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Quand le gouvernement Jospin faisait des affaires avec les copains du général Pinochet

Enquête sur la DCN (Vème partie) / lundi 7 juillet 2008 par Nicolas Beau, Maïté Labat, Laurent Léger
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Pour vendre des sous-marins au Chili en 1997, Jacques Chirac et Lionel Jospin ont laissé la Direction des constructions navales faire appel aux services d’un des conseillers les plus proches du général Pinochet. Et ce contrat juteux court encore !

À la fin de l’année 2006, le sous marin chilien « le Carrera » quittait le chantier espagnol de Carthagène en direction de Talcahuano au Chili. La construction du navire avait été le résultat d’une coopération fort réussie entre les Français de la Direction des Constructions Navales (DCN) et les Espagnols du groupe Navantia. Le sous-marin arrivait enfin à bon port après un périple de 8500 miles C’était le deuxième du genre livré aux Chiliens.

Les représentants de la France se sont montrés généreux avec les copains de Pinochet - JPG - 119.4 ko
Les représentants de la France se sont montrés généreux avec les copains de Pinochet
© Khalid

C’était au printemps 1997 qu’avait été signé ce contrat entre Français, Espagnols et Chiliens. En France, la fâcheuse dissolution de l’Assemblée Nationale par Chirac avait donné les rênes du gouvernement à Lionel Jospin et aux socialistes. Au Chili, le sympathique général Pinochet, qui avait organisé le coup d’état militaire sanglant contre Allende, n’était plus au pouvoir, mais était resté le chef d’Etat-major de l’Armée. Son influence était, comme on va le découvrir, encore considérable.

Deux consultants appelés à la rescousse

Les deux sous-marins livrés au Chili n’avaient jamais été expérimentés ailleurs. Dans ces conditions, le contrat fut particulièrement dur à arracher pour les Français et les Espagnols. Lesquels firent appel à deux consultants efficaces, du nom de Pedro Felix de Aguirre et de Francesco Muzard. Tous deux, pour leur efficacité présumée, touchèrent quelques gâteries, dont témoignent les deux contrats que Bakchich s’est procurés (voir ci dessous)

Le premier contrat de « consultant » est signé, le 8 avril 1997, entre un entrepreneur peu connu, Pedro Felix de Aguirre, et le vice-président de DCN International, Emmanuel Aris. Le premier touche 2% du montant de la vente de sous marins pour ses bons et loyaux services. - JPG - 568.5 ko
Le premier contrat de « consultant » est signé, le 8 avril 1997, entre un entrepreneur peu connu, Pedro Felix de Aguirre, et le vice-président de DCN International, Emmanuel Aris. Le premier touche 2% du montant de la vente de sous marins pour ses bons et loyaux services.
Le second contrat est signé, le 13 juin 1997, entre le vice président de DCN International Emmanuel Aris, et un certain Francisco Muzard, gratifié de 500000 dollars. Quelques jours auparavant, Lionel Jospin a été nommé Premier ministre par Jacques Chirac - JPG - 540.7 ko
Le second contrat est signé, le 13 juin 1997, entre le vice président de DCN International Emmanuel Aris, et un certain Francisco Muzard, gratifié de 500000 dollars. Quelques jours auparavant, Lionel Jospin a été nommé Premier ministre par Jacques Chirac

Bakchich a voulu en savoir plus sur ces deux entremetteurs. Le premier, Francisco Muzard , est le fils d’un gaulliste historique et reste encore aujourd’hui l’un des patrons de l’Ump en Amérique Latine. Plus intéressant est le parcours de Pedro Felix de Aguirre, un homme de l’ombre qui fut, jusqu’à l’arrestation de Pinochet à Londres, le fidèle d’entre les fidèles. Le pauvre Aguirre est aujourd’hui disparu, son fils, avocat, a repris la plupart de ses affaires.

Du vin, des armes et des commissions pour le financier préféré de Pinochet

Le visage de Pedro Felix de Aguirre Lamas est inconnu de la plupart des chiliens. Et il n’apparaît pas dans les fichiers de Google ou autres banques de données. Dès les années 80, l’ami Pedro Felix apparaît dans plusieurs sociétés dont la famille de Pinochet est partie prenante ; on y trouve aussi des officiers importants de la « Fuerza Aerea » (Forces aériennes chiliennes). Pendant la dictature, De Aguirre s’enrichit dans la vigne et les armes, comme le décrit le journaliste d’El Pais, Ernesto Ekaiser, dans son livre Moi Augusto. Pedro Felix de Aguirre était particulièrement proche de Lucia Pinochet, la fille aînée d’Augusto, ainsi que de l’épouse, l’avenante « Dona Lucia ». Rien de nature à troubler, apparemment, nos officiers de la DCN qui prirent langue avec lui.

C’est lui qui fit quelques enquêtes discrètes pour le compte de Pinochet sur le degré d’avancement des enquêtes des juges espagnols sur le compte du bon général. Il tenta de convaincre Pinochet qu’il devait s’entretenir avec le magistrat espagnol Garcia Castellon, un conservateur qui était prêt à classer le dossier Ce que l’ancien dictateur ne fit pas.

