Il y a eu de grands films, voire de très grands films en 2010, mais aussi des paquets de merdouilles, de nanars et de très mauvais films. Palmarès.
A lire avant ou après :
Un incroyable plan séquence au début – l’accident de scoot de Jean Dujardin – et puis plus rien pendant 2h30. Ou si, une bande de bourgeois décérébrés qui se vannent, font du ski nautique ou se posent des problèmes métaphysiques (« Serais-je une tapette ? »). C’est affligeant, mal écrit, mal joué (mention spéciale à Laurent Lafitte, sorte de Michel Lebb 2.0), affublé d’une morale pathétique (les gens du terroir, les gens simples connaissent les vraies valeurs et le sens de la vie) et d’un final lacrymal interminable. Y a-t-il encore un producteur en France qui lit les scénarios qu’il finance ? D’un autre côté, on me rétorquera que la « chose » a fait 5 millions d’entrées… On dit bravo, alors ?
Un polar de série, avec Leonardo, plein de coups de cymbale et d’effets numériques. Le truc que tu peux à la rigueur regarder un dimanche de déprime à la télé. Mais quand tu réalises que ce « truc » est signé du metteur en scène de Raging Bull ou Taxi Driver, tu te dis que Martin Scorsese n’est plus l’ombre de lui-même ou un mercenaire qui cherche à financer sa petite retraite. Ici, il pastiche Hitchcock et Jacques Tourneur pour un résultat pénible et impersonnel.
La « qualité française » dans toute son horreur. Une histoire d’amour sans passion, doublée d’un thriller an suspense prévisible. C’est prétentieux, creux et nombriliste, bref insoutenable. Un petit conseil à Jean Dujardin : si c’est le même agent qui t’a conseillé Lucky Luke, Le Bruit des glaçons, Ca$h, Un homme et son chien, Contre-enquête, L’Amour aux trousses, Brice de Nice et Un balcon sur la mer, Jeannot, fais-toi une faveur, vire cet incapable, tu vaux tellement mieux que ça !
Peter Jackson est le spécialiste des films Barnum, des gros puddings numériques comme Le Seigneur des anneaux ou King Kong. Avec Lovely Bones, il a voulu s’attaquer à un registre différent, plus intimiste. Le résultat est une catastrophe industrielle, Jackson se désintéressant de son sujet – une ado assassinée par un serial killer erre dans les limbes – pour faire mumuse avec des images 3D d’un au-delà new age rose bonbon, bercée par la musique de Brian Eno. Très con.
Laissé pour mort par des anciens associés, Jean Reno, truand « old school » avé l’assent, va se venger… Richard Berry cherche refaire Le Parrain, mais son film ressemble à un remake sadique et involontairement drôle du Grand pardon. Une horreur made in EuropaCorp. 100% nanar !
Comment Polanski, le génie qui a réalisé Répulsion ou Chinatown, peut-il filmer aussi platement, aussi télé cette histoire de nègre littéraire et de manuscrit volé ? Long, lent, douloureux : un vrai suppositoire cinématographique.
Le héros de Conan Doyle fait du karaté au ralenti, drogue son chien et arbore la tête décavée de Robert Downey Jr. Autant pour le scénario ! A la tête d’un budget de 100 millions de dollars, Guy Ritchie, le Tarantino du pauvre, se révèle incapable de torcher convenablement une seule scène et tente de masquer la nullité de la chose avec un déferlement de trucages numériques. D’une laideur et d’une bêtise insoutenables.
Sans aucun scénario, avec seulement deux pauvres séquences d’action (mal filmées), cet Iron Man 2 est simplement irregardable. On sait que le tournage d’un grand nombre de superproductions hollywoodiennes commence sans un scénario finalisé, mais là, ça dépasse tout ! Une seule chose à sauver de ce naufrage, la composition de ce bon vieux Mickey Rourke, impayable en méchant Russkoff.
Scénariste pour Dominique Moll et réalisateur de Qui a tué Bambi, Gilles Marchand raconte l’histoire d’un ado marseillais plein d’hormones qui s’adonne à un jeu en réseau, le Black Hole (ouh là là), où il fait la connaissance d’une énigmatique jeune femme. Marchand déshabille la pas très convaincante Louise Bourgoin et nous assène son message très important : Internet, c’est mal ! Merci Gilou !
