Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
CULTURE / CHRONIQUE CINÉMA

Persépolis : dith-Iran-bique

Cinéma / vendredi 29 juin 2007 par Guillaume Barou
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Difficile travail que celui du chroniqueur bakchichien dont la mission est de dire du mal, lorsqu’il se retrouve devant Persepolis. Devant des images sublimes, une histoire passionnante, des dialogues acérés, un doublage et une musique évidents… Marjane Satrapi, Vincent Parronaud (l’immense Winshluss) et toutes les petites mains qui ont travaillé sur ce film ont accouché d’une merveille.

Les bases sont connues, répétées avec enthousiasme dans toutes les gazettes : Persépolis est d’abord une tétralogie de bandes dessinées parues chez l’Association, le plus grand succès de cette grande maison. Elles racontent la jeunesse de l’auteur, celle d’une iranienne qui va vivre la révolution de 1979, la guerre contre l’Irak, un exil en Autriche, un retour au pays et une installation définitive en France. Un mélange d’autobiographie -le genre roi de la bédé indépendante- et d’Histoire, d’anecdotes pipi caca et de récits de tortures. À ce matériau solide s’ajoute le génie de Winshluss, un créateur d’atmosphères qui brasse des tonnes de références avec un mauvais goût et une légèreté qui forcent l’admiration. Dans le film, le mélange apparaît à chaque plan : les personnages tout en aplats noir et blanc de Marjane se meuvent dans des décors soigneusement texturés par Winshluss, un gris tramé conçu avec un de ses partenaires, Cizo, qui donne une matière unique à l’image.

Persépolis : Marjane manifeste

On ne fera pas à nouveau la liste des citations filmiques qui abreuvent Persepolis, du film noir au néoréalisme italien en passant par l’expressionnisme allemand. Notons plutôt une référence bien plus subtile, celle du chien de Frau Heller, manifestement redessiné par Parronaud, qui semble bien rappeler le célèbre Petit papa noël débile des Simpson. Et ce patchwork parfaitement cohérent se retrouve à chaque plan du film. Arabesques japonisantes, brumes étouffantes, jeu d’ombres chinoises, fondus années cinquante… un enchaînement incessant d’idées, de trouvailles, qui participent autant à atteindre l’universalité recherchée par les créateurs qu’à créer un rythme survolté et jubilatoire. L’arrivée au pouvoir du Chah et la généalogie familiale racontées par le père de Marji ou les scènes qui échappent à la vue directe de la petite fille deviennent ainsi des mini récits qui nourrissent ce rythme et créent chaque fois des surprises graphiques.

Ces décalages permanents définissent un ton très particulier et permettent d’intégrer le comique au cœur du drame. Quand Marjane, dépressive et en larmes, explique à sa grand mère qu’elle veut mettre fin à son jeune mariage, par exemple. Pendant que la délicieuse vieille dame indigne explique à sa petite fille qu’il ne s’agissait que d’un brouillon, cette dernière essuie une belle coulée de morve sur sa manche… Il faut dire aussi que la grand mère c’est Danielle Darrieux, Mme Satrapi Catherine Deneuve, et Marjane Chiara Mastroniani… Les choix sont toujours les bons.

Satrapi et Winshluss étaient deux des meilleurs auteurs de bédés de leur génération. En dessin animé, ils surplombent déjà la case Miyazaki.

Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Parronaud, sorti le 27 juin. Site internet (plein de choses intéressantes)

AFFICHER LES
9 MESSAGES

Forum

  • Persépolis : dith-Iran-bique
    le mardi 3 juillet 2007 à 18:04, nbb a dit :
    Surplomber Miyazaki ? Mais voyons : d’abord, on ne peut pas comparer, même si Miyazaki a souvent des petites filles comme héroïnes. Les histoires n’ont rien à voir, sans parler de la technique. Et bien sûr, Miyazaki n’a pas de BD comme origine de ses story-boards ! Miyazaki est un maître. Insurplombable.
    • Persépolis : dith-Iran-bique
      le mercredi 4 juillet 2007 à 10:16, Guillaume Barou a dit :
      D’abord, si, Miyazaki est d’abord un Mangaka, Nausicaa par exemple c’est d’abord un manga. Ensuite, bon, je me suis un peu laissé aller, je voulais dire qu’avec une première œuvre, et même si comme vous dîtes les deux ne sont pas très comparables, Satrapi et Winshluss étaient entrés dans la cour des grands. Mais je braille alternativement, à tue tête, l’Eye of the tiger remixé et Totoro totooooro…
      • Persépolis : dith-Iran-bique
        le jeudi 5 juillet 2007 à 01:18, nbb a dit :
        Oui, c’est certainement pas mal comme première oeuvre mais Satrapi n’est pas cinéaste. Et Nausicaa pas l’exemple-clé résumant la carrière de Hayao Miyazaki, on est d’accord :) oui, bon, le eye of the tiger remixé, c’est extrêmement mimi, mais j’ai peur qu’on sombre dans le "oooh cette pauv’ ptite iranienne,qu’est-ce qu’elle est chouette pour tout ce qu’elle endure" :p J’espère qu’on ne se laisse pas emporter par ce courant-là..
        • Persépolis : dith-Iran-bique
          le jeudi 5 juillet 2007 à 15:55, Guillaume Barou a dit :

          Nausicaa n’est certainement pas le meilleur Miyazaki (même si à mon goût il est très bon, je suis assez fan des Omus) mais je le pointais juste pour dire que Miyazaki était bien mangaka.

          Pour ce qui est du "pas mal" et du pas cinéaste, c’est là que je peux être le moins d’accord : avec le boulot qu’ils ont fait, Winshluss (loué soit son nom) et Marjane ont précisément fait du cinéma, et du très bon. Après, vous êtes libre de ne pas aimer hein, mais cette considération n’a aucun rapport avec le "pauvre petite iranienne". On peut cependant apprécier l’émotion dégagée par le film sans être piégé dans cette dernière posture, et là, finalement, la comparaison avec Miyazaki fait sens au vu du parralélisme de l’héroïne tourmentée. Même si c’est plus trash dans Persépolis.

  • Persépolis : dith-Iran-bique
    le dimanche 1er juillet 2007 à 15:13
    Dans un style complètement différent mais hilarant, on peut lire "monsieur ferraille" par winshluss et cizo edité par les requins marteaux.
    • Persépolis : dith-Iran-bique
      le dimanche 1er juillet 2007 à 16:11, Guillaume Barou a dit :
      Et dont l’auteur de cet article est un fan absolu, ce qui doit d’ailleurs un peu se voir…
  • Persépolis : dith-Iran-bique
    le samedi 30 juin 2007 à 22:27
    sauf que certains disent que c’est de la propagande orchestree par les mollahs, et ils ont l’air crédibles… voir iran-resist…tout ceci est affreusement compliqué.
    • Persépolis : dith-Iran-bique
      le dimanche 1er juillet 2007 à 14:41, Guillaume Barou a dit :
      Les pro-chah de Iran resist ont des arguments spécieux et très facilement démontables. L’iran et le Moyen-Orient sont très compliqués, pas les argument de IR.
  • Persépolis : dith-Iran-bique
    le samedi 30 juin 2007 à 16:52, Théo a dit :
    Iran bien ce film, oui. Emballé je suis.
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte