Les studios Pixar, une société de production de Walt Disney, nous envoient sur Terre un gentil petit robot amoureux et écolo. Depuis sa sortie en salle mercredi 30 juillet, le nouveau film d’animation « Wall-E », du nom du héros en ferraille, est encensé par la critique. Mais avec son message écolo et sa critique du consumérisme, Pixar a-t-il joué la carte du subversif ou de l’opportunisme ?
Rarement on aura vu une presse aussi dithyrambique. Les critiques rivalisent de jeux de mots inédits (« Robot pour être vrai »), de superlatifs recherchés (« chef-d’œuvre », « joyau », « bijou », « merveilleux », « profond »…) et convoquent pèle-mêle Kubrick, Tati, Keaton ou Chaplin (cité copieusement par le réalisateur lui-même dans ses interviews).
C’est donc un peu fébrile que l’on visionne le nouveau bébé du studio Pixar, l’histoire du dernier robot sur une Terre morte, transformée en décharge géante. Programmé pour compacter encore et toujours les ordures que l’humanité a laissées dans sa fuite 700 ans plus tôt, le vaillant petit Wall-E bosse inlassablement, s’ennuie copieusement, fait ami-ami avec un cafard et regarde en boucle des extraits d’une comédie musicale en rêvant à l’âme sœur. Un jour, celle-ci se présente sous la forme d’une robote, EVE, carrossée et belle comme un iPod : Wall-E, plus humain que les humains, va en tomber éperdument amoureux…
Spécialiste des petites voitures rigolotes et rats cordon-bleu, Pixar plonge dans l’apocalypse et évoque le futur en cul-de-sac de « Je suis une légende » ou de « La Route » de Cormac McCarthy. Du lourd, donc, surtout pour une production en images de synthèse calibrées pour plaire au plus grand nombre. Mais Andrew Stanton, papa de « Nemo », est un vrai metteur en scène et la première demi-heure de son film, sombre, radicale, sans parole, est un grand morceau de pur cinéma et de cinéma pur. Tout n’est que mouvement, son, forme et vitesse, sublimé par une technique 3D que l’on oublie aussitôt. Plus étonnant, la tonalité écolo et le message sous-jacent font de « Wall-E » le film le plus subversif de Pixar. D’ailleurs les conservateurs américains ont qualifié ce nouveau film d’animation de « propagande gauchiste », appelant au boycott du film et des produits dérivés. C’est un poil exagéré, le message prophétique "Nous-sommes-au-bord-du-gouffre-mais-une-prise-de-conscience-globale-peut-encore-nous-sauver" étant plus maladroit et opportuniste que convaincant, surtout de la part d’un studio qui proposait une ode à l’automobile il y a seulement deux ans (remember « Cars » ?). De plus, si Pixar s’offre une critique du consumérisme moderne dans la deuxième partie avec ses humains obèses, sirotant du coca derrière leurs écrans, cela ne va pas empêcher la boîte de Steve Jobs d’inonder une nouvelle fois le monde avec leurs produits dérivés pour toucher le jackpot.
Drôle et malin, Wall-E remixe habilement les films de science-fiction des années 70, Love-Story et Une vérité qui dérange d’Al Gore. Un vrai film de synthèse, donc. Mais si les informaticiens de Pixar sont des génies de la forme et du pixel, ils ne sont pas encore parvenus à numériser l’émotion ou la poésie. N’est pas Chaplin qui veut.
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Quelques inexactitudes dans cet article, des titres de presse entre guillemets sans citer les auteurs… Rien de grandiose donc.
J’irais voir le film rapidement pour me faire une idée sur les 5 pages ( !) que lui a offert Libération mercredi dernier.
Pour finir, Pixar n’est plus la boîte de Steve Jobs mais fait maintenant partie de la maison Disney.
Et bien moi, je me suis reconnu dans le petit Wall-E : Amoureux transit, maladroit, collant, collectionneur de machins inutiles, et sentimental des chenilles aux antenes.
Wall-E m’a beaucoup plu car il a fait résonner ma fibre (optique) sentimentale. L’histoire est simple comme une émotion, belle comme un espoir.
Ce film est à voir, tout simplement, pour le plaisir d’être ému.
Pat