La BD « Marzi » nous plonge au coeur de la vie d’une jeune polonaise, issue d’une famille modeste dans les années 80.
Sylvain Savoia, dessinateur de la série Les Chroniques de Sillage a mis en images le récit autobiographique de Marzena Sowa, jeune femme qu’il a rencontrée lorsqu’elle étudiait à Paris. Sous son crayon, Marzi, nous emmène dans la Pologne de son enfance. Où l’on découvre la vie d’une fille, de 1984 à 1987, dans un pays troublé par une histoire chaotique.
L’auteur dit tout du quotidien de son amie. Un mélange d’école et d’excursions à la campagne, de catastrophe de Tchernobyl et de naissance de Solidarność. Scènes de vie quotidienne de familles modestes vivant dans les HLM dans la ville de Stalowa Huta – qui signifie littéralement « volonté d’acier » en français. Sortie de terre à partir de 1937, cette ville nouvelle se voulait le reflet de la grandeur de l’industrie polonaise pour le gouvernement communiste, comparable en bien des points à Nowa Huta, « nouvelle usine » un quartier de la banlieue de Cracovie, où Marzi allait parfois passer quelques jours chez sa tante.
Marzi grandit dans cette société où la population s’épie, se juge et parfois même se dénonce. Dans la Pologne des années 80, imprégnée de religion et ravagée par les pénuries et les luttes politiques. Où les interminables files d’attente pour acheter une ration de nourriture ou de l’essence, font partie du quotidien. Récit intime révélant ses joies et ses peurs, de la honte de traverser sa ville avec des rouleaux de papier toilette autour du cou, à sa phobie des araignées et son premier contact avec la mort lorsqu’elle perd son hamster. Ou encore l’incompréhension face à la pauvreté de sa famille : alors que d’autres enfants ont des Barbies, elle ne possède qu’une vieille poupée de chiffon.
Un témoignage à la fois insouciant et tellement mature, tantôt drôle, tantôt triste, toujours émouvant. À lire d’urgence en attendant la suite en automne prochain.
Marzi 1984-1987 : La Pologne vue par les yeux d’un enfant, Sylvain Savoia & Marzena Sowa, Dupuis, 2008, 25 euros.