Dans une revue du CNRS, un chercheur s’acharne contre les militants anti-OGM qu’il voudrait plus durement condamner au pénal.
Un ami scientifique m’envoie le journal du CNRS. Le numéro 250, daté de novembre 2010. Une livraison probablement coûteuse, tout couleurs. Page 17, un papier signé Julien Bourdet, qui fait parler un directeur de recherche du CNRS, Yves Dessaux. Le sujet : les arrachages de plants d’OGM par ces écologistes qu’on appelle les « faucheurs volontaires ». Le titre : « Fauchage de vignes OGM, une perte pour la recherche ».
Le monsieur Yves Dessaux n’est pas content. Pour la raison que 70 pieds de vigne ont été arrachés près de Colmar, le 15 août, dans une parcelle expérimentale de l’Institut national de la recherche agronomique. Bien entendu, il en a parfaitement le droit. Mais ses arguments sont, quand on prend la peine de s’y arrêter, plutôt préoccupants pour la recherche scientifique. Il déclare, pour commencer : « Il y a un côté obscurantiste chez les faucheurs. Ils croient par principe que les OGM sont dangereux sans même chercher à savoir si c’est le cas. »
Passons sur le vieux procédé de décrédibilisation qui consiste à traiter celui qu’on veut atteindre d’obscurantiste. Chez certains scientifiques, ce mot suranné a encore de l’effet. Il y aurait les gens « éclairés » et ceux qui se traîneraient au fond des cavernes, dans le noir. Passons. Le reste est simplement une invention. La charte des faucheurs marque une opposition aux essais de plein champ et refuse l’utilisation alimentaire des OGM, mais accepte le principe de la recherche en milieu confiné. Les faucheurs sont donc pour la prudence, sachant qu’il est rigoureusement impossible de maîtriser la prolifération des OGM dans la nature, ne serait-ce que sous la forme de pollens portés par les vents.
Étrange Yves Dessaux, qui ne s’arrête pas en si bon chemin. Également auxiliaire de police et de justice, il ajoute cette phrase glaçante : « Mais les peines encourues par les faucheurs ne sont pas assez dissuasives pour protéger ces recherches. » Comme c’est gracieux ! Comme c’est élégant ! Avec de tels agents de l’État, l’avenir de nos belles prisons est assuré pour les siècles des siècles.
Au-delà, on notera qu’Yves Dessaux, ce qui est un comble, est très ignorant de l’état réel de la recherche sur les OGM. Le professeur Gilles-Éric Séralini a ainsi publié, en décembre 2009, des travaux accablants sur trois maïs OGM de Monsanto dans la revue International Journal of Biological Sciences. C’est peut-être obscurantiste, mais la recherche indépendante donne raison aux faucheurs. Pas à Yves Dessaux.
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Monsieur,
Je tombe par hasard sur votre article de « Bakchich » qui reprend un article auquel j’ai contribué et qui a été publié dans « le journal du CNRS », au sujet de l’arrachage de vignes transgéniques sur le site de l’INRA de Colmar.
La présentation que vous faites de l’article du journal du CNRS et des propos que j’y tiens est notablement tendancieuse ; je vous demande donc de publier cette lettre comme un droit de réponse à votre article.
En premier lieu, et contrairement à ce que vous écrivez, je ne « m’acharne pas contre les militants anti-OGM [que je] voudrais plus durement condamner au pénal ». Je ne fais que poser un simple constat. Il suffit effectivement de regarder les peines prononcées à l’encontre de faucheurs d’OGM végétaux et le nombre de ses actes pour constater que ces peines ne sont à l’évidence pas dissuasives. Si elles l’étaient, le nombre de ces actes diminuerait. Par ailleurs, il ne m’appartient pas de décider ou de dire ce que seraient des peines dissuasives. Je m’en suis d’ailleurs abstenu dans l’article que vous citez. Votre commentaire « Avec de tels agents de l’État, l’avenir de nos belles prisons est assuré pour les siècles des siècles » est donc tout à fait abusif. En revanche, et quelle que soit votre opinion, vous ne pouvez m’interdire d ?exprimer la mienne, ni d’effectuer le simple constat que je présentais plus haut.
Je souhaite, de plus, revenir sur une première remarque vous avez faite, au sujet du terme d’obscurantisme. Je confirme que ce terme s’applique particulièrement bien aux faucheurs qui ont détruit l’étude menée sur le site de l’INRA de Colmar. Pour mémoire, celle-ci s’inscrivait dans un contexte expérimental plus large, n’impliquant pas uniquement des variétés OGM. Plus précisément, les buts poursuivis visaient à :
a) évaluer l’intérêt agronomique et l’impact environnemental de la culture de porte-greffes transgéniques potentiellement résistants au virus du court-noué ;
b) évaluer l’intérêt agronomique d’approches fondées sur la lutte biologique ciblant les vers de terre vecteurs du virus (utilisation d ?espèces végétales, ou de produits d ?origine naturelle, nématicides) ;
c) évaluer l’intérêt agronomique d’approche fondée sur l’amélioration variétale classique reposant sur des croisements entre porte-greffe sensibles et résistants au virus.
