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Le temps de la révolution… agricole

Documentaire / jeudi 20 août 2009 par Gregory Salomonovitch
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Présenté dans le cadre des Etats généraux du documentaire de Lussas, Le Temps des Grâces, de Dominique Marchais, offre un regard engagé sur l’agriculture française et le rôle des paysans aujourd’hui en France.

Avec Le Temps des Grâces, Dominique Marchais réalise un tour de France des campagnes françaises et dresse un état accablant de l’agriculture moderne. Tour à tour, agriculteurs, éleveurs, microbiologistes, chercheurs, fonctionnaires, ainsi que l’excellent écrivain Pierre Bergounioux (voir extrait vidéo), apportent leur pierre à l’édifice de ce plaidoyer pour l’écologie.

Le Temps des Grâces de Dominique Marchais - JPG - 21.8 ko
Le Temps des Grâces de Dominique Marchais
(DR)

Au gré des rencontres de Dominique Marchais se dessine l’euphorie de la modernisation des techniques agricoles, initiée dans les années 50 et ses atouts dans l’amélioration des conditions de travail des ouvriers de la terre. Cette époque de grands desseins fait aujourd’hui place aux inquiétudes et à une certaine nostalgie d’acquis perdus, que ce soit en termes de savoir-faire ou de respect de la nature. L’exode rural et les difficultés financières ont mis fin aux exploitations à taille humaine pour faire place à d’immenses champs de plusieurs centaines d’hectares. On assiste alors à une rationalisation des productions au détriment de la biodiversité.

Le Temps des Grâces est bel et bien un appel à une prise de conscience, argumenté et justifié par des raisons tant sociales qu’économiques. Plus proche de Raymond Depardon que de Yann Arthus-Bertrand, Dominique Marchais donne la parole aux hommes et aux sensibilités, sans nous faire culpabiliser, mais en essayant de comprendre ce qui nous a amené à négliger notre terre.

Au cours de cette promenade dans les campagnes françaises, le réalisateur ne se contente pas de remonter le temps en évoquant un passé où l’homme vivait davantage au rythme de la nature, il se tourne aussi résolument vers l’avenir en rencontrant ceux qui, optimistes, se battent pour trouver des solutions pérennes.

La nature gêne par sa gratuité

En Champagne, Lydia et Claude Bourguignon, microbiologistes des sols, constatent chaque jour la dégradation des sols agricoles et viticoles. Les vignes qui autrefois vivaient une centaine d’années meurent aujourd’hui au bout de 20 à 25 années. Fait dommageable lorsque l’on sait qu’une vigne produit le meilleur raisin au bout d’une vingtaine d’années… Ici encore, pour un pays dont la renommée repose en partie sur le vin, le film révèle, à l’instar de Mondovino, une aberration économique. Quelle hypocrisie pour un pays comme la France, principal exportateur de vins, champagnes et autres produits d’appellations contrôlées, que de continuer à ruiner ses terres, matière première pour des productions de qualité, au détriment de son économie. Que penser également des formations des futurs agriculteurs à qui l’on apprend à doser des engrais sans chercher à comprendre qu’il existe des solutions naturelles - et gratuites, échappant par la même à toute source de profit -, par l’utilisation des microbes et la mise en place d’un écosystème naturel ?

Le Temps des Grâces est un constat dramatique, qui laisse néanmoins entrevoir de l’espoir. Ce documentaire interpelle les politiques mais surtout le citoyen, lorsque le pouvoir doit venir du bas, face aux lobbies de l’agro-alimentaire et à un État qui s’est laissé déposséder. C’est un hommage à la nature, aux campagnes françaises mais aussi un véritable appel à la prise de conscience. D’autant qu’à ces pratiques productivistes s’ajoute le changement climatique. Le 14 août dernier, une cinquantaine de viticulteurs, chefs cuisiniers, œnologues, ont signé un appel dans Le Monde pour une prise de conscience rapide des effets dommageables de ses facteurs sur la production viticole française.

Le film Le Temps des Grâces est programmé dans le cadre des Etats généraux du film documentaire qui se tiennent à Lussas, en Ardèche, du 16 au 22 août. Retrouvez plus d’informations sur le site internet consacré à cet événement.

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Le Temps des Grâces, réalisé par Dominique Marchais avec la participation de Stéphane Malandrin, Capricci Producion, 123’, 2009.

