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Là-haut, vers l’infini et au-delà

Pixar / mercredi 29 juillet 2009 par Marc Godin
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La drôle d’odyssée d’un papy ronchon et d’un jeune louveteau. Avec "Là-haut", Pixar s’envole au septième ciel.

Le cinéma d’animation 3D est devenu un business à sept zéros. Les records tombent les uns après les autres, le merchandising rapporte des tonnes de dollars et les studios comme Pixar, Blue Sky, Disney, Warner, DreamWorks, EuropaCorp (cherchez l’erreur) se livrent une vraie guerre numérique. Pour séduire les spectateurs de 7 à 777 ans, des scénaristes malins inventent des histoires farfelues avec des voitures vavavoum, des ogres pétomanes, des dinos énervés, des pandas fans de kung-fu ou des robots écolos. C’est plutôt sympa, très bon pour le tiroir-caisse et la plupart du temps, la qualité est au rendez-vous, même si l’on sent maintenant des signes d’essoufflement dus aux cadences infernales et à la multiplication des produits plus toujours très frais.

Un vieux schnock

C’est peu dire que j’ai halluciné quand j’ai découvert la star improbable de Là-haut. Gueule carrée, lunettes triple foyer, un gros pif tout rond : Carl Fredricksen est le sosie de Walter Matthau. Un vieux con, un vieux bougon, un vieux ronchon. Un vieux, quoi ! Si le cinéma n’aime pas les vieillards, le film d’animation les ignore superbement et j’ai peine à me souvenir d’un dessin animé dont le héros serait un croulant. Autant pour le merchandising et les happy meals

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Bref, Carl Fredricksen, 78 ans aux fraises, est un vieux schnock. Exclu du monde moderne, encerclé par les immeubles, il traîne dans sa vieille bicoque décrépie, ressasse ses souvenirs fanés, mâchouille son chagrin (sa femme est morte, le laissant seul, désespérément inapte au bonheur). N’ayant plus rien à attendre de la vie, il décide de réaliser le rêve de sa défunte épouse, soit de partir à la découverte de l’Amérique du sud. Il accroche alors des milliers de ballons multicolores à sa maison en bois, et s’envole dans le ciel, direction vers l’infini et au-delà… Il va faire un voyage épique avec un passager clandestin, Russell, boy-scout bouboule de 8 ans, et découvrir enfin la grande aventure : des paysages de rêve, un oiseau dingo, des chiens qui parlent, un zeppelin en folie, un explorateur psychopathe…

Dans les nuages, l’émotion

Dixième film de Pixar, avec un relief très fin et subtilement géré, Là-haut est le bébé de Pete Docter, réalisateur de Monstres & Cie, scénariste de Toy Story ou Wall E, et de Bob Peterson, scénariste de Nemo et Ratatouille. Délaissant la niaiserie et l’infantilisme de Kung fu panda ou L’Age de glace 3, nos deux pointures de Pixar alternent aventure, fantastique, gags déments à la Tex Avery, scènes d’action ultra-spectaculaires et même un hommage au film de Werner Herzog, Fitzcarraldo, avec notre vieux qui porte sa maison sur son dos à travers la jungle.

Encore plus fort, il me semble que les informaticiens de Pixar sont enfin parvenus à numériser la poésie qui faisait défaut à Ratatouille ou à Wall E. Comme chez Hayao Miyazaki, auquel Là-haut emprunte (vraiment) beaucoup, Docter & Peterson planent au-dessus des nuages, en apesanteur, évoquent des thèmes adultes et forts (critique du capitalisme, ode à la différence et surtout le deuil et son fardeau dont Fredricksen doit s’affranchir) et font souffler sur le film une émotion rare, une vraie poésie mélancolique. Une émotion qui culmine lors de la séquence du début qui, en cinq minutes chrono, résume soixante-dix années de la vie du héros arthritique : son enfance de garçon balourd, sa vie d’homme, sa rencontre et son mariage avec la douce et tendre Ellie, la mort de celle-ci, la solitude et la vieillesse…

C’est bouleversant, encore plus triste que Le Tombeau des lucioles, d’Isao Takahata, le pote de Miyazaki, soit le dessin animé le plus triste de tous les temps. Le film commence à peine, on tente de sécher ses larmes et d’essuyer ses grosses lunettes pour le relief, Là-haut peut décoller… Simplement magique.

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Histoire d’amour entre un petit garçon et une fillette poisson. Le meilleur Miyazaki depuis des lustres. Plongez !

