Légende anonyme et masquée de l’art urbain, le Britannique Banksy signe un premier film à son image : drôle, subversif, inclassable. Portrait de l’artiste en imposteur.
Banksy est une des légendes de l’art urbain. Originaire de Bristol, en Grande-Bretagne, il pose ses sublimes pochoirs – notamment des rats en goguette, des bobbies qui se roulent des gamelles ou des manifestants qui balancent des fleurs – sur les murs du monde entier.
Encore plus fort, ce punk situationniste accroche une Mona Lisa affublée d’un énorme smiley au Louvre, juste à côté de la Joconde, imprime des faux billets à l’effigie de Lady Di ou tague le mur de séparation entre la Palestine et Israël.
On ne connaît ni son visage ni son identité (il s’agirait en fait d’un certain Robin Gunningham), mais ses oeuvres, très difficiles à dénicher, se négocient autour de 300 000 dollars (227 000 euros environ)…
Le premier long-métrage de Banksy est à l’image de son créateur : brillant, provoc et drôle. Le film commence avec de stupéfiantes images d’archives des héros de l’art urbain, notamment Shepard « Obey » Fairey, D Face, Mr A, Miss Van ou Zeus. Puis Banksy, le visage dissimulé sous sa capuche, la voix déformée, va nous raconter une étrange fable.
Celle de Thierry Guetta, un Français allumé, cousin de Space Invader (quel heureux hasard !), serial filmeur qui ne lâche jamais sa petite caméra numérique. Guetta suit Banksy dans ses virées nocturnes mais se montre incapable de réaliser un film digne de ce nom. Banksy lui conseille alors d’arrêter le cinéma et de devenir un artiste de rue ! Guetta s’y colle et devient aussitôt, sous le pseudo de Mr Brainwash, une idole de l’art urbain.
On venait voir un film sur Banksy, on se retrouve pendant quatre-vingts minutes en compagnie d’un inconnu à moustache, débile léger devenu en quelques mois un pseudo-artiste à succès ! Il faut le voir déblatérer sur ses « oeuvres », avec son accent franchouille. Plus le film avance, plus on se doute que le film est un canular, un mockumentary, un « docu-menteur » à la Spinal Tap ou Borat. Et Guetta, alias Mr Brainwash, une création de Banksy lui-même.
Comme d’habitude, Banksy nous roule dans la farine, avance masqué et, au lieu du documentaire attendu, convenu, nous offre une satire hilarante de l’art contemporain égratignant aussi bien les collectionneurs que les stars comme Damien Hirst. Banksy fait du cinéma comme il fait ses tags : comme on balance un cocktail Molotov mais surtout avec un humour et une ironie qui auraient fait se gondoler Guy Debord. Et si Banksy venait de réaliser son chef-d’oeuvre ?
Megamind de Tom McGrath
DreamWorks aime la couleur. Et la 3D. Après l’ogre vert de Shrek, voici l’E.T. bleu, un faux méchant et vrai rigolo qui ne cherche qu’à se faire aimer des habitants de Metro City. Petite merveille, Megamind propose une succession de séquences de destruction massive, un humour décalé et une pléiade de vedettes pour les voix (Will Ferrell et Brad Pitt). Seul regret : le scénario parfois répétitif, pas vraiment à la hauteur d’un Pixar.
Les yeux de Julia de Guillem Morales
La bonne nouvelle de la semaine ! Un film fantastique espagnol, par l’équipe du formidable Orphelinat, où il est question d’une femme atteinte de cécité qui enquête sur la mort suspecte de sa soeur. Une oeuvre sulfureuse, mélodramatique et véritablement cauchemardesque.
Le narcisse noir (reprise) de Michael Powell
Simplement un des plus beaux films du monde, un mélo incroyable sur le désir féminin, avec l’Himalaya reconstitué en studio et dans un jardin anglais.
Un balcon sur la mer de Nicole Garcia
Je n’ai jamais été fan des films de Nicole Garcia, des trucs pas mal réalisés mais désincarnés, qui ne parlent de rien et ne disent rien. Bref, la « qualité française » dans toute son horreur. Un balcon sur la mer est l’aboutissement de ce cinéma en forme de cul-de-sac. Une histoire d’amour teintée de suspense, d’où la passion est évacuée et où Garcia étale sa culture. Le cinéma français crève de ces « oeuvres » prétentieuses, creuses, nombrilistes. Un des pires films de l’année.