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  • Le temps de la révolution… agricole
    le dimanche 7 mars 2010 à 22:30, Galtié Alain-Claude a dit :

    Il faut voir à quel point les gens de la génération des "trente glorieuses", désormais retraités, ont été intoxiqués par la manipulation. Enfin, il faut relativiser : Le temps des grâces montre surtout des "exploitants" qui ont "réussi" à profiter de la ruine des autres. Eux sont restés, ont grossi, grossi et compté les faillites alentour, sans se poser de questions. Devenus ignorants en quelques dizaines d’années d’application scrupuleuse des modes d’emploi bancaires et industriels, ils n’ont pas grande conscience des conséquences de leur action. Aveuglés par les rendements croissants qu’ils attribuaient uniquement à la chimie et à la mécanisation, ils n’ont même pas encore compris qu’ils "réussissaient" en profitant de la richesse biologique léguée par les générations précédentes. Et en l’épuisant ! En tout cas, ils n’avoueront pas. Dommage que leur babillage ne soit pas contrebalancé par les témoignages de ceux qu’ils ont contribué à exclure de leurs métiers et de leurs campagnes. Le bilan du grand démembrement de la paysannerie vu par des exclus du système réfugiés en banlieue, avec des enfants en difficulté, aurait été plus intéressant. Cela, seul, mériterait une étude et un film.

    Là où l’on peut rejoindre le propos d’exploitants qui, à propos du vivant, parlent de "matière première", de "minerai", et ne voient dans les haies et les bosquets que des décorations paysagères, c’est sur le maintien des prix agricoles au plus bas niveau. Rappelons que ce fait, que les politiques font semblant de déplorer aujourd’hui, a été une orientation ouvertement décidée dès les débuts de la Cinquième République pour ruiner les campagnes, produire à outrance et exporter en ruinant les autres paysanneries. Une conception technocratique de la création de richesses par la dévitalisation généralisée, signée Louis Armand et Jacques Rueff (co-fondateur de la célèbre société du Mont Pèlerin). Tout le programme a été consciencieusement réalisé. Plus sur naufrage planetaire.

    Pour mesurer quel était l’objectif de la politique de déstructuration des sociétés paysannes et tout ce qui a été perdu : "Au cadran de mon clocher" de Maurice Genevoix

