D’après un scénario inédit de Jacques Tati, la nouvelle merveille du réalisateur des Triplettes de Belleville. Un film qui vous lave le regard. Et qui vous broie le coeur.
En 2003, Sylvain Chomet bricolait un bijou d’animation 2D à l’ancienne, les Triplettes de Belleville, une œuvre atypique, à l’humour fin et au graphisme baroque. C’était esthétiquement parfait, mais un poil désincarné.
Sept ans plus tard, Chomet revient avec un nouveau dessin animé. Dans ses bagages, une arme de destruction massive, un scénario inédit de Jacques Tati. Écrit entre 1956 et 1959, l’Illusionniste devait être son quatrième film. Mais Tati, qui s’était gravement brûlé lors de la scène du feu d’artifice des Vacances de Monsieur Hulot, s’est rendu compte qu’il n’arriverait pas à effectuer les tours de prestidigitation de son personnage avec sa main devenue raide. Il abandonne donc le projet…
Près de cinquante ans plus tard, sa fille offre le scénario à Chomet, qui découvre l’histoire d’un vieux magicien du music-hall obligé de présenter ses tours dans des lieux improbables. Dans un village écossais, il va faire la connaissance d’Alice, jeune fille encore plongée dans l’enfance. Elle décide de ne plus le quitter et ils partent à Édimbourg.
L’Illusionniste est le film de toutes les métamorphoses. Jacques Tati devient un personnage de dessin animé. La silhouette longiligne, le pantalon trop court, le geste précis mais le corps hésitant, le fantôme de Tati revient nous faire un petit coucou. C’est saisissant quand le personnage animé rencontre son double-acteur, le vrai Tati, dans un cinéma qui projette Jour de fête.
L’Illusionniste est également le récit d’une double métamorphose : celle d’une fillette qui va devenir une femme, et celle d’un homme qui se transforme en père. C’est absolument sublime, d’une grâce et d’une puissance absolues. La dernière métamorphose est celle de Sylvain Chomet : armé de ce script tombé du ciel, il se hisse au niveau de Miyazaki. Presque sans aucune parole, il fait naître l’émotion par un geste, un mouvement de caméra, un regard, un plan sur des nuages. Chomet ne recherche jamais la perfection ultraréaliste de la 3D. Sa 2D est imparfaite, comme la vie.
C’est un grand cinéaste : il vient de réaliser le meilleur film de Jacques Tati !
Les Moissons du ciel (reprise) de Terrence Malick
Alors qu’on n’en peut plus d’attendre Tree of Life, avec Brad Pitt et Sean Penn, voici l’un des chefs-d’oeuvre de Terrence Malick, en version restaurée. Il aura fallu un an de tournage dans les grandes plaines du Canada et deux ans de montage à Malick, qui essayait d’atteindre « la pureté d’une goutte d’eau qui tombe dans une flaque ». Suite à ce monument, Malick restera vingt ans sans tourner !
Air Doll de Kore-Eda Hirokazu
Cinéaste virtuose de Nobody knows ou de Still Walking, Kore-Eda revient avec cette histoire de poupée gonflable qui accède à la vie, projetée à Cannes en 2009. Un enchantement.
Les Mains libres de Brigitte Sy
Après un Prophète et Qu’un seul tienne…, un nouveau film de prison. Une œuvre intelligente, doublée d’une belle histoire d’amour avec ma chérie, la rayonnante Ronit Elkabetz.
Eyes of War de Danis Tanovic
Colin Farrell mène une drôle de carrière. Entre deux blockbusters ridicules style Alexandre, il tourne dans de petites productions épatantes. Après le génial Bons baisers de Bruges et une apparition en chanteur de country à queue-de-cheval dans Crazy Heart, le voici dans Eyes of War, un mélo sur les conséquences de la guerre où il est simplement sidérant.
L’Agence tous risques de Joe Carnahan
Qu’Hollywood se lance dans la version ciné de cette série télé en dit long sur une industrie à la ramasse qui ne jure plus que par les remakes, le relief ou les super-héros. Débile ! - M.G.
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