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Tonnerre sous les tropiques

Comédie / mardi 14 octobre 2008 par Marc Godin
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Cinq comédiens ahuris ou drogués tournent un film de guerre au fin fond de la jungle. Une comédie régressive et vulgaire, donc absolument épatante, tricotée par Ben Stiller.

« J’ai été un méchant garçon, mon père ». Sur fond de musique d’Enigma, un prêtre et un jeune novice se regardent langoureusement et se tripotent les boules (de chapelet, je vous rassure). C’est l’intro, fracassante, vulgaire et imparable de « Tonnerre sous les tropiques », fausse bande-annonce (« L’Allée de Satan », sorte de « Brokeback » cureton) mais vrai début en fanfare de la comédie de l’année. On reprend. Soit cinq acteurs, has been, défoncés, égomaniaques ou simplement à côté de leurs Rangers, embauchés dans une grosse production hollywoodienne sur la guerre du Vietnam.

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En haut de l’affiche, Tugg Speedman (Ben Stiller), vedette en voie de disparition, genre star de films d’action musclés et décérébrés des années 80-90. Son personnage fétiche, « le Rôtisseur », sauve le monde de la glaciation polaire (« Qui a laissé le frigo ouvert ? »), deux énormes guns à la main. Jeff Portnoy (Jack Black) est quant à lui un comique lourdingue et gras du bide, un junkie qui se vautre dans des comédies pétomanes à la Eddie Murphy, où il incarne huit personnages différents qui ponctuent chacune de leurs répliques par un pet d’anthologie. Acteur studieux et fatigant, Kirk Lazarus (Robert Downey Jr.) s’affirme comme un adepte de la sacro-sainte Méthode : « Mec, je suis dans le personnage jusqu’au bonus DVD. » Ou encore : « Je ne lis pas les scripts. Ce sont les scripts qui me lisent. » Comédien australien insupportablement pompeux, il s’investit complètement dans les rôles (hello De Niro !) et pour décrocher son sixième Oscar, il se fait teindre la peau en noir pour incarner un Black. Alpa Chino (humour !), incarné par Brandon T. Jackson, est un gangsta rappeur fasciné par Scarface, un pur et dur qui se brade pour une pub, et Kevin Sandusky (Jay Baruchel) est le petit d’jeun de l’équipe, doté du charisme d’une huître et du Q.I. d’un bulot mort ! Cette fine équipe se retrouve bientôt au fond de la jungle pour tourner « le plus grand film de guerre de tous les temps ». Sur le set, c’est bien sûr la catastrophe et le réalisateur, l’épatant Steve Coogan (« 24 Hour Party People ») a une idée pour sauver son chef-d’œuvre en péril : lâcher ses acteurs débiles au cœur du Triangle d’or et les filmer en train d’affronter les dealers locaux pour une expérience de ciné-vérité du troisième type, quelque chose comme « Apocalypse Platoon » revu et corrigé par « Borat ».

Jack Black en slip

Acteur fétiche des frères Farrelly, Ben Stiller tourne aussi bien dans des comédies pour mômes (« La Nuit au musée ») que dans des films d’auteur (« La Famille Tenenbaum », le chef-d’œuvre de Wes Anderson) ou des dingueries comme « Mary à tout prix » (où il se coinçait les burnes dans la braguette, aie !) ou encore « Les Femmes de sa vie », petit bijou romantico-zoophile. Bref, Stiller, un des membres de la bande Will Ferrell, Jack Black et Owen Wilson, adepte de l’humour régressif pipi-caca-vomi, est quasiment un ami. Réalisateur attachant, il a tricoté au fil des années des comédies comme le très bizarroïde « Disjoncté », avec Jim Carrey, ou « Zoolander », parodie barrée sur le monde de la mode. Acteur, scénariste, réalisateur et producteur de ce « Tonnerre sous les tropiques », Stiller signe sa meilleure mise en scène à ce jour, épaulé par John Toll, le chef-op de Terrence Malick. Plus qu’une parodie de film de guerre avec explosions et napalm au petit matin, « Tonnerre » est surtout une machine de guerre qui vise Hollywood et ses vedettes narcissiques, ses réalisateurs serviles et ses techniciens ahuris. Méchant, politiquement incorrect, Stiller torche une belle mise en abyme avec un casting méticuleusement choisi et des acteurs qui jouent quasiment leur rôle : Downey incarne le bad boy à Oscars, Black le comique dépressif et Stiller la méga-star. Si Stiller se farcit la société du spectacle sans lubrifiant, il enchaîne également les séquences improbables et le gros n’importe quoi (Jack Black suce le sang d’une chauve-souris morte d’une overdose d’héroïne). Après un début en fanfare, son film accuse un vrai coup de mou narratif au bout d’une quarantaine de minutes. Néanmoins, Jack Black, vociférant la plupart du temps en slip, et Robert Downey Jr., qui semble constamment improviser, font le show, même lors des baisses de régime.

Handicapés , raclures bling-bling et scientologues

Si vous n’êtes pas encore dans le cinéma le plus proche, voici du lourd. Tout d’abord, vous devez savoir que l’association américaine de personnes souffrant de handicap (AAPD) a appelé en août dernier à boycotter « Tonnerre sous les tropiques », « horrible description de personnages handicapés ». Un film qui se moque des handicapés ne peut pas être tout à fait mauvais… L’autre attraction du film, c’est un producteur chauve, vulgaire, ventripotent, monstrueux, copie conforme d’Harvey Weinstein, le producteur de « Pulp Fiction ». Si cette raclure bling-bling vous semble familière, c’est qu’elle est interprétée par… Tom Cruise ! Et Tom, superstar fadasse dont l’unique ambition semble d’être de montrer ses petits bras musclés dans chacun de ses films, est absolument brillant. Il hérite des répliques les plus ordurières (« Je vais t’enfoncer mon poing tellement loin dans ton cul qu’à chaque fois que tu auras une idée, il faudra qu’elle passe à travers mon alliance »), tyrannise ses assistants (« singe sans couilles ») et se fend même d’une petite danse hip hop. A ce niveau de génie, on se dit que la Scientologie a du bon (je déconne) et on comprend que Tom, player ultra-malin dont la carrière s’étiole vu son comportement erratique et son prosélytisme scientologue (je me souviens que lors de la conférence de presse du « Dernier samouraï », il avait osé déclarer sans rire que « le bouddhisme est l’ancêtre de la Scientologie », et que pas un journaliste n’avait moufté, trop occupé à mendier un autographe !) se rachète une virginité pour le come-back de l’année. Alors Tom, arrête tes daubes crypto-PD et va tourner avec Judd Apatow ! Tout de suite !

« Tonnerre sous les tropiques » de et avec Ben Stiller, Jack Black, Robert Downey JR, Jay Baruchel, Nick Nolte, Steve Coogan. En salles le 15 octobre

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1 MESSAGES

Forum

  • Tonnerre sous les tropiques
    le jeudi 30 octobre 2008 à 14:02, nikos a dit :
    Le film est assez tordant effectivement par certains moments, Et cela faisait longtemps que je n’avais pas vu autant de gens sortir de la salle avant la fin, preuve en est du mauvais goût assumé. Une nuance toutefois, la fin, qui se finit comme tous les films américains par un happy end guimauve, où les héros se réalisent…
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