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CULTURE / CHRONIQUE CINÉMA

Les beaux gosses : les ados de Sattouf

Acné / mardi 16 juin 2009 par Marc Godin
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Les galères de deux adolescents boutonneux et obsédés. Le premier long-métrage d’un prodige de la BD, Riad Sattouf.

« Qu’est-ce que t’as avec ton slip, t’as un problème ou quoi ? ». C’est l’âge des appareils dentaires, des boutons d’acné bourgeonnant et des coupes de cheveux improbables. Soit Hervé et Camel, gentils puceaux de 14 ans qui aimeraient bien sortir avec des filles. Hervé, notre héros complexé, a un débit un peu lent, la mâchoire ballante et vit seul avec sa maman poule, une divorcée hystérique, obsédée par la masturbation frénétique de son fifils chéri (« Putain, on peut même plus se branler tranquille dans cette maison »). Avec son meilleur pote, Camel l’obsédé sexuel, Hervé travaille tout doucement à l’école, passe son temps à « philosopher sur les filles » (« Alors la langue et tout, la bave, comment tu fais, ça coule pas sur les côtés ? Ça fait pas des coulaisons ? » ), jouer de la guitare ou à se branler dans des chaussettes en matant les voisines de l’immeuble. Une vie d’ado, quoi.

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La Vie secrète des jeunes

Les Américains sont les grands pros du « teen movie » et des séries nullos comme American Pie sont prétextes à des festivals de gags obscènes et d’effeuillage d’actrices aux poitrines siliconées. Beurk. Plus récemment, Judd Apatow est venu dynamiter ce cinéma débile avec le formidable Super Grave, un film qui vaut beaucoup mieux que sa réputation et son langage ordurier. En France, les réalisateurs, et surtout les producteurs, aiment bien les ados. Avec un poil de vulgarité, de démagogie et beaucoup de chance, ils peuvent vite faire un carton : La Boum, A nous les petites Anglaises, la série des Sous-doués ou plus récemment ce LoL assez insignifiant avec Sophie Marceau.

Riad Sattouf, 31 ans, n’a pas du tout la même démarche. Auteur de BD, il a signé des albums décapants comme Retour au collège, Pascal Brutal, Manuel d’un puceau ou La Vie secrète des jeunes. Son film, le premier, s’ouvre sur un très gros plan, un baiser baveux entre deux ados (exactement la couverture de La Vie secrète des jeunes). Mais si Sattouf s’approche au plus près de ses sujets d’investigation, il n’est en rien un entomologiste fou. Comme dans ses BD, il se révèle un observateur fin de l’adolescence : les jeunes sont persuadés que 50 Cent est un personnage historique, s’astiquent frénétiquement sur un catalogue La Redoute vintage, fantasment sur la maman du copain, tentent de survivre aux râteaux à répétition, aux profs psychopathes, aux parents à la ramasse… Sattouf rit avec ses héros, jamais d’eux, et, très étonnement, filme le monde de leur point de vue, comme s’il avait toujours 14 ans. Ses ados sont affreux, sales et parfois méchants, mais ce sont de belles personnes en devenir, pas encore souillés par le monde des adultes et la médiocrité de la vie quotidienne. Excellent scénariste, Sattouf parvient à dire des choses profondes sur les affres de l’adolescence et jongle admirablement avec leur langage qu’il décrypte et réinvente. A contrario, il ne sait pas toujours lier les scènes entre elles et son film s’apparente parfois à une suite de sketches.

Caméra à hauteur de slip

Si Les Beaux gosses est une telle réussite, c’est également grâce à sa distribution. Tous débutants, ses jeunes héros sont bien sûr formidables de naturel et il émane d’eux une force comique invraisemblable. Pour épauler son cast, Sattouf a fait appel à quelques potes et des vedettes, dont la dessinatrice Marjane Satrapi, Valeria Golino, Emmanuelle Devos, Irène Jacob ou encore le cosmonaute français Jean-Pierre Haigner. Et surtout, il a offert le rôle de la mère dépressive qui déteste le rap (« Tu peux me baisser ta musique d’arabe, là ? ») à la cinéaste Noémie Lvovsky, bien meilleure actrice que réalisatrice. Pour cette performance électrique, c’est le César assuré ! Avec sa caméra à hauteur de slip, Sattouf a tout bon. Tout devient vrai, drôle, imparable.

C’est vulgaire mais réaliste, cruel mais également touchant. Plus fort, Sattouf situe son film dans une époque intemporelle, sans portable, ni ordinateur (il y a seulement une référence au site préféré de Camel, à savoir mamanchaudasse.com). Sattouf ne fait pas le portait de la jeunesse d’aujourd’hui, mais fixe à jamais cet instant délicat, universel, cette période terrible, insupportable, nommée adolescence où l’on est prisonnier d’un corps étrange, en devenir. Les Beaux gosses est bourré de moments de vérité, tendres ou durs, comme une carte postale sépia qui nous parviendrait directement de notre adolescence. Troublant.

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"Les Beaux gosses" de Riad Sattouf, avec Vincent Lacoste, Anthony Sonigo, Alice Tremolières, Noémie Lvovsky.

En salles le 10 juin


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