Super Sarko, l’emprunté

Décidément très fort, Super Sarko : il peut annoncer dans un même souffle un “Grand emprunt” de 35 milliards d’euros qui va encore accroître l’endettement de la France et promettre de rétablir les finances publiques, qui sont un état tel que la France est sous la surveillance de la Commission européenne.

Notre hyper-président a donc demandé au ministre du Budget, le très riant Eric Woerth, “de regarder tout ce que nous pouvons faire rapidement pour réduire encore plus les dépenses courantes afin de respecter nos engagements européens”.

Attention, il ne s’agit pas de réduire les dépenses de Super Sarko. On sait qu’à peine élu il a augmenté son salaire de 170%, qu’il s’est fait attribuer une carte de crédit qu’il utilise abondamment au restaurant de l’hôtel Bristol (il faut dire que la cantine de l’Elysée est tellement médiocre) et qu’il a ordonné au ministère de la Défense l’acquisition d’un Airbus A330 pour remplacer son petit A319 afin de pouvoir rivaliser avec l’Air Force One de Barack Obama (et qu’importe si l’achat de cet appareil d’occasion et l’aménagement coûtent quelque 130 millions d’euros, selon des sources militaires).

On ne parle même pas de son addiction aux sondages (un tous les deux jours) qui coûte une petite fortune aux contribuables mais qui font le bonheur de conseillers comme Pierre Giacometti et Patrick Buisson. La situation de la France est tellement florissante que l’on va reprocher à Super Sarko de mener grand train.

C’est au gouvernement de résoudre la quadrature du cercle budgétaire. Mais attention, Super Sarko ne veut surtout pas, il l’a répété lundi, augmenter les impôts ou revenir sur le bouclier fiscal. Il ne faut pas désespérer les amis du Fouquet’s ni les donateurs du “Premier cercle” de l’UMP cornaqués par Woerth Eric, trésorier du parti présidentiel.

Petite question “stupide”, comme dirait l’intéressé, Woerth pourra-t-il proposer un plan de réduction des déficits sans augmenter les impôts alors que les Américains et les Anglais - qui sont d’affreux gauchistes, il est vrai - ont décidé d’alourdir la fiscalité des riches ?

Pratiquement tous les économistes pensent que la France n’a pas d’autre choix que d’alourdir la fiscalité dans les prochaines années. Ne pas augmenter les impôts des plus riches ne signifie pas qu’il ne peut pas y avoir d’augmentation d’impôts pour les autres.

Et dans ce domaine, Super Sarko s’est démené depuis 2007. Cet ennemi déclaré de l’impôt a multiplié les taxes : pour le RSA, sur les assurances et les mutuelles, taxe sur l’intéressement et la participation, sur les stock-options, sur les opérateurs mobiles et Internet, sur la publicité des télés privées , sur les ordinateurs sans oublier une hausse des franchises médicales et des cotisations retraite. Ces prélèvements rapportent pas loin de 10 milliards d’euros, selon diverses estimations.

Pas mal pour quelqu’un qui dit vouloir réduire les prélèvements obligatoires.

Et on peut vous révéler que de nouvelles taxes vont apparaître dans les prochains mois. Pour une raison simple : la dérive des dépenses n’est pratiquement plus contrôlable.

Le déficit budgétaire devrait dépasser 140 milliards d’euros (pas loin de 1.000 milliards de francs pour les nostalgiques) cette année et est prévu à 116 milliards en 2010. Sauf qu’en 2010, il y a le grand emprunt qui avait nécessiter de 22 milliards sur les marchés financiers, de quoi mettre le déficit à 138 milliards. Ce n’est qu’une prévision. Depuis 2007, aucune prévision en la matière n’a été respectée.

Ainsi, le gouvernement prévoyait un déficit de 41,7 milliards pour 2008 et le montant final a été de 65,9 milliards. Pour 2009, il tablait sur 103,8 milliards en intégrant le coût des dépenses engagées pour faire face à la crise.

Reste à savoir pendant combien d’années Super Sarko et ses ministres peuvent mettre sur le dos de la crise leur absence de gestion des finances publiques.

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