Pour votre information, les protocoles expérimentaux de l’approche OGM avaient été discutés et validés avec plusieurs associations environnementalistes. De plus, les premiers résultats semblaient indiquer une efficacité limitée de cette approche OGM.
En détruisant cet essai, les faucheurs se sont opposés à l’acquisition et à la diffusion de connaissances et ont même propagé des affirmations dont la véracité n’est pour le moins pas démontrée, voire inexistante. Ils ont à l’évidence préféré le « croire » au « savoir ». Ce type d’action correspond parfaitement à la définition d’un obscurantiste telle que vous la trouverez dans plusieurs dictionnaires ou sur l’encyclopédie en ligne Wikipedia « Un obscurantiste est une personne qui prône et défend une attitude de négation du savoir, de restriction dans la diffusion d’une connaissance, ou de propagation de théories dont la fausseté est avérée ».
Vous-même avez d’ailleurs tenu des propos erronés concernant le risque de dispersion de pollen à partir des vignes OGM. En effet, seuls les porte-greffes étaient transgéniques, les cépages ne l’étaient pas. De plus, bien que le passage du transgène du porte-greffe vers le cépage soit très peu probable - mais peut-être pas impossible (1) - le protocole expérimental impliquait la suppression de toutes les inflorescences de telle sorte qu’aucun transfert du transgène par voie de pollen ne puisse se produire.
Enfin, votre dernier paragraphe m’a fait particulièrement sourire. Voilà à peu près une quinzaine d’années que j’étudie (ou tente d’étudier) l’impact de la culture d’OGM végétaux sur leur environnement et plus particulièrement sur leur environnement microbien. J’ai ainsi publié plusieurs articles sur le sujet dans lesquelles je rapporte dans certains cas un impact, et dans d’autres une apparente absence d ?impact. Je n’ai aucun lien avec des entreprises semencières ou de biotechnologie intéressées par la production de variétés OGM et n’ai subi de la part de ma tutelle (le CNRS) aucune pression pour orienter mes travaux dans un sens ou dans un autre. J’ai donc toujours travaillé de façon totalement indépendante et hors de tout conflit d’intérêts. Au vu de ce qui précède, vous comprendrez que je suis donc plutôt informé de l’état de la recherche sur les OGM. Je connais les travaux de G-E Séralini ; je connais aussi ceux des chercheurs des entreprises telles que Monsanto ou DuPont de Nemours. Le premier est un anti-OGM fervent et actif, les seconds sont rémunérés par des entreprises de biotechnologie. Vous comprendrez donc qu’à ces travaux susceptibles de présenter un ou plusieurs biais, je préfère ceux menés dans les laboratoires de recherche publique. Cette recherche est plus indépendante de pressions ou de préjugés que celles que mène G-E Séralini, ou que celle menée par les chercheurs des entreprises précitées.
Je terminerai sur un chiffre qui m’avait été donné voilà plusieurs années par un collègue de l’INRA et qui, peut être, vous fera réfléchir (on peut toujours l’espérer). Lorsque des entreprises de biotechnologie investissent 100 euros dans de la recherche-développement de variétés OGM, le secteur public investit 0,40 euro pour des études destinées à évaluer les conséquences de la culture de ces variétés. Celles-ci sont indispensables à la société dans son ensemble pour cerner précisément les « risques » liés à la culture de variétés OGM. Vous percevrez donc toute l’absurdité de l’action des faucheurs de Colmar, qui se sont montrés, paradoxalement à mon sens, des censeurs efficaces des travaux d’évaluation menés par les services publics et donc « quelque part » des auxiliaires zélés des entreprises de biotechnologie.
Je vous prie d’agréer Monsieur l’expression de mes salutations distinguées.
Yves Dessaux Directeur de recherches CNRS
(1) l’expérimentation aurait pu permettre de poursuivre les travaux en cours sur cette question qui n’ont pas révélé jusqu’à présent un tel passage
"Ils croient par principe que les OGM sont dangereux sans même chercher à savoir si c’est le cas."
Allez, on retourne :
"Ils croient par principe que les OGM sont inofensifs sans même avoir réellement cherché si c’est le cas."
http://www.maxisciences.com/ogm/ogm-dix-ans-de-recherches-publies-par-la-commission-europeenne_art11112.html
Quand on y connait rien en sciences, il vaut mieux ne pas prendre parti. Les faucheurs sortent effectivement des cavernes, ce sont les mêmes qui s’accrochaient à la terre plate ou qui luttaient contre l’invention de l’electricité !
Laissez les chercheurs faire leur travail…
http://www.pseudo-sciences.org/
Un site que je vous conseille si vous pensez que :
les ondes de téléphones mobiles et les antennes relais c’est bon pour la santé,
l’homéopathie c’est n’importe quoi. Rien ne vaut un bon médoc d’un bon labo,
le nucléaire c’est absolument sans danger,
le DDT ça tue les moustiques et en plus c’est bon pour la santé des enfants,
le rechauffement climatique c’est n’importe quoi, la preuve il neige,
les OGM ça devrait être obligatoire tellement ça va sauver l’humanité …
Les articles sont à mourir de rire tellement l’ombre des grandes industries s’étend sur le site au point qu’à la fin, on y voir presque plus …