Le 27 septembre, les Allemands se rendront aux urnes pour élire leurs députés. Avec une gauche aussi unie que son homologue française. Une voie royale pour le second mandat d’Angela Merkel.
Qui se promène dans les rues d’Allemagne ne peut y échapper : des affiches, placardées un peu partout, jusque sur les lampadaires, montrent les têtes des candidats qui se présentent aux élections législatives du 27 septembre, avec leur slogan de campagne. Qui, en revanche, suit les débats télévisés, lit la presse ou écoute la radio ne peut que s’étonner que les analyses et arguments de fond sur la sortie de crise fassent défaut. Et pourtant… ! Entre 1993 et 2007, le nombre d’intérimaires a été multiplié par 6, pour atteindre 731000 personnes. Les revenus bruts ont baissé de près de 5% entre 2002 et 2005. Conséquence : la pauvreté augmente. En 2005, un couple avec enfant sur 5 etait considéré comme pauvre, et 12,7% des 82,2 millions d’habitants étaient menacés de pauvreté ! (1)
Malgré cette paupérisation de la société, qui pourrait faire la Une des journaux et inquiéter les représentants politiques, la campagne est atone, ou monotone ! Il faut dire que, depuis 4 ans, la CDU (les chrétiens-démocrates, parti conservateur) et le SPD gouvernent ensemble et font cause commune sur la plupart des sujets : rachat d’Opel par Magna pour montrer qu’ils s’activent pour l’industrie, allongement de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans, développement du congé parental dans un pays qui connaît une diminution de sa fécondité, ou encore augmentation de la TVA de 16 à 19%. Pas très sociales, il faut le reconnaître.
De tous ces maux, un parti semble tirer profit, Die Linke, la gauche radicale, avec une critique féroce du capitalisme. Elle est née en 2007, actant la fusion électorale de 2005 entre le PDS et la WASG, le premier parti étant surtout implanté en Allemagne de l’Est, dont le représentant, Gregor Gysi, a facilité le rapprochement avec le second issu d’une scission du SPD provoquée par le départ fracassant d’Oskar Lafontaine du gouvernement. Devenus tous les deux les figures de proue du parti d’extrême gauche allemand, Gysi et Lafontaine rognent sur l’électorat du SPD, mené par Frank-Walter Steinmeier, actuel ministre des Affaires étrangères. Et celui des Verts allemands (Grünen) qui se sont effrités après avoir participé à la coalition « rouge-verte » du gouvernement Gerhard Schröder et l’envoi de troupes de la Bundeswehr en Afghanistan, rampant avec leur anti-militarisme fondateur. Et du même coup, faisant perdre une partie de leur base originelle dont certains intellectuels comme Elmar Altvater qui se retrouvent… à Die Linke.
Die Linke est donc un meelting-pot politique qui en fait sa principale faiblesse. Hormis les élections, le parti n’a pas de programme cadre car à aucun des Congrès, les membres n’ont réussi à s’accorder sur les points majeurs et les orientations précises à donner à leur politique. Il est divisé en interne sur les stratégies de gouvernement. Le SPD, parti des sociaux démocrates, l’a bien compris et sait en jouer au moment opportun. Refus d’une alliance nationale le 27 septembre prochain pour l’élection du Chancelier, accord gouvernemental là où c’est nécessaire pour conserver la majorité dans certains Länder. Et instrumentalisation du parti d’Oscar Lafontaine comme en Hesse, quand les rancœurs personnelles prennent le dessus sur les batailles politiques.
En face, la droite semble avoir le champ libre. L’actuelle chancelière Angela Merkel mène la bataille pour la CDU, en promettant une baisse d’impôts sur le revenu non loin des ambitions des libéraux du FDP, représentés par Guido Westerwelle.
Les 62,2 millions d’Allemands qui vont se rendre aux urnes, le 27 septembre, auront deux voix : l’une pour une liste de leur choix, l’autre pour un candidat comme le prévoit le système électoral allemand. Et même s’ils font gagner la « gauche » dans sa diversité, en accordant une voix pour Die Linke et l’autre pour le SPD, et bien, ces deux grands partis, eux, semblent aujourd’hui ne pas vouloir s’accorder pour espérer pouvoir gouverner.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Bonjour, Pierre,
Cet article est rempli de faits exacts et avérés.
En arrivant à la fin de cet article, une seule interrogation demeure : que souhaitiez-vous transmettre aux lecteurs ?
Cela reste un mystère. Pourriez-vous expliciter le pourquoi de cet excellent article ?
Merci à vous,
Bien cordialement,
Je trouve cet article très bien, mais une phrase me choque, parce qu´il faut calculer pour avoir une comparaison
á voir :
"En 2005, un couple avec enfant sur 5 etait considéré comme pauvre, et 12,7% des 82,2 millions d’habitants étaient menacés de pauvreté ! (1)"
donc - pour arriver à me faire une image je divise les 82 Mio d´habitants par trois et je compte 25 % du chiffre restant ? J´arrive à 6 Mio 8 - et pour l´autre donne j´arrive à 10 Mio 4 habitants.
Comme je suis une pauvre nulle en math - j´aimerais tout simplement dire, que c´est mieux de comparer les mêmes donnes, non ?
Die Linke n’a pas de programme ? Fichtre !
Vous devriez apporter des éléments et autres preuves tangibles au lieu de vous contenter de balancer des affirmations…