent, la publication de « Total(e) impunité » n’a guère été mentionnée dans les médias. Est-ce vraiment un hasard ?
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