Fakir publie un reportage sur Jean-Charles Naouri, le PDG du groupe Casino. Ce dernier assigne le journal et lui réclame 75000€.
« Casino et son président, Monsieur Jean-Charles Naouri sont les victimes d’un véritable acharnement médiatique piloté par le journal Fakir. » Même pas une blague.
Le bimestriel contestataire, « fâché avec tout le monde ou presque », a reçu une assignation au tribunal. S’estimant diffamé, le boss du groupe de distribution réclame 75 000 euros de dommages et intérêts pour laver son honneur. Et faire taire un des rares plumitifs à s’intéresser à son impressionnant pedigree.
En 1994, Naouri achète le tiers du capital de Moulinex via son fond d’investissement Euris. Deux ans plus tard, le groupe d’électroménager licencie 2600 salariés. Le cours de l’action Moulinex bondit de 21% et Naouri revend ses parts, empochant une jolie plus-value de 55 millions d’euros. L’ancien directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy, ministre de l’Economie « socialiste » de 1984 à 1986, juge diffamatoire la relation de cause à effet…
Un rien susceptible, il n’apprécie pas non plus que la feuille de chou picarde raconte l’histoire de ces gérants de Petit Casino lessivés à force de travailler 70 heures par semaine pour 1000 euros mensuels. « Par contre, Naouri ne conteste pas le fait d’avoir été, aux côtés de Pierre Bérégovoy, l’homme qui a déréglementé la finance au profit des seuls actionnaires », jubile le fondateur de Fakir, François Ruffin.
Le très discret Naouri, idole des gazettes économiques et des news magazines BCBG, va peut-être devoir s’expliquer sur son parcours emblématique des années fric. Et tant pis si Fakir doit y laisser la peau. « On finirait sur une belle défaite », glisse joyeusement François Ruffin.
Jean-Charles Naouri ne s’est pas arrêté là. « Là-bas si j’y suis » (France Inter), qui a diffusé un reportage sur les méthodes de gestion employées par Naouri, à l’assemblée des actionnaires du groupe, a, elle, reçu deux assignations. L’une destinée à Daniel Mermet (producteur de l’émission), l’autre à François Ruffin (encore !). Le reportage de François Ruffin et Pascale Pascariello a été diffusé les 2 et 3 juin. Et s’intitule : « Dans notre génération, il a un QI vingt-cinq fois supérieur aux nôtres » (Alain Minc à propos de Jean-Charles Naouri). Naouri demande 50 000 euros à Radio France.
Pour écouter l’émission, cliquez ici
Chers lecteurs de ce blog,
quiconque a déjà croisé J.-C. Naouri a senti l’immense intelligence de cet homme ; tout serait simple si cet homme n’avait pas de coeur, il en a un très grand.
Je pourrais parier que ce qu’il connaît de tensions à vivre, dépasse de loin en loin ce que beaucoup, à leur mesure, connaissent de l’humanité.
Il faut dire ce qui est. Évidemment l’intelligence, même aussi prodigieuse, et l’intelligence du bien sont deux orientations différentes.