Les secrets que cet entrepreneur et ami de la famille connaissait sur la fortune des Pinochet ont intéressé un moment les deux juges chiliens Sergio Munoz et Juan Guzman. Ces deux là auraient du s’intéresser de plus près aux secrets de la DCN Internationale (DCNI).

Pedro Felix de Aguirre laissa de mauvais souvenirs à ses partenaires français. On le vit piquer une colère contre les cadres de la Canadian imperial bank of commerce (CIBC), qui travaillait pour la DCNI, appeler le siège à Toronto, tempêter et dénoncer les retards de paiements. « Un mal élevé », explique un gradé du ministère de la Défense.

Après les affaires, les affaires continuent

Depuis ce contrat chilien, d’autres sous marins du même type ont été vendus par les Français et les Espagnols : six à la Malaisie et deux à l’Inde. Or les intermédiaires Chiliens qui ont favorisé la vente des premiers sous marins sont intéressé à la vente des suivants, comme l’atteste un document confidentiel à en tète de la DCNI daté du 17 décembre 1997 et adressé au capitaine chilien Alejandro Herrmann Hartung. Il y est indiqué que pour chaque navire vendu à un autre pays, les Chiliens toucheront six millions de francs.

De quoi arrondir leur fin de mois, rien de plus. Comme on le verra demain mardi, l’époque bénie des gros contrats et des commissions rondelettes appartient bien au passé.

Intermédiaires : comment Barbie a aidé la France en Bolivie

En matière d’armement, la France a parfois fait appel à des intermédiaires très peu recommandables : le général Paul Aussaresses l’a constaté, comme il le raconte dans son dernier livre, Je n’ai pas tout dit (éditions du Rocher), dont les bonnes feuilles avaient été publiées par L’Express en avril dernier.

Le général au bandeau noir racontait comment, chargé par des firmes d’armement françaises de prospecter en Bolivie à la fin des années 1970 pour de nouveaux contrats, il était tombé à La Paz sur Klaus Barbie, l’ancien officier de la Gestapo, recherché par la justice. Ce dernier travaille avec les groupes de défense et fait son beurre comme intermédiaire. Révélations d’Aussaresses : « la France a livré une bonne quantité de canons à la Bolivie grâce aux bons offices de Klaus Barbie. Et Barbie a palpé une commission de la part de la France ». Et de conclure : « Je n’ai pas envie de me mettre mal avec le Giat (le constructeur de chars), mais ça, ce n’est pas bien ».

Si Aussaresses le dit !

Lire ou relire les quatre premiers volets de notre enquête :

Durant deux ans d’enquête préliminaire, les flics ont découvert à la Direction des constructions navales (DCN) les caisses noires des grands marchés d’armement français de ces dernières années. Pour l’instant, la justice qui vient de confier le dossier à (…)
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Ventes de frégates, sous-marins, torpilleurs et autres bateaux militaires : autant de marchés juteux signés par nos hommes politiques et les industriels, et dont « Bakchich » raconte les coulisses. La bagarre qui a déchiré la droite pour la (…)

Pour lire la traduction de cet article en espagnol sur Bakchich :

Para vender submarinos a Chile en 1997, el entonces Presidente Jacques Chirac y el Primer Ministro Lionel Jospin dejaron que la Dirección de Construcción Navales de Francia recurriera a los servicios pagados de uno de los consejeros más cercanos (…)

Pour lire la traduction en anglais de cet article sur Bakchich :

To sell submarines to Chile in 1997, Jacques Chirac and Lionel Jospin let the DCN call upon the services of one of General Pinochet’s closest consultant. And this juicy contract is still going (…)

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5 MESSAGES

Forum

  • Quan le gouvernement Jospin faisait des affaires avec les copains du général Pinochet
    le mardi 8 juillet 2008 à 06:57, michel a dit :
    de toute façons de tout temps l"argent n"a pas d"odeur et chez nous les politiciens de tout bords en connaisses un rayons
  • Quand le gouvernement Jospin faisait des affaires avec les copains du général Pinochet
    le lundi 7 juillet 2008 à 20:55
    Avez-vous pris la réaction de Jean-Marie Poimbeuf ancien directeur de DCN ?
  • Quand le gouvernement Jospin faisait des affaires avec les copains du général Pinochet
    le lundi 7 juillet 2008 à 19:22
    • Quand le gouvernement Jospin faisait des affaires avec les copains du général Pinochet
      le samedi 12 juillet 2008 à 13:21
      Absolument !
  • Quand le gouvernement Jospin faisait des affaires avec les copains du général Pinochet
    le lundi 7 juillet 2008 à 16:54, Phil2922 a dit :
    N’importe comment Jospin, il signait une pétition nationale contre la privatisation de France Télécom en 95. Quelques mois après, ce fut sa première privatisation (il y en a eu d’autres après…). Alors d’apprendre que son gouvernement faisait des affaires avec les copains de Pinochet en 97 ne me surprend pas, outre mesure. Juste la déception de penser que je devrais voter PS au second tour des présidentielles de 2012 pour essayer que "l’agité du bocal" ne fasse un second mandat. A moins que le nouveau parti de Besancenot ne dame le pion aux Socialos…allez, c’est les vacances, rêvons en écoutant le cri des mouettes et le bruit des vagues… !!
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