« Là-haut » de Pete Docter et Bob Peterson

En salles le 29 juillet


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6 MESSAGES

Forum

  • Là-haut, vers l’infini et au-delà
    le mercredi 29 juillet 2009 à 08:40, Zug a dit :
    Magnifique film en effet. Mais l’analogie avec Miyazaki est assez saugrenue. On peut effectivement déceler certains motifs propres au japonais ici occidentalisés (exemple l’esprit d’aventure qui est ici littéralement matérialisé par le zeppelin Spirit of Adventure). Mais le propre de Miyazaki est de chercher à unir monde spirituel, mythologique avec la réalité des personnages, des mondes mitoyens dont le japonais renouvelle à chaque fois la cohabitation. Or ici, nous sommes en présence de parcours et de questionnement intimes (ceux de Carl et de Russel) qui se heurtent à un univers fantasmatique qui les aideront dans leur évolution mais dont ils se détacheront finalement. Une comparaison facile et un brin fainéante avec Miyazaki qui a été reprise dans de nombreuses critiques. Si Là-Haut entretient un rapport étroit avec un certain état d’esprit japonais, il faut plutôt s’intéresser à l’inédit DVD La Tour Au-Delà Des Nuages de Makoto Shinkai (sorti le 15 avril 2009 chez nous et en 2004 au Japon !). Les deux films entretenant une multitude de correspondances thématiques et structurelles. Pour avoir un aperçu de ce film magnifique qui complète admirablement Là-Haut : http://louvreuse.net/Critique/la-tour-au-dela-des-nuages.html
    • Là-haut, vers l’infini et au-delà
      le mercredi 29 juillet 2009 à 23:08, Marc Godin a dit :

      "L’analogie avec Miyazaki est assez saugrenue". Ah bon ? Une maison volante, des combats aériens spectaculaires et excitants, des personnages tourmentés qui rêvent d’ailleurs… Et cette bicoque en bois, emportée au gré du vent par des milliers de ballons, ça ne ressemble pas à l’auteur du Château dans le ciel. Même le réalisateur, Pete Docter, cite Miyazaki comme son influence principale… 

      En tout cas bravo pour votre petite pub pour l’article sur La Tour au-delà des nuages, écrit par… vous, comme c’est étrange

      • Là-haut, vers l’infini et au-delà
        le jeudi 30 juillet 2009 à 22:26, Zug a dit :
        Oui, désolé pour ce coup de pub intempestif mais les correspondances entre les deux oeuvres sont vraiment frappantes et comme je venais de publier cet article sur le site de L’Ouvreuse, j’ai trouvé que c’était une belle occasion. Remarquez que j’aurais très bien pu prendre un autre pseudo pour poster le commentaire où figurait le lien vers mon article. Je n’en aurait pas été l’auteur ,j’aurais tout de même mis le lien. Ouala, désolé tout ça.
      • Là-haut, vers l’infini et au-delà
        le vendredi 31 juillet 2009 à 10:11, Zug a dit :

        "Ah bon ? Une maison volante, des combats aériens spectaculaires et excitants, des personnages tourmentés qui rêvent d’ailleurs… Et cette bicoque en bois, emportée au gré du vent par des milliers de ballons, ça ne ressemble pas à l’auteur du Château dans le ciel. Même le réalisateur, Pete Docter, cite Miyazaki comme son influence principale… "

        je n’ai jamais dit que l’influence de Miyazaki ne se faisait pa ressentir mais il s’agit plus de la reprise de motifs que d’une vision partagée. Les ressemblances sont vraiment plus prégnantes si l’on considère La TOur Au-Delà Des Nuages. Okay, Pete Docter avoue lui-même s’être inspiré de Miyazaki mais déceler d’autres correspondances est aussi enrichissant, non ? Pourquoi se borner à ce que raconte le dossier de presse ? Quand je parlais d’une analogie saugrenue, c’est qu’elle est assez évidente et pas tellement pertinente dans le cas de Là-Haut. Okay, on peut lister les points communs formels mais dans la structure même ou le discours sur la recherche du bonheur, on retrouve beaucoup plus de Makoto Shinkai (qui a pu s’inspirer de Miyazaki, on est d’accord).

        • Là-haut, vers l’infini et au-delà
          le vendredi 31 juillet 2009 à 16:46, Zug a dit :
          Un commentaire antérieur a dernier ne semble pas avoir été posté. Pas grave, je ne faisais que m’excuser pour la pub intempestive de mon article publié sur le site de L’Ouvreuse. Il aurait été écrit par un autre, j’aurai tout de même fait suivre le lien. Ce n’était pas du tout une question d’égo, simplement de logique tant les 2 films partagent des points de vue similaires. Et comme mon papier sur La Tour Au-Delà Des Nuages a été mis en ligne le même jour de sortie que Là-Haut, l’occasion était trop belle… Ouala, désolé de m’être servi de votre espace, monsieur Godin comme une tribune "promotionnelle".
          • Là-haut, vers l’infini et au-delà
            le mardi 13 avril 2010 à 19:41, Lii a dit :
            Visiteuse de passage qui répond à ce petit débat. J’ai vu "Là haut" et également "La tour au delà des nuages"… et où est le rapport entre les deux films ? Le thème aérien, certes, l’histoire d’une vieille promesse… mais après ? Non, honnêtement, mettre en relation ces deux films est franchement capilo-tracté… En revanche, les motif miyazakiens se retrouvent à foison dans Là-haut mais honnêtement, ce film de Pixar, sans être mauvais, n’atteint pas l’état de grâce du réalisateur japonais…
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