Tout pour "Démineurs" de Kathryn Bigelow ; trois prix techniques mineurs pour "Avatar" de James Cameron : retour sur la 82e cérémonie des Oscars.
Je vomissais la semaine dernière les César, cérémonie mortifère qui a consacré le superbe Un prophète, oublié les meilleurs films de l’année et exhibé la médiocrité crasse de notre production annuelle.
Un petit mot sur les Oscars qui ont vu la victoire que la grande Kathryn Bigelow (1, 82 m) et de son "Démineurs" sur James Cameron et son mastodonte 3D, "Avatar".
Si avec les César, on est dans télé dans ce qu’il y a de pire (humour Canal, gros plans des patrons de la chaîne, sketchs lourdauds…), avec les Oscars, on patauge également dans l’ennui existentiel, mais surtout dans le storytelling.
Je m’explique. Pendant des semaines, la presse nous a abreuvé d’articles et nous a raconté une belle histoire : celle de la lutte entre Kathryn Bigelow et son ex, James Cameron, qui ont été mariés entre 1989 et 1991. On ne parle pas cinéma (est-ce que cela intéresse encore quelqu’un ?), on est dans la commentaire people à la Voici ou Gala. On ressort le côté dictatorial de Cameron et l’on finit par dire que Bigelow, avec ses 11 millions de dollars de budget, est plus couillue, douée, que son richissime mari à la tête d’un budget de 500 millions, avant de pulvériser tous les records de recette. Le petit contre le gros, la femme émancipée contre le mari psychopathe, le talent contre le fric…
Inventée pour créer du suspense, vendre du papier et donner un peu de couleurs aux Oscars (les deux films étaient nommés neuf fois chacun), cette fausse polémique s’est terminée hier avant la victoire de Bigelow par K.O. : six récompenses (dont meilleur scénario, meilleure réalisation et meilleur film) pour "Démineurs" contre trois prix techniques mineurs (effets visuels, photographie, direction artistique) pour "Avatar".
A Bakchich, on aime beaucoup les deux films (voir nos papiers sur Démineurs et Avatar), deux des gros chocs de 2009 qui ont plus d’un point commun, deux expériences de cinéma, deux œuvres complètement immersives sur Pandora ou dans l’enfer irakien. Il me serait impossible de distribuer des bons points ou dire quel est le meilleur film des deux. J’ai juste l’impression que l’on a voté contre Cameron, plutôt que pour Bigelow, comme si l’on voulait lui faire payer son talent, son succès dément et sa mégalomanie légendaire. Cela me semble juste un peu dingue d’oublier de récompenser un cinéaste visionnaire qui vient d’inventer une nouvelle façon de faire des films à Hollywood…
Meilleur film : Démineurs
Meilleur réalisateur : Kathryn Bigelow, Démineurs
Meilleur acteur : Jeff Bridges, Crazy Heart
Meilleure actrice : Sandra Bullock, The Blind Side.
Meilleur acteur dans un second rôle : Christoph Waltz, Inglourious Basterds
Meilleure actrice dans un second rôle : Mo’Nique, Precious
Meilleur scénario original : Démineurs
Meilleure adaptation : Precious
Meilleure photo : Avatar
Meilleure direction artistique : Avatar
Meilleurs effets visuels : Avatar
Meilleurs costumes : The Young Victoria
Meilleur montage : Démineurs
Meilleur son : Démineurs
Meilleur montage sonore : Démineurs
Meilleurs maquillages : Star Trek
Meilleur film en langue étrangère : Dans ses yeux (Argentine)
Meilleur film d’animation : Là-haut
Meilleur court-métrage d’animation : Logorama
Meilleur documentaire : The Cove, la baie de la honte Meilleure musique originale : Michael Giacchino, Là-haut
Meilleure chanson : Ryan Bingham et T Bone Burnett, "The Weary Kind" pour Crazy Heart