Dans les Alpes, le recul des glaciers est une réalité stupéfiante, les rapports s’empilent et les affaires continuent.
Ce n’est pas la peine d’aller dans l’Himalaya ou dans la cordillère des Andes. Tout près de chez nous, dans ces Alpes que l’on croyait immortelles, le dérèglement climatique est en train de bouleverser le paysage. Le recul des glaciers y est une réalité stupéfiante, les rapports s’empilent et les affaires continuent. Regardons de plus près l’étude du scientifique Michael Zemp, parue en juillet 2006 dans Geophysical Research Letters. Verdict : les glaciers des Alpes auraient perdu la moitié de leur surface depuis 1850. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que les glaciers sont des structures stables, dont la vie se compte en millénaires, parfois bien davantage.
Autre travail, datant, lui, de 2009. Le chercheur de l’université helvétique ETH – de Zurich – Martin Funk révèle que les glaciers suisses n’ont jamais autant fondu en cent cinquante ans. Au cours du seul été 2003, leur masse aurait perdu 3,5%, et 12% en dix ans. Les causes de ce fulgurant phénomène ne sont pas toutes connues. Comment comprendre pleinement la vie si complexe d’un glacier ? Mais on en sait bien assez comme ça. Les chutes de neige hivernales ont baissé, en une poignée de décennies, de 25%. Et les températures d’été, qui ne cessent de grimper, changent davantage de glace en davantage d’eau.
Et pourtant, rien. Avez-vous vu un seul responsable politique ou industriel lancer l’alerte générale ? entendu un responsable de station de ski, un champion de la glisse, un vieux montagnard mettre en cause le mode de gaspillage suicidaire qui est le nôtre ? Non pas. Mais le silence ne règne pas pour autant sur les pistes de là-haut. On entend partout le cliquetis des remontées mécaniques neuves, le bruit des échafaudages qu’on monte à la hâte pour ouvrir ou rénover de nouvelles stations de vacances, et les explosions des canons à neige, qui volent l’eau destinée aux vallées pour faire croire aux gogos que l’hiver est toujours là.
Or il n’est plus là. En tout cas, pas sous la forme qui fut la sienne. Tels les habitants de l’île de Pâques, coupant le dernier arbre avant de comprendre qu’ils ne pourraient plus tailler des pirogues, nous entendons croire au Père Noël des alpages et le suivre sur les pistes en sifflotant. Non ?
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Quelle audace !
Oser s’attaquer à nos indispensables sports d’hiver … qui contribuent largement à détruire et polluer la montagne.
Et qui altèrent sinon détruisent l’économie nationale et les services publics nationaux durant quelques semaines hivernales.
"Il y a le vital, le simplement normal (déjà quelque peu subjectif), le superflu (bien plus subjectif encore) et le luxe (sans commentaire). Et il y a plus d’un milliard de Terriens qui ne disposent pas du vital, alors/parce que quelques millions de Terriens n’appellent pas le superflu par son nom"