  • Le temps de la révolution… agricole
    le dimanche 23 août 2009 à 13:14, Nanou a dit :
    J’ai vu ce film aux états généraux, et j’ai été scotchée par le travail documentaire, la rigueur et la diversité des approches et des points de vue présentés qui ne sacrifient rien au sentimentalisme (comme pourrait le laisser croire l’extrait présenté). Je ne suis pas agricultrice, mais ça m’a interpellée, mon amie agronome a aussi été vivement intéressée. Les agriculteurs qui étaient dans la salle se sont manifestés pendant le débat suivant le film et s’y sont reconnus (pour ceux qui se sont exprimés)non sans émettre des critiques (c’est le but d’un documentaire aussi). A tous ceux qui pensent que c’est un film de "bobos" (comme j’ai pu le lire), je leur demande de le voir (d’ici septembre octobre je pense que ce sera possible) car vous ne perdrez pas votre temps. Il est très pointu et c’est parfois difficile a suivre pour ceux qui ne sont pas dans le monde agricole, mais le mérite de ce film et justement de ne pas simplifier un problème très complexe. Bravo à Dominique Marchais pour son travail rigoureux, il devrait être diffusé dans toutes les collèges et Lycées du pays.
  • Le temps de la révolution… agricole
    le samedi 22 août 2009 à 13:00, Jean Francois 22 a dit :
    Quelle affreuse diatribe que tout cela, mais malheureusement de notre époque… Juste pour vous dire que les agriculteurs "ecolos" font des enfants agriculteurs "ecolos" oui cela arrive maintenant……….ils sont grands et suivent des études, et leurs parents vivent bien, si si Pas dans la Bausse subventionnée bien sur Aussi vous dire que ce qui bloque le développement du bio en France, c’est le foncier, tenu par des mains de fer de la FNSEA. Nous cherchons par tous les moyens à installer des agriculteurs non chimiques qui ont les débouchés déjà acquis, mais pour lesquels nous n’avons pas de terres Il y a là un gisement de travail colossal, et un réel espoir pour la planète Nous sommes à la disposition des agriculteurs pour étudier et accompagner leurs reconversions, de tous les agriculteurs, et de les mener vers des pratiques plus respectueuses qui leur permettront de transmettre leur patrimoine à leurs enfants dans un état équivalent à celui qu’ils ont reçu……….ce ne sont pas les groupes chimiques qui peuvent en dire autant Espoir
  • Le temps de la révolution… agricole
    le vendredi 21 août 2009 à 22:05
    Je ne partage pas tout à fait cette analyse du monde agricole d’aujourhui. Il existe encore, et je ne nous considére pas comme des amis d’Astérix, des agriculteurs avec des exploitations à taille humaine (Corrèze, Cantal) qui résonnent à la fois en terme de rentabilité et d’écologie (l’un ne pouvant pas aller sans l’autre à longue échéance). Nous bénéficions de formations mettant l’accent sur une gestion de l’herbe, des engrais, nous sommes tenus à des plans dépandages, des cahiers de fertilisations … Mais surtout nous sommes conscients de la place et de la fragilité de la nature dans la vie de l’homme. Je ne pense pas que nous méritions cette image négative qui fait de nous des êtres inconscients et cupides
  • Le temps de la révolution… agricole
    le jeudi 20 août 2009 à 09:57, janot a dit :
    j’ai vécu la guerre avec ses privationsjesuis devenu paysan on nous a demande de produire pour stopper la faim et supprimer les cartes de pain nous l’avons fait avec le progrés technologique malgré _une campagne de denigrement concernant les engrais et les pesticides ladurée de vie de la population augmente d’un trimestre chaque année.Les defenseurs du bio sont des bourgeois car qui sera capable de se payer un beefsteack a 20 euros ?qui va reprendre une binette pour sarcler les plantes au xxiéme siécle surement pas ceux qui préconise le bio on voudrait faire revenir l’agriculture a l’époque des serfs avec les outils a main que l’on ne s’étonne pas si tous les fils d’agriculteurs desertent les campagnes pour ne pas etre payé au smic aloors que ces messiurs sont bien au chaud davant leurs ordinateurs et payé le double avec une retraite le double des agriculteurs qui font plus de 50 heures par samaine et le dimanche non payé double la desertification a commencé et va vite seuls quelques marginaux feront du bio mais jamais leurs enfants ne continuront
    • Vous n’y êtes pas du tout je pense…
      le jeudi 20 août 2009 à 12:55, vinzoseerys a dit :
      Cher Janot, Si je lis correctement votre commentaire, vous êtes en train de dire, que le bio est l’apanage de bourgeois, et que nous ne sommes pas concerné par une nécessité de changer notre mode de vie… ça me semble être une version un peu simpliste… Je ne suis pas bourgeois, mais tout de même, et quand bien même ce serait le cas, ne trouvez-vous pas, qu’on a dépassé de loin, nos prérogatives ? De quel droit, vous permettez-vous de penser que laisser un telle planète avec tous ses problèmes, est une solution, à vos enfants. Je crois moi que ce débat, peut-être a-t-il pu être initié par des "bobos", mais maintenant, il s’est largement étendu à l’ensemble de la société. Et c’est bien que nous devenions de plus en plus nombreux à essayer d’abandonner cette logique de consommation effrénée pour, justement, essayer de prendre en compte, notre société dans ce qu’elle a de plus constitutionnelle, c’est à dire, l’homme ainsi que la femme…. Mais bon, peut-être qu’il vous est égal de constater la direction insensée que nous prenons, sans avoir la moindre réaction, mais certainement pas moi…
    • Le temps de la révolution… agricole
      le dimanche 18 octobre 2009 à 21:36, Gérard a dit :
      Monsieur Janot je vous invite vraiment à voir également le film "cultivons la terre" là vous allez voir des paysans heureux, et qui parle de la beauté du métier de paysan ce film est un foisonnement de propositions alternatives, très concrètes et opérationnelles dans lesquelles chaque agriculteur peut se reconnaître. Ce sont des pratiques agricoles améliorées par la recherche scientifique, ou des innovations faites par des agriculteurs dans leurs champs. La lutte biologique, la sélection participative, le respect de la vie des sols, l’autonomie alimentaire des élevages, les circuits courts de commercialisation, sont autant de stratégies d’avenir. Agriculteurs et chercheurs s’allient pour illustrer et crédibiliser une vision nouvelle de l’agriculture où le progrès ne se situe plus dans une logique d’industrialisation, mais bien dans une approche sensible du monde vivant.
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