Les bébêtes de « Madagascar » reviennent sur grand écran, plus allumées que jamais. Une suite vraiment énoooorme.
La plupart de temps, les suites sont initiées par des producteurs cupides (pléonasme), écrites par des comptables incultes et réalisées par d’obscurs tâcherons qui ne rêvent que d’exploiter le filon et de refaire passer le spectateur à la caisse. Sauf exception, les suites n’ont donc pas grand-chose à voir avec le cinéma et pour des gros morceaux comme Mad Max 2, Le Parrain 2 ou L’Empire contre-attaque, combien de Shrek, Dents de la mer, Predator, Arme fatale, Terminator, 2010 (la suite de 2001 !), Rush Hour ou Pirate des Caraïbes. D’où la bonne surprise de ce Madagascar 2, toujours aussi malin, zinzin et irrévérencieux.
A l’origine, une idée lumineuse de Jeffrey Katzenberg, papa de Shrek, grand manitou de DreamWorks, qui a grandi à deux pas du zoo de Central Park, doublée d’un hommage burlesque à Tex Avery. Cinq cents millions de dollars plus tard, Eric Darnell (Fourmiz) et Tom McGrath (Le Grinch) retournent derrière leur clavier d’ordinateur et lâchent Alex le lion, Marty le zèbre, Gloria l’hippo sexy et Melman la girafe hypocondriaque au cœur de l’Afrique sauvage. Alex va y retrouver sa famille, Mary une tribu, Gloria et Melman, l’amouuuur… Une nouvelle fois, le scénario est prétexte à une avalanche de gags méchants, régressifs ou méchamment régressifs (les « lémuriens » adorent se mettre les doigts dans le nez, on tabasse les vieilles dames dans la bonne humeur…) et de clins d’œil référentiels (Le Roi Lion, les émissions style Survivor). Le rythme est infernal et le duo de réalisateurs semble n’avoir qu’un but : faire crever le spectateur. De rire !
Mission quasi accomplie avec une accumulation frénétique de péripéties, de personnages nouveaux et d’action. Une action si dense, si enlevée, que jamais on a le temps d’admirer la finesse de la 3D qui semble de nouveau avoir fait un bond qualitatif ahurissant. Techniquement, visuellement, esthétiquement, Madagascar 2 est fabuleux. Épaulés par le chef op’ de Guillermo Del Toro, les animateurs ont recréé une jungle démente, de sublimes nuages et des rivières de rêve. C’est la perfection, mais au-delà de la qualité numérique et des logiciels flambant neufs, il y a l’émotion. Comme chez Pixar, les informaticiens de DreamWorks arrivent à émouvoir avec leurs pixels, notamment lors de la scène de la capture du lionceau par les braconniers. Ces mecs sont des magiciens et des poètes.
Pour arriver à une identification avec une créature 3D, rien ne vaut un acteur, voire un très bon acteur : Mike Myers dans Shrek, Billy Crystal et John Goodman les deux héros de Monstres & Cie, Tom Hanks le Woody de Toy Story… Katzenberg le sait bien et pour Madagascar 2, il a mis la main à la poche : Ben Stiller, Chris Rock, Jada Pinkett Smith et David Schimmer s’en donnent à cœur joie, comme notre chouchou, Sacha Baron Cohen dans la fourrure du très allumé King Julian qui contamine de sa folie cet épisode. Sans oublier Cedric the Entertainer, le regretté Bernie Mac, Alec Baldwin ou Will. I. Am, génial en hippo libidineux et bas de plafond, j’ai nommé Moto Moto. Les voix françaises sont également épatantes, mention spéciale à Marina Foïs, José Garcia, Jean-Paul Rouve et Michaël Youn. Vous pourriez manquer un truc pareil ?
cher M. Godin,
Je vous lis avec attention. Jusqu’au bout, ma surprise allant croissant. Et, moi aussi, mon regard est attiré par la p’tite pub dans la marge. Du coup, je comprends mieux votre ligne éditoriale…
Si le distributeur de Max Payne avait mis lui aussi quelques euros dans votre marge, sans doute auriez-vous eu plus de mal à vous asseoir, mais je ne doute pas que vous seriez arrivé à lui trouver autant de grâces qu’à ce Madagascar-là. Pas honteux, certes, mais pas non plus digne des lauriers que vous lui tressez d’un ton que je veux croire artificiellement extatique.
Nous serons (au moins) d’accord sur un qualificatif : ce film est frénétique.
Mais ne contient pas une once de rythme.
Pour le reste, c’est un exercice paresseux et pas désagréable, qu’il est un peu excessif de comparer à Tex Avery, la plus courtisée des références dans les films d’animation récents (déjà, le court métrage de Pixar présenté avant Wall-e était en comparaison de l’Écureuil fou un rien arthritique).
Mais… un doute massaï… je lis, dans votre apologie du doublage… vous auriez vu 2 fois Madagascar 2 !!??!? En français et en anglais ?!??!!!? Quel professionnalisme ! Chapeau bas !
(Très) respectueusement vôtre,
S.
Trop cher Spino,
Comme vous, j’ai découvert ce matin sur le site le bandeau de pub Madagascar 2. Je peux vous assurer - ainsi qu’à notre ami internaute - que mon choix de traiter Madagascar n’est en rien dicté par le marketing de la Paramount. J’ai vu le film, je me suis vraiment marré du début à la fin, mes enfants ont adoré, je ne vois pas pourquoi je n’en parlerai pas. La Paramount ne m’a pas payé un aller-retour à L.A. pour passer la journée avec Jada Pinkett-Smith. Et ils ne pouvaient pas savoir que j’allais parler de leur film, encore moins dans ces termes, vu que j’ai pris la décision au dernier moment. J’avais envie d’écrire sur Délire Express, car j’adore Apatow, mais l’attachée de presse ne m’a jamais envoyé le carton des projections. Dur métier (celui d’attaché de presse j’entends). Pour les internautes qui pensent que je fais du publi-rédac avec Madagascar, regardez les confrères et leurs papiers sur Mesrine par exemple. Plein de kritiks effondrés à la fin de la projo et des bons papiers un mois plus tard. Et qu’est-ce qu’on lit : "Cassel est un bon acteur, il a pris 20 kilos". Vous appelez ça comment vous ? Mais bon, le cinéma français est en jeu avec les 44 millions d’euros de la chose ! On me reproche ma complaisance à propos de Madagascar, mais aussi que je suis trop dur, partial, j’en passe et des meilleures (lisez les commentaires) quand je rentre dans le lard de Mesrine (pouf, pouf !) ou des JaBac. Une critique, c’est subjectif. Vous êtes d’accord. Ou pas ! Ce n’est pas très important. Mais Bakchich est un véritable espace de liberté. Contrairement à la presse ciné dans son ensemble, les annonceurs ne nous dictent absolument nos choix. Et si un attaché de presse m’interdit de projo, je vois le film le mercredi de la sortie et je peux le chroniquer dans la semaine… Voilà.
Bien cher M. Godin,
Je prends acte de votre réponse (j’aime bien quand vous répondez, c’est souvent plus convaincant que vos critiques)
Votre emballement, éminemment subjectif, est on ne peu plus légitime.
Certes.
Mais à vous lire Madagascar 2 serait LE film d’animation de l’année, de la décennie, du (XXIè) siècle !!!
Est-ce bien raisonnable ?
bien à vous,
S.
ps1 : c’est pas gentil de dénoncer vos petits camarades couchés devant Mesrine
ps2 : quand même, se fader 2 fois Madascar 2, en anglais ET en français, c’est de la conscience professionnelle !!! Chapeau bas !