Un pitch - Dujardin devise avec son cancer – et puis rien. Blier pastiche le Blier des années 70, l’inspiration en moins, Dujardin et Dupontel pastichent Depardieu et Dewaere, la lourdeur en plus. Comme il est dit dans les dialogues : « Des fois, c’est bien de la merde, des fois, c’est magnifique ». Ici, je pencherais pour la première option…
La pire déclaration de l’année. « On pleure pendant La Rafle parce que… on ne peut que pleurer. Sauf si on est un ’enfant gâté’ de l’époque, sauf si on se délecte du cynisme au cinéma, sauf si on considère que les émotions humaines sont une abomination ou une faiblesse. C’est du reste ce que pensait Hitler : que les émotions sont de la sensiblerie. Il est intéressant de voir que ces pisse-froid rejoignent Hitler en esprit, non ? En tout cas, s’il y a une guerre, je n’aimerais pas être dans la même tranchée que ceux qui trouvent qu’il y a ’trop’ d’émotion dans La Rafle. » Dans un « entretien » aux Années laser, la réalisatrice Rose Bosch, épouse du producteur Alain Goldman, compare les spectateurs ou les critiques qui n’ont pas aimé son film à Hitler. Un peu jaloux de l’intelligence de sa consœur, Luc Besson vient de déclarer à L’Express à propos de The Lady, son prochain long-métrage sur Aung San Suu Kyi : « Celui qui ne pleure pas devra consulter. » On en est là…
La pire reprise de l’année. Le Jour et la nuit, le « chef-d’œuvre » de BHL est sorti en DVD, avec un doc vibrant intitulé Autopsie d’un massacre, sur le génie de son créateur, pas vraiment reconnu par les méchants scribouillards (des jaloux, des nuls, « les puceaux de la critique parisienne »). Le film est toujours un big nanar boursouflé et c’est hilarant de voir BHL déclarer, sans rire, « Il y a très peu de défauts dans ce film ! ». Sans blague !
Bonjour tristesse… RIP Eric Rohmer, Claude Chabrol, Jean Rollin, Mario Monicelli, Dino de Laurentiis, Simone Valère, Julien Guiomar, Jill Clayburgh, Tony Curtis, Arthur Penn, Alain Corneau, Bruno Cremer, Cécile Aubry, Bernard Giraudeau, Laurent Terzieff, Dennis Hopper, Jean Simmons, Roy Ward Baker, Ingrid Pitt, Roger Pierre…
La réplique la plus classe de l’année :
« Il va dormir où ?
Dans son cul ! »
Une des magnifiques répliques signées Guillaume Canet pour Les Petits mouchoirs.
L’horreur de l’année. Arrêté le 1er mars dernier, libéré sous caution le 25 mai, le réalisateur iranien Jafar Panahi a été condamné à six ans de prison en décembre dernier. En outre le cinéaste de Sang et or et du Cercle a écopé de « 20 ans d’interdiction de réaliser des films, d’écrire toute sorte de scénarios, de voyager à l’étranger ainsi que d’accorder des interviews à la presse iranienne et étrangère. »
Je vous ai trouvé très dur avec Iron Man 2 ou Shutter Island, meme si pour le 2e, ce n’est pas le film de l’année non plus, et que Scorcese nous avait habitué a bien mieux…
Par contre, vous avez oublié le pire -selon moi- dans votre palmarès, Inception. Un scénario alambiqué au possible, mais ce n’est pas la complexité d’un scénario qui en fait la qualité… Une romance avec Di Caprio ou la fin est téléphonée dès le début, façon blockbuster, je crois que j’ai encore préféré Police Academy :p Un blockbuster sans saveur, ou finalement, Iron Man 2 était nettement plus divertissant, et au moins, avec Iron Man, ca présage que du bon pour Thor, et The Avenger, pourvu que les Avenger ne fassent pas de rêves, sinon, on va nous resservir le Di Caprio froid, et la, il va sérieusement nous rester sur l’estomac…
Concernant Iron Man, pour la suite de ses aventures, il faudrait conseiller à R. Downey Jr de "diminuer un peu les doses". Dans le premier, on pouvait apprécier ce trait de caractère du personnage, mais là ça devient vraiment inquiétant et lassant de le voir gesticuler et raconter n’importe quoi pendant 2h…
Cdlmt
L’intérêt, c’est simplement de faire un rapide bilan de l’année, pour les bons films et pour les nanars.
Pour aller plus loin, pour une critique, je vous conseille de (re)lire celle que j’ai écrite sur Shutter Island ou je développe sur les effets numériques ou sur un travelling particulièrement odieux.
Pour le reste…